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Critique de Ethno


Il y a certains livres pour lesquels il faut se mettre en condition, et Stoner Road fait partie de ceux-là. Idéalement, un soleil de plomb est requis, une binouze (chaude ou froide peu importe), des clopes, des substances hallucinogènes et, bien sûr, un lecteur CD qui vous permettrait de passer du stoner rock.
Le stoner rock, pour ceux qui en sont restés à Sylvie Vartan ou Cloclo, est un courant musical qui puise sa source dans des groupes comme Black Sabbath. Ce style se décline en plusieurs branches et a vu apparaître un nombre important de piliers comme Kyuss ou Queen Of The Stone Age, entre autres. Généralement, dans les clips, les gars du groupe jouent en plein désert sous un soleil harassant et sur des amplis débranchés (forcement on est en plein désert). Vous observerez aussi, souvent, cet air absent sur le visage des musiciens, signe que les substances psychotropes ont effectué leurs montées et que le consommateur est momentanément sur la planète mars. Tout un programme.
Quoi qu'il en soit Julien Heylbroeck est un amoureux du genre, à tel point qu'il en a fait le centre de son roman.

Josh alias "Doc Défonce" s'est fait larguer par sa petite copine qui s'est barrée avec son meilleur pote. Bien décidé à reconquérir sa douce, il part en direction d'une générator party où celle-ci est sensée se trouver, mais après ingestion d'une trop forte de dose de came, il s'endort et se réveille le lendemain.
Seulement voilà, la petite teuf illégale a visiblement mal tourné et son ex reste introuvable. Commence alors un road trip enfiévré pour la retrouver.

J'aimerais attaquer cette chronique sur un point assez original du roman, le chapitrage. En effet, chaque chapitre du bouquin porte le nom d'une chanson afin d'orienter le lecteur vers une musique qui pourrait accompagner la lecture et par la même occasion, de faire découvrir cet univers musical à ceux qui ne le connaissent pas. Beaucoup de morceaux « classiques » sont passés en revue et constituent une bonne initiation, avec des groupes qui ont su faire évoluer le style. Une playlist est aussi présente à la fin du livre. Encore une fois, toutes les bases sont là et vous pourrez aisément vous la péter auprès de vos amis métalleux lors de vos prochaines conversations autour d'une mousse. Sinon, eh bien peut-être que ce roman sera pour vous le début d'une longue histoire d'amour avec le Stoner Rock.
Concernant le roman lui-même, il s'agit d'un road trip standard, au style simple et immersif. En effet, les pages se tournent les unes après les autres à tel point que le livre se trouve vite fini. Même si rien d'exceptionnel ne se dégage au niveau de l'écriture, l'auteur mise tout sur un rythme soutenu et une galerie de personnages bien fournie qui constitue le centre névralgique de ce Stoner Road sous acide. L'auteur parle de « freak » quand il décrit les personnages de son roman, mais ce n'est pas forcément le terme qui nous viendrait en premier (il s'applique cependant très bien à quelques uns). Il est vrai que chaque protagoniste possède une caractéristique particulière qui donne au roman une certaine diversité, mais un "freak" reste quand même une personne avec une particularité physique bien particulière. Ici, désolé, pas de foire aux monstres, simplement une belle bande d'allumés de la carafe bien caricaturaux. Durant son périple, Josh aura comme coéquipier un redneck des plus stéréotypé, mais pourtant attachant, qui deviendra son acolyte et avec qui il vagabondera au travers de bleds tous plus sordides les uns que les autres.
C'est dans cette quête chevaleresque façon Lancelot moderne (et bien tripée) que Josh sera amené à se battre contre des forces qui le dépassent de loin. le roman prend un tournant mystique halluciné qui colle parfaitement au trip de l'auteur. Comme dans toutes les quêtes, le héros doit souffrir et se sacrifier pour continuer à avancer et le pauvre Josh en prend vraiment plein la tronche du début à la fin.
Pour en revenir à la musique, Julien Heylbroeck met en relief beaucoup de choses qui font partie de "l'attitude" du fan de musique comme cette faculté toute naturelle à connaître les moindres détails de la vie d'un groupe, les dates, le nom des morceaux, etc. Stoner Road n'est ni plus ni moins qu'un roman écrit par un fan de musique pour les fans de musique, mais pas seulement. La volonté de faire voir les "backstage" est bien présente et il en révèle beaucoup sur le mode de vie et la façon de penser des gens du milieu. le néophyte en apprendra donc beaucoup, mais qu'il se rassure, la came ne fait pas forcement partie du quotidien du fan de stoner (quoi que...) ou de metal, même si l'auteur joue beaucoup avec les clichés présents dans le milieu. 


Mené tambour battant, sous un soleil ardent, Stoner Road est un roman qui aura le mérite de constituer un divertissement correct malgré ses défauts. L'auteur ne s'attarde pas assez sur certains problèmes mis en avant par le caractère si obtus du redneck (et de la plupart des Américains présents dans l'histoire). le racisme et l'intolérance, qui sont des thèmes récurrents dans le roman, sont survolés et on aurait aimé que l'auteur s'attarde plus sur les confrontations entre les deux personnages, ce qui dénote peut-être un problème de développement qui reste sommes toute très basique. Manque un poil de nuance pour sortir des personnages prisonniers d'eux même.
Malgré tout, Stoner Road vous donnera chaud, très chaud, et peut-être même qu'il vous donnera envie de "voyager", dans tous les sens du terme...
Zoskia


Lien : http://www.acheron-webzine.c..
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