Seabiscuit, c'est THE cheval de course aux États-Unis au début du vingtième siècle.
La légende de Seabiscuit, c'est son histoire qui nous est contée.
Qu'est-ce qui fait un bon livre ? de bons personnages ! Suffisant (selon moi) mais pas nécessaire. Suffisant parce que des bons personnages sont forcément bien écrits. Je veux dire que si la narration ou la structure était vraiment mauvaise, les personnages ne sembleraient pas bons je crois. Pas nécessaire parce que le livre peut reposer sur le suspense, sur l'ambiance, ou sur l'histoire tout simplement.
D'ailleurs ici l'histoire est essentielle, j'y reviendrai.
Tous les personnages sont extraordinaires : le propriétaire, sa femme, l'entraîneur, le jockey, l'autre jockey, le journaliste… et même le cheval !
Charles Howard, pour commencer, c'est un homme qui se laisse rencontrer par l'histoire. le gars qui a le nez pour sentir le sens du vent. Parti tout jeune les poches vides, il va se les remplir, et plutôt deux fois qu'une. Vendeur de bicyclettes, il parie sur l'automobile, lui pourtant passionné de chevaux, il sent bien que ceux-ci seront détrônés par ces nouveaux engins. Engins pas au point qu'il se propose dans un premier temps de réparer, coup de génie quand de nombreux conducteurs se trouvent démunis face à leur moyen de locomotion souvent en panne et souvent dangereux. Il fait donc fortune dans le domaine. Riche, populaire, comblé, il va être bousculé, mis à terre plutôt, par la perte d'un de ses fils, dans un accident.
Homme cassé, il va rencontrer une belle jeune femme, lumineuse, d'une grande générosité. Tous les deux ils se passionnent pour les courses et vont acquérir des chevaux. Pour cela, ils embauchent un entraîneur. A croire qu'ils ont choisi l'entraîneur le plus bizarre possible, du genre homme qui murmure à l'oreille des chevaux, et qui ne dit rien du tout à ses semblables. Sa caractéristique ? Prendre un cheval cabossé et le remettre d'aplomb. Les propriétaires confient à l'entraîneur le choix du cheval alors vous imaginez bien que le choix se porte sur un cheval atypique : il donnait l'impression de ne pas savoir marcher sans boiter, alors quand à courir… Reste à poser un jockey sur ce cheval et là, vous avez la pépite : un jeune déjà bien abîmé par la vie lui aussi. Parti gamin de chez lui, il n'arrive pas à vivre en montant à cheval au moment de la dépression, alors il boxe. Ce qui participe à le cabosser lui aussi. Il boxe mais il lit aussi et récite de la poésie.
Voilà, vous avez déjà de beaux ingrédients pour démarrer votre histoire. Bien d'autres seront ajoutés au cours de la dégustation.
On découvre le monde des cours au vingtième siècle, j'espère que ça n'a plus rien à voir aujourd'hui. Il faut imaginer que c'était un spectacle fédérateur, qui mobilisait les foules davantage que les plus grands maths de foot ou que les plus grands concerts d'aujourd'hui, en proportion. Alors une grande responsabilité reposait sur les épaules des jockeys. Avec le système des handicaps, les poids calculés pour donner plus de chances de gagner aux chevaux les moins forts, le poids des jockeys devait être calibré dans une fourchette très contrainte. Alors pour tenir le poids idéal, les jockeys s'abîmaient le corps à suer, s'affamaient avec des méthodes parfois extrêmes.
Le jockey de Seabiscuit, Red Pollard, ne déroge pas à la règle. Abîmé par la boxe, abîmé par les régimes à répétition, ce n'est pourtant que les moindres de ses ennuis. Ce gars est une sorte d'
invincible, un héros qui se relève de tout, toujours vivant quand il devrait être mort plusieurs fois.
Pour le cheval c'est pareil : il est là où on ne l'attend pas, il surprend, il bat des records, il soulève les foules. Alors qu'il ne paie pas de mine, qu'il a mauvais caractère et se blesse au pires moments.
Notez que ces deux là se ressemblent, le jockey et le cheval, ça participe forcément à l'attachement qu'on leur porte.
Alors un livre qui propose une histoire romanesque, c'est bien mais je vais vous dire ce qui est le plus extraordinaire ici : tout est vrai ! Tout ce qui est décrit ici est documenté. L'autrice s'est appuyé sur des articles de journaux d'époque, des actualités cinématographiques, de films, de témoignages de quelques gens encore vivants ayant vécu l'époque et sinon des descendants, d'articles de magazines.
Je dois admettre tout de même quelques longueurs, en particulier dans les descriptions des courses. Je pense que tout passionné de chevaux n'en sera pas gêné, pour les autres, ce sera peut-être un défaut.
Enfin, je veux rappeler qu'il existe un film avec Tobey Maguire et
Jeff Bridges. C'est peut-être la solution pour ceux qui ne supporteraient les longueurs du livre, mais je recommande de toute façon de voir ce film après lecture, car le réalisateur
Gary Ross a très bien adapté l'histoire, au prix de petits écarts avec la réalité, il lui a donné encore plus de force.
Pour conclure (enfin!), je reviens donc au livre, pour insister une dernière fois : les personnages sont émouvants, généreux et font du bien ; leur histoire remue les tripes et transfuse de l'empathie.
A lire et à voir !
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