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Critique de PauleGut


UNE FEMME À BERLIN est le témoignage d'une jeune anonyme trentenaire, écrit lors de l'entrée des Soviétiques dans la capitale allemande. Écrit quotidiennement entre le 20 avril et le 22 juin 1945, dans des cahiers d'écolier, dans une cave, à la lueur d'une bougie, ce journal a permis à l'auteur de survivre et de ne pas sombrer dans le désespoir et la folie.
L'HISTOIRE DU LIVRE
L'histoire du livre en elle-même est déjà extraordinaire, car ce texte est resté dans l'oubli pendant plus de 40 ans. L'auteure, anonyme, travaillait dans la presse, comme photographe semble-t-il, et ne s'est jamais fourvoyée avec les nazis. Elle avait comme contact un journaliste et critique allemand, réhabilité après la guerre et vivant aux Etats-Unis. C'est à lui qu'elle remis ses cahiers. Il mit des années à la persuader de les publier. Un éditeur américain le publie en 1954 en version américaine avec avec des traductions norvégienne, italienne, danoise, japonaise, espagnol, française et Finnoise. Il fallut attendre cinq autres années pour que l'original Allemand voit le jour.
Le public féminin allemand n'était pas supposé témoigner de la réalité des viols. Les hommes allemands n'étaient pas censés apparaître comme des spectateurs impuissants devant les vainqueurs russes qui s'emparaient de leurs femmes comme d'un butin de guerre ( plus de 100.000 Berlinoises furent victimes de viols massifs, collectifs et quotidiens, soit 80% des femmes âgées entre 16 et 60 ans.) le livre ne rencontre à l'époque silence et hostilité.
Dans les années 70, un éditeur allemand tente de rééditer Une femme à Berlin. Après maintes péripéties, il découvre que l'anonyme ne souhaitait pas voir son livre réédié en Allemagne tant qu'elle était en vie, à cause du mauvais accueil à sa sortie. Finalement en 2001 elle décède et le livre est enfin publié en allemand en 2002 est en 2006 aux éditions Gallimard.
LE RÉCIT.
Une femme à Berlin raconte la vie quotidienne des femmes dans Berlin dévasté au moment où les Russes pénètrent dans ce côté de la ville. Elle décrit les nombreux viols dont elle est victime et témoin. Elle raconte la faim, la recherche quotidienne de nourriture. Berlin et ses morts. Berlin coupé du monde, sans eau, gaz, électricité. Sans journaux, sans radio, sans nouvelles. Et puis, du jour au lendemain, le nettoyage de la ville par les femmes. Leur souffrances morales et leurs douleurs physiques au quotidien. Un témoignage poignant mais dénudé de haine. Un témoignage capital, unique et bouleversant, vu par l'autre côté de la lorgnette. Un témoignage humain.
Aujourd'hui encore, comme dans les années 60, lors de sa parution, on refuse d'entendre les souffrances des allemands. On refuse de reconnaître que les femmes, neutres dans ce conflit, ont été des victimes traitées comme des objets de victoire. Comme le dit l'ami de l'auteure : " il est trop facile de jouer les juges quand on est soi-même en sécurité" .
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