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Critique de Osmanthe


Encore un joli manga, qui contribue encore un peu plus à m'intéresser au genre, du moment qu'on reste sur des one-shot ou des anthologies, je laisse aux jeunes les séries interminables ! Nous avons ici affaire à un duo d'artistes féminin-masculin, Cocoro Hirai au dessin et Kei Fujii au scénario, et cela fonctionne drôlement bien.

Il s'agit donc ici d'un recueil de quatre histoires, dont celle qui lui donne son titre est la principale, la plus longue, déroulée en trois chapitres. Et cela démarre tristement, puisqu'un jeune couple, Ryûta et Atsuko, décède dans un accident de la route, laissant leurs deux enfants Takashi et Yuriko entre les mains de leurs grands-parents Genjiro et Tomé. Lui est pêcheur en mer, elle tient le petit restaurant qui permet notamment de cuisiner ces bons produits de la mer. Endeuillés mais dignes, ils s'efforcent de continuer de tenir les fourneaux. Fatigués, la vieille souffre d'un cancer, qu'elle va surmonter. Mais l'histoire familiale autour de ce petit restaurant va se perpétuer à travers le souvenir des défunts et la relève des petits enfants. C'est une belle histoire sur le courage d'apprivoiser ce deuil qui vous habitera toujours, enfoui et réaffleurant à la surface, surmonté par l'amour du travail bien fait, le plaisir de la cuisine qui se partage et réconforte. Les retours en arrière sont fréquents, comme un dialogue qui revisite le passé familial, et la naissance de l'amour (pas gagné au départ !) entre les deux décédés. le récit est finalement assez optimiste, on ressent cette solidarité et cette chaleur intra-familiale, l'importance de la transmission de la passion et du savoir-faire, qui est une question vitale au Japon en matière d'art et d'artisanat, en raison du rapide vieillissement de la population et de la désertification des campagnes.

Le gant de base-ball de maman est une histoire très courte, où un enfant qui a perdu son père se sent défavorisés par rapport à ses copains pour jouer au base-ball. Eux, ils ont leur père pour les entraîner, dit-il à sa mère. Qu'à cela ne tienne, sa mère se décide à l'entraîner, et ça ne rigole pas…Et cela va marcher ! Un peu court, mais cela donne le sourire.

Dans un bel enfant, Takada, un jeune homme oisif a besoin d'argent pour payer l'opération de sa mère gravement malade. Outre qu'il fait travailler sa copine dans un bar à hôtesses, il se spécialise dans l'arnaque au mariage : à peine rencontrée, il séduit sa victime, la demande en mariage, et suscite sa générosité financière en lui faisant croire qu'un ami a grand besoin d'argent pour soigner sa mère. Elle découvre assez vite l'arnaque, mais est tombée amoureuse de lui. Ils se marient, il confesse au prêtre son escroquerie et se retrouve en prison…Elle confirme son amour, lui la rejette…Mais elle tient à lui…et des quelques années après, elle va l'attendre à la sortie de prison. Une petite ode au dévouement, à la persévérance et à la patience, au pardon, et à l'amour plus fort que tout.

Dans la dernière leçon, un prof est un peu ridiculisé par deux jeunes fans de base-ball, qui préfèreraient faire l'école buissonnière et lui disent sans fard qu'ils roupillent dans son cours tellement il est soporifique. Mais lorsque le cours a lieu, c'est un événement : le prof se lance dans un discours obscur d'une grande puissance sur la mort et la brièveté de la vie avec une implication inhabituelle…et pour cause, c'est aussi un aveu, il a un cancer du foie, incurable…Les élèves en sont bouleversés.

Un manga réussi donc, au texte et au trait intelligents, humanistes, où revient souvent rôder l'idée de la mort jamais si loin de nous, qui peut nous cueillir ou nos proches à tout moment, sans doute pour nous faire d'autant plus apprécier les beaux moments de la vie, et tout simplement l'instant présent.




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