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Critique de Meps


Meps
04 novembre 2020
Il est bon de sortir de ses sentiers battus et d'aller respirer l'air du grand large. Et quoi de plus proche et d'en même temps plus dépaysant que la Polynésie Française !

Celestine Hitiura Vaite nous offre une totale immersion dans la vie quotidienne des Polynésiens. On se sent comme invité chez l'habitant, on nous offre un pe'ue pour dormir, un peu de ma'a pour nous restaurer et on nous raconte les histoires du coin.

Car ce livre est avant tout un recueil de petites histoires, celles de la cousine qui change de copain toutes les semaines, celle de ce cousin qui a rejoint la capitale Papeete en pensant faire fortune et retourner sur sa petite île avec l'argent pour acheter un bateau, celle de cette autre cousine (la famille ne semble pas avoir de limites) qui n'a pas pu vraiment choisir le prénom de son fils... Chaque chapitre est un nouveau conte, qui semble parfois invraisemblable mais nous révèle une nouvelle facette du patchwork global de ce territoire, comme un joli tifaifai à poser sur son lit.

On pourrait se lasser de cet enchaînement mais il y a quand même un fil conducteur, la petite famille de Materena. Elle est au centre de tout avec son mari Pito et ses trois enfants. Enfin, pas vraiment son mari et c'est là tout le souci, même s'il vient de lui demander de l'épouser quand il est rentré ivre hier. Cette préoccupation du mariage occupe tout le livre et reste en même temps en toile de fond. Materena n'est pas la plus expansive, ni la plus importante, ni la plus exceptionnelle des cousines... mais c'est chez elle que nous habitons... Alors on finit par mieux la connaître que les autres, par nous attacher à sa simplicité, à son honnêteté, à sa patience, à son courage. Les femmes n'ont pas la vie facile à Tahiti...et les hommes non plus. Beaucoup de chômage, des rêves modestes, un nouveau lit, une armoire, autre chose à manger que toujours les fruits de l'arbre à pain...

Le style de l'auteure est tout en langueur, dans le rythme de cette société qui n'a que le temps de prendre son temps, un de ses seuls luxes. On passe d'un chapitre à l'autre comme le long d'un long fil tendu, avec la fin de chaque chapitre qui influence le début de l'autre. Quasiment tous les sujets sont abordés et toujours avec plein d'humour, les relations familiales, la religion, le rapport à l'homme blanc colonisateur venu bouleverser la société en apportant des rêves qui n'avaient pas effleuré les locaux auparavant, ces hommes et ces femmes blanches qui sont aussi pour beaucoup l'objectif à séduire pour s'enfuir loin et revenir plein de fierté après avoir réussi, tout ça pour que les autres nous traitent de fa'a'oru. On parle aussi religion, traditions, éducation, politique mais sans jamais réellement se disputer trop longtemps, sauf peut-être quand le mouvement indépendantiste parvient à enflammer les esprits.

Bref, un très joli voyage où nous emmène ce livre, un voyage où on a envie de se laisser porter par la première, la deuxième, la troisième vague, à l'heure où ce mot si doux prend de nos jours des accents si terribles !

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