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Critique de Escartefigues


Hypérion est un grand roman épistolaire du poète allemand Friedrich Hölderlin rédigé entre 1797 et 1799, alors que son auteur n'avait pas 30 ans. Situant l'action du récit dans la Grèce moderne alors que la colonisation ottomane se fait de plus en plus pesante et que des lueurs d'espoir se font entrevoir, Hölderlin trace un fil conducteur entre la tradition antique et la lutte pour la liberté des Grecs qui lui était contemporaine. La libération de la Grèce de près de trois siècles de domination turque, un épisode de l'histoire de l'Europe récente que l'on oublie trop souvent, a soulevé l'enthousiasme et les passions des artistes ou des intellectuels occidentaux tant l'évocation de la civilisation hellénique fut marquante dans la formation de ces élites. Hölderlin a un rapport très particulier à la Grèce, dans laquelle il place fréquemment l'action de son théâtre, de sa poésie : la Grèce est pour lui le point oméga, l'aboutissement et la cause, de la création artistique. Hypérion est porté par ce grand élan qui préfigure le romantisme et qui emmène avec lui cet héritage créatif de l'Europe. le personnage de Diotima, avec lequel Hypérion correspond très essentiellement dans la deuxième partie du roman, est inspiré par la muse de Hölderlin, Susette Gontard, avec qui il entretient une relation empreinte de ferveur et de déchirement. Cette « Dame », à la fois idéalisée et délaissée au profit d'une cause politique, n'est pas sans rapport avec les constructions littéraires médiévales des troubadours occitans et provençaux ; elle donne une chair à cet incroyable roman, aux antipodes de la littérature sèche et journalistique telle qu'elle se fait aujourd'hui, qui puise sa force tragique dans les origines de la poésie européenne ainsi que dans la tension entre l'amour absolu et l'impératif collectif de se battre contre les injustices faites au peuple.
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