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Critique de Arakasi


Bon, le chemin fut sinueux, compliqué, parfois longuet, avec quantité de culs-de-sac et de ronds-point un peu agaçants, mais en arrivant à la toute fin de ce dernier cycle de “L'assassin royal”, je dois admettre que j'ai été sacrément émue… Ce dernier tome n'est pourtant pas dénué de défauts, loin s'en faut. On pourrait notamment déplorer son manque d'enjeux apparent, consécutif de l'ensemble de l'intrigue : pendant six tomes, on a essentiellement suivi les évolutions des rapports père / fille de Fitz et de la petite Abeille, suivis des efforts frénétiques de notre narrateur un peu looser pour récupérer sa fillette et la tirer des mains malveillantes des Blancs. On se doutait bien qu'il allait y arriver tôt ou tard, aussi serait-il difficile de dire que le suspense était à son comble. Toute la partie consacrée au sauvetage d'Abeille se déroule de façon un peu mécanique, sans surprises particulières, jusqu'aux initiatives inconsidérées du Fou que l'on pouvait voir facilement venir, connaissant le caractère fantasque et impulsif du personnage. Rien d'étonnant à ça : les péripéties et les retournements de situation n'ont jamais été le fort de Robin Hobb.

Pourtant, quand on s'y attarde un peu, on doit bien reconnaître que Hobb a fait un très beau travail avec ce dernier opus. Déjà parce que le manque d'enjeux mentionné ci-dessous n'est, comme je l'ai précisé, qu'apparent. Quelque chose qui, a posteriori, m'épate dans la façon dans Robin Hobb construit son univers est sa faculté à le remettre totalement en jeu à la fin de chaque nouveau cycle. Certes, les événements prennent leur temps, ils ne se bousculent pas ou presque pas, mais, arrivés à la fin du “Fou et l'assassin”, force nous est de constater que l'univers de Fitz, du Fou, d'Abeille, d'Althéa et de Malta a radicalement changé. Plus rien ne sera jamais comme auparavant et, surtout, personne ne serait capable de dire vers quel avenir s'acheminent nos héros. On n'est même pas tout à fait certain que les changements provoqués - parfois accidentellement - par eux soient réellement positifs à long terme. Et je trouve tout à fait couillu de la part de Hobb de terminer ainsi sa grande oeuvre.

Et puis, si il y a une chose que l'on ne peut vraiment pas nier à cette fin de saga, c'est son impact émotionnel. On peut râler sur l'absence de rebondissement et le côté plan-plan de certaines intrigues, mais il faut reconnaître que la conclusion apportée par Hobb à son héros le plus emblématique est juste parfaite. Déjà, elle n'est ni simple, ni facile. Fitz en a bavé toute sa vie, il paraît logique - quoique rude - qu'il en bave jusqu'au bout. Looser magnifique jusqu'à la fin, il fait face à la situation avec une extrême humanité, oscillant entre bravoure et terreur, optimisme et désespoir, aveuglement et lucidité. Les autres personnages ne sont pas en reste et viennent chacun apporter leur lot de scènes touchantes et profondes. Malgré tout, on termine le récit avec un sentiment d'apaisement et de réconfort qui justifie à lui seul toute la rigueur du voyage. Tout cela est terriblement fort, vraiment bouleversant par moment, et on ressort les larmes aux yeux et une grosse boule d'émotion dans la gorge.

Je surnote peut-être un peu ce dernier opus, mais, s'il n'est pas un roman parfait, il reste une excellente conclusion à une saga très attachante et qui, pour l'instant et à ma connaissance, n'a pas trouvé son équivalent dans l'univers de la fantasy. Adieu, adieu, Fitzounnet ! Je relirai peut-être tes aventures un jour, mais ce ne sera pas avant longtemps - c'est qu'elle sont sacrément imposantes, tout de même...
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