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Citations sur Le Fou et l'assassin - Intégrale, tome 2 (17)

Lorsque l'hiver s'étend dans le froid et le noir,
Que les forêts sont nues et le gibier est rare
Le ménestrel s'abrite près de la cheminée
Pour rechauffer ses joues et ses pieds glacés.

Mais en haut des sommets et au creux des chemins
Se trouvent des chasseurs plus vaillants que l'humain.
La langue qui prend, rouge, et les yeux scintillants
Ils filent dans la neige dans leur souffle fumant.

Car en chasse il n'est pas de demain,
Et le temps n'attend pas. Il n'est pas de chagrin
Quand le sang coule noir et les crocs sont sortis.
Car la vie c'est la viande, et la mort donne vie.

-Chant pour Oeil-de-Nuit et son ami, Heur Coeurcontent
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Et ainsi dos à dos les frères se placèrent
Prêts à perdre la vie
Car autour d'eux se pressaient les Pirates rouges
En mur d'épées brandies.

Mais, dans un hurlement, à grands pas arriva
Le fils bâtard du roi.
Rouge comme un rubis, la lame de sa hache
Semait partout l'effroi.

Un passage il ouvrait, comme abattant des arbres
De sa hache fière.
S'en vint le bâtard, rouge jusques à la poitrine,
Et les méchants ployèrent.

Fils de Chevalerie,
Au regard de brandon,
Il tient son sang du père
S'il n'en a pas le nom.

Rejeton Loinvoyant,
Mais jamais héritier,
Sur ses boucles sanglantes
Couronne n'a posé.

-Hymne de l'île de l'Andouiller, Astérie Chant-d'Oiseau
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Nous ne possédons qu'une généalogie réduite de celui qu'on nomme Bien-Aimé, né naturellement. L'incurie du Serviteur qui a recueilli l'enfant aux portes en est responsable : il prétend avoir pris note scrupuleusement de ses ascendants et de ses frères et sœurs, mais ce document n'existe pas, ou il a été dissocié de l'enfant et mal rangé durant sa période d'acceptation et d'orientation. Certains laissent entendre que le candidat lui-même l'aurait volé et détruit, cependant cela me paraît peu probable : nombre de ses gardiens ont surestimé son intelligence.

Au début, l'enfant s'est montré docile et enjoué, car ses parents lui avaient assuré qu'il était chez lui à Clerres et qu'il ne manquerait de rien ; mais, les jours passant, il est devenu impassible et sombre, et restait secret avec ceux qui cherchaient à vérifier son ascendance. Nous pouvons dire avec une relative certitude qu'il avait vécu avec ses parents pendant plus de vingt ans, que ses trois parents étaient âgés et n'avaient plus la force de s'occuper d'eux-mêmes ni de Bien-Aimé. Il a d'abord déclaré avoir deux sœurs qui lui manquaient terriblement, mais il a affirmé plus tard n'avoir ni frère ni sœur ; nous avons essayé en vain de les localiser et de récolter leurs rejetons afin de mêler leur sang à celui de notre vivier. Bien-Aimé demeure donc le seul membre de sa lignée dans nos archives, et toutes nos tentatives pour qu'il fournisse un enfant à notre fonds ont échoué ; il est obstiné, parfois violent, raisonneur, et il incite les autres Blancs à la même attitude si on le laisse en contact avec eux. Quand il fut décidé de le marquer afin de pouvoir l'identifier aisément où qu'il aille, il résista au tatouage sur son dos, au point de chercher à s'en débarrasser en le brûlant.

La proposition est certes extrême, mais je pense qu'on aurait dû l'éliminer. On devrait même extraire la relation de ses rêves des catalogues classiques et les placer à part dans nos archives, car je ne les estime pas fiables. Son tempérament frondeur ne connaît pas de limite, et il ne manifeste aucun respect pour personne ; après mûre réflexion, je suis d'avis qu'il ne nous sera jamais utile. Au contraire, il apportera la destruction, suscitera la rébellion, et mettra à mal l'ordre et la paix qui règnent à Clerres.

-Yarielle, Servante
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Sire Umbre se dressa et s'éloigna lentement de sa place à la table haute ; je pensais qu'il allait rejoindre Kettricken, mais son pas se fit hésitant puis il commença à se frayer un chemin dans l'assemblée. Je le suivis des yeux, intrigué, puis compris avec épouvante qu'il m'avait vu et se dirigeait droit vers moi.

NON ! artisai-je, mais il était totalement fermé - non pour m'empêcher de l'atteindre mais pour conserver en lui ses émotions. Parvenu près de moi, il m'agrippa fermement le poignet. « Umbre, non, je vous en prie ! » fis-je d'un ton implorant. Avait-il perdu la raison ?

Il me regarda ; il avait les joues mouillées de larmes. « Il est temps, Fitz ; il est temps et plus que temps. Viens, viens avec moi. » Nos voisins nous observaient, l'oreille tendue. Un homme écarquilla soudain les yeux, et son expression perplexe laissa place à l'ahurissement. Nous étions au milieu de la foule ; si ces gens s'en prenaient à moi, ils me mettraient en pièces sans difficulté : j'étais cerné. Aussi, alors qu'Umbre me tirait par le bras, je le laissai m'emmener. Mes genoux me soutenaient avec peine, et j'avais l'impression de me déplacer comme un pantin, à pas chancelants.

Nul ne s'était attendu à toutes ces révélations. La reine Elliania souriait d'un air ravi, mais Ortie était pâle comme une morte ; le menton de Kettricken tremblait, et tout à coup elle se mit à pleurer comme si c'était le roi Vérité en personne qui s'avançait vers elle. Quand nous passâmes devant Astérie, elle leva la tête, et, à ma vue, elle plaqua brusquement les mains sur sa bouche, ses yeux s'agrandirent et prirent une expression avide, et je songeai dans un coin de mon esprit qu'elle projetait déjà la chanson qu'elle composerait sur ce jour.

L'espace dégagé qui séparait la foule de l'estrade royale fut un désert interminable que je traversai. Le roi Devoir avait le visage blanc et dur. Que faites-vous ? Que faites-vous ? nous demandait-il, mais Umbre ne l'entendait pas, et je n'avais nulle réponse à lui fournir. Un brouhaha tumultueux d'incompréhension, de chuchotements, d'hypothèses puis de cris monta derrière nous. Les yeux d'Ortie étaient noirs au milieu d'un masque de glace ; sa peur m'imprégnait. Quand nous arrivâmes devant mon souverain, je tombai à genoux, pris d'une brusque faiblesse plus que je n'obéis à l'étiquette. Mes oreilles tintaient.

Ce fut Devoir qui nous sauva tous.

Il secoua lentement la tête alors que je levais les yeux vers lui. « Jamais n'est plus », déclara-t-il à la cantonade. Il me regarda, et je vis devant moi le roi Subtil et le roi Vérité, mes rois qui me contemplaient avec la compassion la plus sincère. « FitzChevalerie Loinvoyant, trop longtemps vous avez séjourné parmi les Anciens, votre souvenir méprisé par ceux-là mêmes que vous aviez sauvés ; trop longtemps vous êtes demeuré là où les mois s'écoulent comme si c'étaient des jours ; trop longtemps vous avez marché parmi nous déguisé, privé de votre nom et de votre honneur. Relevez-vous ; tournez-vous et faites face au peuple des Six-Duchés, votre peuple, et soyez le bienvenu enfin chez vous. » Il s'inclina et me prit par le bras.

« Vous tremblez comme une feuille, me souffla-t-il à l'oreille. Tiendrez-vous debout ?

- Je pense », murmurai-je, mais c'est sa main qui me remit sur mes pieds. Je me tournai. Je fis face à la foule.

Les acclamations me submergèrent comme une vague.
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« Je suis mort. Je le savais d'avance ; dans toutes les prophéties que j'avais lues dans la bibliothèque de Clerres, dans toutes mes visions, je mourais. Et c'est ce qui est arrivé. Mais, dans aucun des avenirs prévus par quiconque, nulle part dans toute la masse des prophéties je ne revenais vivant de l'autre côté. Cela a tout changé ; tu nous as projetés dans un avenir inconnu, et ils tâtonnent à présent sans savoir ce qu'il adviendra de leurs ambitions. Car les Serviteurs ne font pas de projections sur des décennies, mais sur des générations. Sachant à quel moment et comment ils mourront, ils savent prolonger leur existence, mais nous les avons privés d'une grande partie de ce pouvoir. Seuls les enfants Blancs nés depuis ma "mort" peuvent percevoir l'avenir après cette date. Les Serviteurs avancent à l'aveuglette dans des avenirs où ils galopaient jadis, et ils recherchent à présent ce qu'ils redoutent le plus : le véritable Prophète blanc de notre génération. Ils savent qu'il existe quelque part, loin de leur savoir et de leur emprise ; ils savent qu'ils doivent s'emparer de lui très vite, sans quoi tout ce qu'ils ont bâti risque de s'effondrer. »
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Parfois, il est vrai, un grand meneur apparaît qui, par la vertu de son charisme, persuade les autres de le suivre sur une voie conduisant à un monde meilleur. Certains veulent faire croire que, pour provoquer de grands, de puissants changements, il faut être soi-même ce meneur.

La vérité, c'est que des dizaines, des centaines, des milliers de gens ont concouru à l'émergence de ce chef. La sage-femme qui a accouché sa grand-mère est aussi essentielle à ce moment que l'homme qui a ferré son cheval afin qu'il puisse aller rassembler ses partisans. L'absence d'une seule de ces personnes peut jeter le meneur à bas de son pouvoir aussi vite qu'une flèche en plein cœur.
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[…] alors que chacun le sait, les histoires ne s’achèvent jamais, et qu’une fin heureuse n’est en réalité qu’un instant ou l’on peut reprendre son souffle avant le prochain désastre.
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Ce qu'accompli la main de l'assassin royal n'est pas un meurtre mais une exécution. L'épée n'est jamais coupable.
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Je ne prêtai pas attention aux regards bizarres que Persévérance et Lant me lançaient ; les yeux fixés sur les flammes, ils avaient écouté avidement notre conversation, mais je n'avais nulle intention de leur raconter ce qui s'était passé en ce jour d'été d'il y avait bien des années. Le seul fait que le Fou en eût parlé avait fait rejaillir la scène à mon esprit dans tous ses détails ; ce qui m'ébranlait encore jusqu'aux tréfonds n'était pas que je fusse devenu lui dans la mort, c'était le souvenir, quand nous avions échangé nos corps afin qu'il pût reprendre son existence, de notre fusion pendant ce long instant en une seule créature. Un seul être.

Et de l'impression de justesse absolue, d'équilibre parfait que j'en avais ressenti.
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« Comme le loup a fait pour mon jeune, je ferai pour son petit : je te protégerai. Quand tu émergeras, viens à moi ; je te protégerai. »
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