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Critique de chartel


Les éditions GF-Flammarion ont porté (c'était en 2002) un éclairage méritoire sur un auteur peu lu et peu connu en France, sinon pour avoir été le librettiste de Richard Strauss : Hugo von Hofmannsthal. C'est justement pour montrer l'extraordinaire talent littéraire d'Hofmannsthal que, sous la direction de Pierre-Antoine Huré, a été fait le choix de retraduire trois pièces, "Electre", "Le Chevalier à la rose" et "Ariane à Naxos", ayant servi de support aux opéras de Strauss afin de rendre à Hofmannsthal ses oeuvres, de permettre au lecteur de les apprécier pour elles-mêmes, sans la musique qui les sublimait mais aussi les submergeait et parfois les trahissait. Ce faible intérêt français pour cet auteur hors du commun est encore plus incompréhensible lorsqu'on lit ce que dit Stefan Zweig à son propos : « L'apparition du jeune Hofmannsthal est et demeure mémorable comme celle du plus grand miracle de précoce achèvement ; je ne connais pas, dans toute la littérature mondiale, à l'exception de Keats et de Rimbaud, un autre exemple d'une telle infaillibilité dans la maîtrise de la langue à un âge aussi tendre, un coup d'aile d'une telle envergure vers le monde idéal, une telle plénitude de la substance poétique jusque dans ses moindres lignes, qui soit comparable aux dons de ce génie grandiose, lequel, dans sa seizième et sa dix-septième année [1890-1891], s'est inscrit dans les annales éternelles de la littérature allemande avec des vers inoubliables et une prose qui n'a pas encore été surpassée. »
Chaque pièce présente un intérêt particulier. "Electre", drame inspiré de l'oeuvre de Sophocle, aborde un problème vital, simple et immense : celui de la fidélité. Se retenir à ce qui est perdu, persister éternellement, jusqu'à la mort être toujours un homme sans descendre au rang de l'animal dépourvu de mémoire. "Le Chevalier à la rose" est une comédie aux accents de satire sociale, où la bourgeoisie viennoise de la fin du XVIIe siècle supplante une aristocratie crépusculaire, mais pour reproduire ses codes délétères et ses principes contre-nature. Enfin, "Ariane à Naxos" est un beau chef d'oeuvre de théâtre dans le théâtre, inspiré de Molière, de Racine et de la commedia dell'arte. On y trouve, au delà d'une critique bien subtile de la pompeuse vanité du monde du spectacle, une exposition, en creux, de la fidélité (encore elle !) d'un auteur pour des principes créatifs non pas serviles et hypocrites, mais intelligents et nécessaires, profondément nécessaires.
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