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Critique de florigny


Syd est un étudiant en médecine pauvre vivant depuis la mort de sa mère avec sa demie-soeur et son beau-père, dans un quartier minable de Detroit. Pour financer ses études, il travaille nuitamment dans un hôpital où il effectue des prises de sang sur les patients admis aux urgences. Ambitieux, Syd souhaite sortir de sa condition et faire profiter sa famille de son ascension sociale.


Ted Kessler, qui a donné son titre, La fille de Narcisse, au roman, dirige le laboratoire hospitalier d'une main de fer ; au sens propre, puisque vétéran de la guerre de Corée, il y a perdu une main remplacée par une pince métallique. Il est marié à Joyce, une belle femme qui possède le don du contact, de la familiarité, de la convivialité et exerce la profession d'infirmière dans l'hôpital où bossent Syd et son mari... le couple Kessler a une fille, Jessi, une belle plante de 17 ans à qui ses parents offrent des bagnoles plutôt que de l'amour. Tous les personnages sont en place pour ce qui aurait pu être un vaudeville : le mari équivoque, l'épouse affamée, l'amant ambitieux, la fifille un peu niaise. Ca aurait pu, mais ce n'est pas, il s'en faut de beaucoup...


Dans la scène d'ouverture, Syd participe à une fête d'ados envapés chez les Kessler.Il est venu pour trouver une idée de vengeance, un moyen de faire expérimenter aux Kessler, l'humiliation, la rage et le désespoir qu'ils lui ont infligés. Il imagine différents scénarios sanglants tout en voulant paradoxalement les maintenir bien vivants ici-bas dans un véritable enfer sur terre. Que s'est-il passé ? Quelles relations toxiques ont lié les personnages ? Au cours du roman, Syd déroule l'enchaînement des faits jusqu'au mois d'août 1979 où tout a basculé ainsi que les 25 ans suivants, délai nécessaire à la maturation de sa vengeance.


La fille de Narcisse est un roman noir dont la principale composante est l'érotisme, la sexualité, ses excès, ses déviances. Au cours de très belles scènes explicites dont toute vulgarité est bannie au profit de descriptions poétiques, Craig Holden décrit la descente aux enfers d'un jeune homme emporté par le démon de la chair ; il raconte l'amour-haine, le voyeurisme et l'exhibitionnisme, l'attraction-répulsion puissante exercée par le sexe, le manque, la faim dévorante, le rush grisant devant la noirceur illicite, la dangerosité obscène, la haine qui s'installe et fermente, mais aussi le lent glissement sur le terrain miné et imprévu de l'affection. Une formidable découverte qui m'a donné envie d'explorer la bibliographie de l'auteur.
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