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Critique de SebastienFritsch


C'est Vincent Delerm le premier qui m'avait donné envie de lire cet auteur. Mais cela fait déjà quelques années et je n'avais jamais franchi le pas. Et puis, finalement, en lisant quelques blogs, l'idée m'est revenue et que je me suis lancé. Ce premier essai fut plutôt concluant.
Dans Bella Ciao, Eric Holder nous parle d'un écrivain en panne d'écriture et alcoolique qui se retrouve un jour (après des années de patience quand même) face à un ultimatum posé par sa femme : il devra choisir entre elle et la bouteille. Se sentant incapable de mettre fin à son vice, il préfère mettre fin à sa vie et part vers l'Océan pour se noyer. Ce qu'il ne réussira pas.
Pourtant, ce suicide raté sera le point de départ d'une remise en question totale : le narrateur ne rentre pas chez sa femme, s'installe dans une maison que des anglais lui demandent de garder pendant l'hiver, puis trouve un travail. Un travail physique, chez un viticulteur besogneux et sans aucune pitité pour ses employés.
Epuisant, humiliant, cet emploi permet pourtant à l'écrivain de progresser sur le chemin qu'il sait devoir parcourir. Face aux tâches éprouvantes qu'il doit mener (et qui lui endommagent d'abord les mains : tout un symbole chez un écrivain) mais aussi face à la nature dans laquelle il évolue, lorsqu'il lui faut replanter des pieds de vigne ou relever les fils de fer qui la tiennent, le narrateur devient peu à peu un autre. Peut-être pas celui que sa femme attend, mais déjà plus vraiment celui qu'il a fui le jour où il s'est jeté à l'eau.
Cette progression est l'occasion pour Eric Holder de nous offrir de très beaux passages sur la relation de l'homme à la nature, sur les liens fragilisés entre un père alcoolique et ses enfants, et sur la façon (l'une des façons) de tenter de les reconstruire quand les enfants sont adultes et que les bonnes résolutions semblent enfin pouvoir être tenues. Mais les plus belles phrases qu'écrit l'auteur, ce sont celles auxquelles il confie le rôle de témoigner de l'amour. Mais pas n'importe quel amour : l'amour durable, celui qui traverse les années et s'en nourrit, qui encaisse les déceptions et tente de les surpasser, puis qui ose mettre le feu à tout ce monde commun, parce qu'il n'y a plus rien d'autre à faire et parce qu'il faut agir avant que les déceptions elles-mêmes se chargent de tout détruire. Ce même amour qui finalement, guide le narrateur tout au long de son parcours de renouveau.
Bella ciao est donc avant tout un roman d'amour, de l'amour courageux et bâtisseur.
Lien : http://sebastienfritsch.cana..
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