La porte jaune se referme violemment sur Gusten. Jönsson sort ses clefs ; le pène glisse dans la serrure avec un bruit métallique.
Nous nous mettons en marche, moi en tête, devant l’enfilade de cellules. Derrière chacune de ces portes, une épave humaine est recluse dans sa solitude, quelqu'un de trop faible ou de trop fier pour entrer dans le moule de la société.
A chaque pas, la matraque rebondit sans bruit sur la cuisse du maton. La lumière fatiguée de novembre peine a traverser le plafond vitré. Il bruine.
"Temps gris, âme grise", dis-je en un murmure.
Si vous ne m'avez pas dit toute la vérité, je reviendrai vous botter le cul. En vous accrochant au plafond comme un punching-ball.
Maudit soit l'honneur, même si c'est tout ce qu'il reste aux démunis.
La vie est aussi simple qu'un ring de boxe est carré, me dis je en jetant un œil à Elin. Une fois que l'on y est, il ne reste qu'à se battre comme un lion et à espérer rester sur pied jusqu'à ce que sonne le gong.