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Critique de Dionysos89


Il y a des romans très peu connus, qu'on finit par repérer, qu'on peut parfois oublier dans sa « Pile à Lire », et qu'on redécouvre avec plaisir au moment de la lecture. D'or et d'émeraude est de ceux-là et nous offre une uchronie en trois temps.

Un récit attachant
Dans ce roman, Éric Holstein nous conte un retour au paus sous forme de conte fantastique attchant. En effet, Simon, 25 ans, est un Français adopté ; il revient en Colombie, à Bogota plus précisément, pour renouer avec ses racines. En passant dans son acien orphelinat et en se faisant quelques amis locaux, il réapprend la culture locale. Ce faisant, la difficile réadaptation est accentuée par les différences dans les habitudes et dans la situation économique entre le pays qui l'a vu naître et le pays qui l'a accueilli. le récit se fait parfois cru dans quelques scènes choisies, afin de donner une impression de choc culturel, de moment crucial dans la vie de ce jeune adopté. Au cours de sa quête intime, en traquant son origine, Simon est plusieurs fois renseigné sur la légende locale de Bochica, héros divinisé, mystique et conquérant du peuple des Muiscas dont Simon serait un des derniers membres.

Une uchronie en marche
Dans sa deuxième partie, D'or et d'émeraude narre carrément une uchronie en train de se former à propos d'un matériau historique trop peu usité en France. 1537, les conquistadores espagnols explorent, façon « clinquante et sanglante », l'Amérique du Sud. Justement, héritières de celles de Cortès, de Pizarro et de quelques autres dont les exploits motivent de nouvelles conquêtes sur des territoires censés regorger de richesses, les troupes de Quesada font à leur tour parler d'elles en passant de village en village, dominant et tuant des Muiscas, le peuple local, par centaines. Ce peuple semble à la fois ouvert envers les explorateurs et retors dès que ceux-ci se retrouvent dans la jungle. le mystère monte quand la résistance à l'envahisseur s'organise. La subtilité des uchronies est toujours de montrer que l'Histoire n'est faite que de choix successifs, que de situations où les décisions des individus prennent toute leur importance ; ici, justement, cela met bien en avant le côté humaniste de l'uchronie.

D'or et d'émeraude autour de l'utopie
L'ultime partie de ce roman présente cette fois une uchronie accomplie qui donne tout le sel à l'ensemble. le lecteur aura été en droit d'attendre un certain changement tout du long, c'est le moment de le servir. Et il l'est. Éric Holstein fait des choix intéressants, qu'il dévoile tranquillement, sans précipitation, rendant le tout plus curieux encore. Il réutilise habilement et de façon constructive des récits relatant l'origine de l'uchronie, textes qui ne sont ni plus ni moins que des extraits des deux premières parties. C'est bien vu. Dans son esprit et son principe, ce roman peut sembler proche de Ariosto Furioso, qui mettait le Renaissance en abîme dans une épopée de fantasy rédigée dans un monde uchronique, grâce à une double imbrication historique. Après, le lecteur voit peu à peu les conséquences uchroniques sur ce « Nouveau Monde » et constate que l'auteur se fait plaisir, à raison, en modifiant l'histoire des autres régions et continents que nous connaissons aujourd'hui.

Cette « uchronie en marche » qu'est D'or et d'émeraude vaut donc le coup, c'est à lire sans a priori.

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