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Critique de Chrisbookine


Lecture effectuée après le coup de coeur ❤ pour le tome 1 découvert dans le cadre du PLIB 2018 : et une suite encore plus jubilatoire, même si j'ai été déçue AU DEBUT de ne pas retrouver le journal de Dolorine. En fait, j'ai adoré (?!) être plongée dans le cerveau calculateur et glacial de Tristabelle, d'une franchise désarmante.
L'univers créé et l'ambiance générale
Grisaille...
Nous allons à nouveau arpenter Grisaille : la Basse-Ville, la morgue, le palais, un "monastère" mystérieux...mais sortir également de la ville et découvrir les Laments et un manoir digne d'Halloween : le manoir de Morneval.
La ville brumeuse sous la neige rend plus crument encore la couleur du sang ou le gris de la cendre. Cette blancheur immaculée est en osmose avec la froideur de l'héroïne principale : Tristabelle.

" Je peux apercevoir la maison, blottie contre le flanc de la falaise, telle une chauve-souris en quête de chaleur. "
L'ambiance est toujours aussi létale dans les rues de Grisaille et les morts se font légion dans le sillage de Tristabelle.

Nous retrouvons cet univers steampunk avec des tenues, une architecture fin 18ème-19ème siècle.

L'intrigue et la structure du récit
Le récit prend vie dans la tête de Tristabelle. Il ne faut pas plus d'une demi-page au personnage Tristabelle pour reléguer le narrateur-auteur loin de Grisaille et devenir la maîtresse du récit, de son histoire.
"Ah, voilà qui est mieux !"
Elle invective le lecteur : moi, nous et ne me/nous ménage à aucun moment et c'est très drôle. Piquante à souhait, cette Tristabelle !
"N'avez-vous donc aucune mémoire ? Je suis très déçue. pour un fragment de mon brillant esprit, vous n'êtes pas vraiment une lumière."

"La curiosité tue, vous savez. Moins que la peste bubonique, mais tout de même."

Les personnages
Tristabelle est le personnage machiavélique de l'histoire. Elle est la plus extravagante de Grisaille. Elle est indifférente au monde, centrée sur sa personne, une psychopathe née. C'est extraordinaire que sa famille n'est pas été décimée de ses propres mains ou par l'élaboration d'un poison raffiné.

"Mais comme je préfère les spiritueux au spiritisme, le seul cristal dont j'ai besoin pour entendre des voix ou avoir des visions est celui de mon verre de vin." "

Elle est méprisante, futile, antipathique. Elle est tout à fait à sa place à Grisaille, dans ce monde du chacun pour soi.
"Plus sérieusement, le pouvoir a toujours été ma vocation."
Tristabelle comprend et épouse parfaitement tous les rouages de Grisaille. Son indifférence, sa suffisance agacent mais paradoxalement ses joutes verbales sont un vrai nectar jubilatoire. Sa verve, c'est de l'humour noir en bouteille de cristal contenant une liqueur âcre et succulente à la fois. Je me répète (voir chronique tome 1) en reprenant qu'elle est l'exact contre-point de Merry.
"Dire que j'ignorais à quel point ma voix était mélodieuse avant de l'enregistrer : à la fois suave et profonde, et légèrement piquante aussi, comme un caramel fourré à la ciguë."
Nouvel arrivant et pas des moindres en déplaise à Tristabelle : l'inspecteur Eldritch Creusombre (Eddie) : ce nouveau personnage taiseux, peu fantasque intrigue les lecteurs et Tristabelle dont les charmes ne semblent pas opérer sur lui (ou du moins de façon si peu visibles que cela en est étrange dans ce monde de l'exubérance et de l'hystérie).
Et enfin une galerie de nouveaux portraits fascinants.
L'auteur agrandit son bestiaire, son panel de personnages décadents, sanguinaires, intrigants, à l'agonie, imbéciles et brillants en quelques traits vifs et acerbes qui composent une foule hétéroclite, assassine, éphémère : le demi-frère nourrisson Dramatien "Dram" aux pouvoirs étranges, le père de Tristabelle Nemesios Marbre,comte de Poussière, Baptiste Poncelin, morticien, Sibylline Folgrain, aristocrate campagnarde, et pléthore de figurants aux noms évocateurs : Fernand Potage, Rollin Balivert, Cordérie Malpause, Védastine Lamproie, Nector Claquenpoing, les Charpies...et j'en laisse pléthore sur le côté...

Nous retrouvons en pointillés lady Carmine, Merry et Dolorine, Kat vampirique et Blaise, homme de l'ombre car ils laissent à Tristabelle la place de choix dans ce deuxième tome et qui lui revient é-vi-dem-ment de droit.
le style et l'écriture remarquables
Ariel Holzl a une plume toxique car addictive. le texte est ciselé de bons mots, d'expressions halloweenesques désuètes "Par les épouvantails !", de néologismes macabres "avenue Pulvérulente" qui sont bien assortis au personnage acide de Tristabelle.

" Il était temps que je change d'amis, de toute façon : ceux-là arrivaient à leur date de péremption."

C'est vivifiant et mordant.

" Je suis convaincue que vous allez vous entendre comme...
- un poignard et un dos ? proposé-je."


Ce que je retiens de cette lecture...
Une ambiance glaciale et délicieusement cauchemardesque orchestrée par une virtuose du crime : Tristabelle. Ce tome 2 très intimiste est centré sur cette jeune femme égocentrique qui va voir son masque marmoréen se fissurer et lorsque j'ai tourné la dernière page j'ai cru entendre.... un battement de coeur régulier, profond... Mais é-vi-dem-ent cela est impossible !
Aux Aventuriales 2018, je n'ai pas pu me refuser le tome 3 et j'ai eu la malchance de rencontrer Monsieur Nyx (🔔exorcismes et protections à activer de toute urgence). C'est donc envoûtée que je me suis laissée aller à aborder Ariel Holzl le fomenteur de cette histoire rocambolesque et reviens-y-donc-sans-tarder, à la timidité trompeuse (car son oeil brille autant que le sourire de Nyx est figé sur son visage).
Je n'ai qu'un souhait : retrouver la plume d'Ariel Holzl dans de nouvelles aventures : Chapeau bas maître illusionniste !

"Vous êtes toujours là ?
E-vi-dem-ment.
Comme si vous aviez plus intéressant à faire !"
Lien : http://chrisbookine.blogspot..
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