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Critique de paulotlet


Paru initialement en 1990, l'ouvrage de Peter Hopkirk, le Grand Jeu n'avait jamais été traduit en français. C'est chose faite grâce à la petite maison bruxelloise Nevicata, spécialisée dans les ouvrages relatifs à la montagne.
Dans ce livre tout à fait passionnant, Hopkirk fait revivre la lutte acharnée que se livrèrent Britanniques et Russes tout au long du XIXe siècle pour l'exploration, le contrôle et parfois l'occupation des territoires de l'Asie centrale. Pour Londres, l'enjeu était d'éviter que les Russes ne se rapprochent de l'Afghanistan, ce qui les auraient amenés à pouvoir menacer l'Empire des Indes. Pour Saint-Petersbourg, il s'agissait de se tailler un espace colonial au long de la frontière sud du territoire du Tsar, des portes du Caucase aux montagnes du Pamir. Et si d'aventure les portes des Indes lui étaient ouvertes de s'y engouffrer, profitant de l'aubaine.
Ils furent des dizaines de jeunes militaires, officiers et espions intrépides bravant les khans sanguinaires et les roitelets fourbes pour donner l'avantage à leur pays. Ils étaient prêt à risquer leur peau pour permettre aux marchandises britanniques de pénétrer les confins du Caucase et de l'Afghanistan ou pour empêcher les Anglais d'ouvrir un consulat auprès du gouverneur d'une lointaine région autonome du Turkestan chinois. Hopkirk ressuscite ces héros oubliés, comme le lieutenant Henry Pottinger qui se déguisa en marchand de chevaux pour explorer les passes reliant le nord de l'Inde à l'Afghanistan ou Sir Alexander Burnes tué par une foule déchaînée à Kaboul, le général Iermolov conquérant du Caucase russe ou le major Alikhanov, officier musulman du Tsar qui conquit la ville de Merv par la seule ruse. L'épopée fut aussi ponctuée de terribles déconfitures comme la perte presque totale de l'armée du général Perovski, partie conquérir Khiva et arrêtée par un hiver particulièrement précoce et rigoureux ou le massacre des troupes du général Elphinstone par le redoutable Akbar, neveu de Dost Mohamed, souverain afghan déposé par les britanniques. Les morts de ces terribles expéditions se chiffrent par dizaines de milliers. Quant aux autochtones, jouets des ambitions et des rivalités de leurs puissants voisins européens, il payèrent souvent au prix fort leur implication dans le conflit. Qui se souvient du malheureux peuple circassien ou des habitants de la ville turkmène de Geok-Tepe, massacrés pour ne pas s'être rendus assez vite à l'ogre russe?
Captivant de bout en bout, l'ouvrage de Hopkirk est très bien documenté. Il se base en grande partie sur les témoignages, les rapports et les mémoires laissés par les participants à ce Grand Jeu dont certains aspects ne peuvent manquer de faire songer à une actualité brûlante.
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