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Critique de Blok


Blok
25 septembre 2022
Étant victime d'une certaine paresse intellectuelle, je me tourne en ce moment vers des lectures relativement facile. J'ai relu la série des Miss Marple d'Agatha Christie (peut-être ce qu'elle a fait de mieux, le personnage étant beaucoup plus intéressant et abouti que Poirot) et j'ai voulu continuer avec un wodunit d'un auteur contemporain (sans pour autant tomber dans le cosy mystery, il ne faut pas exagérer )
Et je suis tombé un peu par hasard sur ce livre d'Horowitz, assez belle découverte au demeurant.
Grâce à son expérience de réalisateur de séries policières pour la BBC, l'auteur a une bonne expérience des codes du genre policier et en fait une démonstration assez réussie.
Il adopte la structure assez intéressante, quel que soit d'ailleurs le genre littéraire, du roman dans le roman, ou si on préfère, de l'oeuvre en miroir. le genre n'est pas nouveau à ma connaissance le premier exemple en est la pièce dans la pièce de Hamlet.
L'histoire est vue principalement du point de vue de l'éditrice dans le "monde réel" du roman enchâssé, L'épitaphe de la pie, d'Alan Conway, consacré à son personnage fétiche, Fidèle Staupert. A ce sujet, certains lecteurs s'etonneront sans doute de voir que ce dernier porte le nom d'Atticus Pund (tout aussi improbable d'ailleurs) sur la quatrième de couverture. Ce mystère n'en est pas un et l'explication en est simple : le nom du personnage est d'un anagramme (qui fait partie de la solution de l'énigme), les lettres de son nom formant une phrase composée de mots ayant chacun pour initiales l'une desdites lettres. Pour que le procédé fonctionne en français, le traducteur a été conduit à modifier le nom du personnage. Mais l'auteur de la quatrième de couverture s'est contenté de traduire sans l'adapter celle de l'éditeur anglais.
L'univers littéraire créé par Conway est très largement démarqué, pour ne pas dire plus) de celui d'Agatha Christie.
Fidèle Staupert a beaucoup de points communs avec Hercule Poirot :
Il est étranger (Allemand au lieu de Belge ), réfugié de guerre, solitaire et maniaque, petit et très soigné de sa personne ), il a son Hastings (lui-même héritier du Dr Watson).
Saxbury-on -Avon est le clone de St Mary Mead, le village de Jane Marple.
Et on pourrait continuer.
Mais c'est un univers dégradé. Les personnages de Conway n'ont pas la dignité de ceux d'Agatha Christie, je dirais presque qu'ils en représentent le côté le plus sombre. C'est un univers étriqué où l'on ne retrouve pas le charme de la "vieille Angleterre", idéalisée certes, si présent chez Agatha Christie.
Et "L'epitaphe de la pie" est un mauvais roman, mal écrit, les personnages s'expriment de manière stéréotypées, avec des tirades invraisemblables. D'ailleurs Conway, malgré son succès et ce qu'en disent les personnages du "Monde réel" est un mauvais écrivain. Horowitz l'a voulu tel, et il se livre avec L'epitaphe de la pie " à un assez bel exercice de virtuosité, que l'on retrouve sous une autre forme, dans le Monde réel" avec les quelques pages d'un roman non publié que Conway est soupçonné d'avoir plagié, et qui, de fait, est nettement pire que la prose de Conway lui même.
Venons-en maintenant au monde réel lui-même, à celui du roman où est enchâssé celui de Conway, et qui nous est dépeint avec une qualité d'écriture très supérieure.
Nous prenons connaissance de L'epitaphe de la pie à travers la lecture qu'en fait l'éditrice (au sens anglo-saxon du terme) de Conway. Mais il manque les trois derniers chapitres de l'ouvrage. L'action du livre est consacrée à la recherche des chapitres manquants et du meurtrier d'Alan Conway, qui sont étroitement liés, avec de multiples renvois de l'un à l'autre.
Le tout constitue un double roman policier, avec tout ce qu'on est en droit d'y chercher : énigmes, enquêtes, fausses pistes, révélations finales, dans une structure originale et bien maîtrisée et constitue aussi une réflexion intéressante sur l'objet roman policier, son fonctionnement et ses limites.
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