AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,69

sur 21 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Je sens que nous avons atteint un palier où nous accueillerons l'oubli avec soulagement" (p177)

Encore un auteur talentueux et méconnu. Un de plus.
J'ai eu beau chercher sur le net, il n'y a pas grand chose sur le bonhomme :
Julius Horwitz. 1920-1986. New-yorkais.
Qu'il a écrit neuf livres dont deux seulement on été publiés en France. Qu'il a exercé plusieurs années comme assistant social, job dont il a puisé quelques inspirations pour créer certains de ses personnages de roman. Qu'il a ensuite poursuivi une carrière dans la recherche (?)
Que Natural enemies (1975) a été adapté au cinéma en 1979.
~
Quel meilleur guide qu'un assistant social New-yorkais pour nous trimballer dans les rues de Gotham.
Avec lui, j'ai replongé dans le "Old New-York" de ce cher Hubert Selby. Ce bon vieux N.Y crasseux et craignos, des années 60/80's. Celui-là même qui est gravé sur mes galettes de Hardcore, ce N.Y qui suinte le Jazz et les coups foireux.
*_"le train de Penn Central a longé les mornes bâtiments du Bronx. Il a traversé le pont à la hauteur de la 138e rue. J'ai regardé l'eau sale de l'East River. Cette eau où ne survivent que les anguilles si repoussantes que les pêcheurs qui les attrapent n'osent pas les manger.
Nous sommes entrés dans la station de la 125e à Harlem. Cette rue où dorment les magasins cadenassés, avec leurs devantures condamnées par un contreplaqué d'un centimètre et demi d'épaisseur. Les trottoirs qui jadis grouillaient de jour comme de nuit, sont absolument déserts. Les gens ont si peur les uns des autres qu'ils se sont enfuis. Harlem n'existe plus. Il ne reste plus que les drogués abandonnés à eux-mêmes, et ceux qui n'ont pas encore pu se sauver. Harlem est mort, comme Greenwich Village, et comme tous les quartiers de New-York, qui autrefois faisaient confiance aux vivants pour les animer".
~
Paul est éditeur, il bosse sur Manhattan pour le New-York Times, mais vit dans le Connecticut avec sa femme: Myriam et leurs trois enfants : Tony, 16ans ; Sheila, 14 et Alex 11ans. Cléo, leur chienne, complète la famille.
Ces deux vieux amis, Rosenthal et Baker, sont également de la partie.
Une petite vie proprette...en apparence...
* (p15) _Je ne pense pas avoir dormi plus de dix minutes cette nuit là. Sans savoir jamais si j'étais éveillé, endormi, perdu ou mort.
Dans cet instant qui précède le lever du jour, dans cette lumière plus somptueuse que les couleurs même de Rembrandt, je me suis entendu dire à haute voix : "C'est aujourd'hui que tu vas prendre ton fusil Remington dans l'armoire, le charger de quinze cartouches et te tirer une balle dans la tête après avoir tué Myriam, Tony, Alex et Sheila...tu feras ça vers 20h15, lorsque tu reviendras de New-York par le train de 17h30, juste au moment où Myriam t'appellera pour dîner..."
~
Julius Horwitz met nos nerfs à rude épreuve. C'est noir, malsain et prenant.
Ces 300 pages ont une odeur de mort.
Les chapitres sont marquées par les heures de cette putain de journée. L'histoire commence à 6h, les chapitres se succèdent lentement, 6h35...7h12...9h05... jusqu'à......
Nous restons en compagnie de Paul, tout du long du bouquin, on voyage en train jusqu'à Grand Central, on passe à l'ONU, on rencontre ses potes dans les bars, on assiste à leurs conversations où ils relatent des souvenirs anciens, échangent des points de vue sur la marche du monde, on s'interrogera sur Paul qui n'a pas l'air dans son assiette, Paul qui se confiera sur son couple, sa vie. On ira voir aussi quelques monuments pour une possible dernière fois, on fera un petit détour par le lupanar du coin, histoire de... plusieurs fois on parlera avec Myriam au téléphone, elle aussi n'a pas trouvé Paul dans son assiette ces derniers jours. On cogite, on gamberge, on planifie, on doute, on temporise, on espère, on se remémore, puis on rentre à la maison, par le train de 17h30, comme prévu.
~
Bien qu'il ne soit pas mort, le fantôme de Jean-Claude Romand à flotté autour de moi pendant ma lecture.
L'auteur à su garder une tension, un suspens en nous faisant témoins impuissants du mal être, en nous partageant les reproches, les ratés, les non-dits du couple.
On les écoute, on essaye de comprendre, on aimerait bien pouvoir faire un petit quelque chose... mais, descendu à ce stade là, y'a t-il encore quelque chose à comprendre, un truc à faire ? Non... à part tourner les pages en guise d'espoir et à croiser les doigts...
Quoi ? Ça marche pas croiser les doigts ? J'avais quand même pas prier, non! シ



Commenter  J’apprécie          105
C'est un roman coup de poing, glaçant, terrible, sans concession. On peut le voir comme l'envers du décor du rêve américain mais il est transposable à n'importe quel coin du globe où on ne vit pas uniquement pour sauver sa peau ou pour trouver de la nourriture. On est dans les sphères très aisées des familles unies, des demeures cossues où le confort et la qualité de vie sont tels qu'on peut se préoccuper d'écologie et d'alimentation bio…Il date de la moitié des seventies mais il est parfaitement d'actualité sauf pour New York qui n'est plus l'enfer de l'époque. Ce roman noir est vraiment fortement déconseillé aux personnes psychologiquement fragiles.

Paul Steward, journaliste renommé, éditeur à succès a décidé qu'il tuerait sa femme et ses trois enfants avant de se suicider ce soir au moment du dîner. C'est simple, implacable et nous allons vivre heure par heure sa dernière journée au bureau en espérant que ses rencontres, son vécu vont lui faire changer d'avis, retrouver la raison. Apparemment, il a tout pour lui : réussite professionnelle, une vraie famille avec trois beaux enfants même si sa femme artiste souffre de dépression, une vie que tout le monde est prêt à lui envier mais que lui ne supporte pas ou plus.

Tout au long de cette journée étouffante, on va espérer l'acte ou la parole qui va le réveiller. Au fil des pages de plus en plus tendues quand approche la fin, on tente de comprendre ce qui le motive, quel est son mobile. Pour ma part, je n'ai rien trouvé à part la folie, la dépression de sa femme comme le rejet de la société capitaliste ne justifiant pas de si lamentables desseins. Et l'horreur dans « Natural Enemies »… pas de justifications, pas de causes plausibles ou visibles…

Les derniers chapitres sont effroyables.

Vous n'êtes pas près de connaître à nouveau un tel choc, ce roman est un authentique chef d'oeuvre noir mais soyez bien préparés à la tragédie que vous allez lire.
Commenter  J’apprécie          60


Lecteurs (56) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2867 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}