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Critique de Gerard17200


Anéantir est un roman sur une génération désenchantée. Un roman sur une société désincarnée, déshumanisée où les repères traditionnels ont volé en éclats.

Houellebecq n'est pas du genre à écrire des romans pour la série Harlequin. Il n'y a pas de Prince charmant, il n'y a pas de Belle au bois dormant. C'est plutôt cynique, glauque, pathétique. Il est difficile de s'attacher aux personnages. En fait, on n'en a pas du tout envie. Ils traînent tous leur problèmes, les casseroles sont nombreuses.

Néanmoins, Houellebecq a du flair : il sait saisir les fluctuations et les petites variations de notre société. Il est lucide, ce qui explique son côté cynique. En fait, il nous dit qu'on va droit dans le mur. D'ailleurs il n'est pas le seul à nous prévenir. Que ce soit sur le plan économique, social, politique, écologique, notre société occidentale, mais probablement la planète toute entière, va droit dans le mur.
L'anéantissement nous guette !

Ce roman débute fin 2026. Paul est un haut fonctionnaire de l'administration et travaille au service de Bruno, le ministre de l'économie. Dans quelques mois, ce sera l'échéance électorale. le président sortant va laisser sa place, il a fait deux quinquennats et ne peut en briguer un troisième de suite.

Dans ce roman, il va donc être question de politique. Les hommes politiques et leurs communicants : comment gommer les aspérités afin de plaire au plus grand nombre ? le contenu passe désormais au second plan. Ce qui compte, c'est l'apparence : vous pouvez dire les pires imbécilités, si vous les dîtes avec conviction, charme et sourire, c'est gagné !

Dans ce roman, il va également être question de la cybercriminalité. le Net et les réseaux sociaux sont incontournables. On y diffuse toutes sortes de fake news dans lesquelles se dissimulent de vrais attentats. La DGSI a du pain sur la planche, il faut démêler le vrai du faux !

Le couple et la famille vont également se tailler la part belle dans ce roman. Enfin, « belle » est une vue de l'esprit car ça sent pas mal la décomposition, la déstructuration. A noter néanmoins que le tableau n'est pas si sombre que cela, Houellebecq y apporte quelques lueurs d'espoir. Ouf !

La maladie et la fin de vie vont également être évoquées. AVC, milieux hospitaliers, EPHAD, infirmiers, médecins, suicide, cancer… quand je vous disais qu'on n'est pas dans la collection Harlequin !! On comprend mieux le titre du roman.

Les sujets abordés sont très bien documentés. On n'écrit pas un tel roman en trois coups de cuiller à pot ! Je vous ai peut-être sapé le moral en écrivant cette chronique. Pourtant je vous en recommande la lecture pour son écriture, son style, sa construction et, bien sûr, son contenu.


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