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EAN : 9782290404331
896 pages
J'ai lu (28/02/2024)
3.67/5   1433 notes
Résumé :
Dès qu’ils atteignirent les premières forêts il comprit que ce voyage était une excellente idée, et qu’ils allaient pendant ces quelques jours être très heureux, peut-être pour la dernière fois ; c’était certainement, en tout cas, leur dernier voyage. Prudence conduisait bien, elle était au volant calme et sûre. Ils parlaient peu, mais ce n’était pas nécessaire ; le paysage, très beau dès leur entrée en Bourgogne, devint splendide tout de suite après Mâcon, dès qu’i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (263) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 1433 notes
Toujours cynique, souvent caustique, Paul Raison promène sa dépression dans les longs couloirs déshumanisés du Ministère des Finances français.
Son mariage est au point mort, et seule sa relation de confiance avec le ministre semble le raccrocher encore à un semblant d'humanité.
Alors que des attentats numériques d'une portée internationale menace l'équilibre du monde, le président réélu en 2022 ne peut se représenter après un deuxième mandat. Bruno Juge, le ministre des Finances, semble être le mieux placé pour lui succéder.
Nous sommes en 2027. Bienvenue dans le nouveau roman de Michel Houellebecq.

Peut-être son livre le plus accessible, avec un personnage plus humain que jamais. Car derrière la mise en scène du bourgeois occidental désabusé - mais lucide - se cache une profonde réflexion sur la condition humaine.
Comment vieillir, mourir et éviter de s'anéantir ?

Le monde est au bord du gouffre, mais face au vide civilisationnel se reflète aussi un néant existentiel.
Le vide fascine. Sur quelle île de compassion se réfugier pour éviter de tomber dedans ?
La famille, la foi, l'engagement, la spiritualité, et l'amour toujours. L'amour et la passion. Comment résister à l'anéantissement définitif ?

Cela aurait pu s'appeler "Affronter", ça s'appelle "Anéantir" et c'est un livre plus positif qu'il n'y paraît.
À lire pour découvrir cet auteur controversé. À lire aussi en se moquant du nom sur la couverture, car c'est sans conteste un grand roman de cette rentrée.
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Décrépitude des corps mais pas des sentiments.
J'ai mis du temps à digérer le dernier Houellebecq avant de pouvoir gratter ces quelques lignes. Il faut dire qu'avec ses 730 pages dans un format de pavé cartonné inédit qui se veut éternel alors que le récit flirte avec le sapin, autant oublier la résolution de mettre sa bibliothèque au régime.
Si je m'étais lancé dans ce billet tête baissée dès la dernière page tournée, le verdict n'aurait pas brillé par sa nuance : roman inabouti, thriller en panne sèche à mi-parcours, record olympique de répétitions, provocateur en mal de polémiques... le bouquin prenait perpette et finissait dans une boîte à livres entre un vieil annuaire et un Sulitzer écorné (avez-vous remarqué que les boîtes à livres sont souvent des cimetières d'anciennes gloires éphémères ?). J'ai retenu mes mots de doberman en laisse car j'avais conscience que mon ressenti restait trop à la surface de l'histoire. J'ai souvent le cerveau qui flotte.
Avec davantage de recul, ma déception s'est muée en admiration. Oui, j'ai les convictions qui varient autant que celles d'un électeur entre deux scrutins. Alors, pourquoi ce retournement de pyjama (j'enlève ma veste pour lire dans mon lit) ?
J'ai d'abord compris que Houellebecq s'amuse quand il écrit et qu'il ne s'interdit aucune liberté. "La Possibilité d'une île", roman qui m'avait décu au moment de sa sortie, relevait selon moi de la même démarche. Ici, si son histoire d'étranges attentats et de campagne présidentielle dans les pas d'un clone de Bruno Lemaire s'efface peu à peu pour devenir un simple décor en carton, ce n'est pas parce que l'auteur était dans une impasse romanesque mais parce qu'il souhaitait passer ainsi d'un moment collectif un peu artificiel à la vraie vie.
La seconde partie du roman, la meilleure à mon goût, laisse donc les personnages fuguer de l'histoire. Il n' y a rien d'innocent dans ce changement de cap. Chacun est plus concerné par les affres de son quotidien que par les grandes affaires du monde. Et quand la maladie, la mort et l'amour s'invitent dans l'existence, l'actualité passe au second plan. Traduire cela par une bifurcation de genre au cours du récit est assez bluffant.
Ces épreuves vont raviver la flamme d'un couple d'énarques qui ne partageaient plus qu'un appartement et quelques politesses par consentement mutuel. L'AVC d'un père va réunir une famille qui s'était perdue de vue. Entre une soeur dévouée et guidée par Dieu, un frère sous le joug d'une harpie prête à tout, un père au passé mystérieux et un ministre habité par sa mission, le romancier s'écarte de son personnage habituel revenu de tout pour aller nulle part.
Il s'humanise le Michel, fait de la maladie et de la mort, l'occasion d'oublier les vieilles rancunes, de chasser les regrets et de consacrer les derniers moments de la vie à l'affection des siens. de Huysmans à Saint Augustin !
Comme on est chez Houellebecq, le naturel revient souvent comme un canasson emballé, la prose reste urticante. Il n'épargne au lecteur aucun détail dans les parcours de soin, c'est chimio vue d'IRM, et il prend plaisir à choquer son monde par des scènes de sexes qui s'affranchissent des limites. La politique ne sort pas non plus vraiment grandie de cette histoire qui voit un ancien animateur télé briguer en favori la présidentielle au royaume des apparences. J'ai déjà vu cela quelque part peut-être...
Avec ce romancier clivant et agaçant à souhait, je continue à penser que l'époque a trouvé sa plume.
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Quel plaisir d'avoir un bel ouvrage entre les mains !

Flammarion nous offre une reliure … puisse cet exemple inspirer d'autres éditeurs afin que nous retrouvions des livres solides pouvant être lus et relus. Souhaitons également qu'en 2027 nos imprimeurs auront investi et que les prochains Houellebecq seront imprimés en France et non plus en Italie. Exprimons enfin le voeu que les majuscules retrouvent leurs droits et places en couverture !

Anéantir est une dystopie qui me laisse une impression d'inachevé car, finalement, qui sont ces terroristes qui coulent les navires et qui sont ces « fachos » qui secourent les vieillards emprisonnés dans les EHPAD ?

Mais « il faut savoir Raison garder » et le romancier a un réel talent pour peindre cette famille avec ses anges Madeleine et Prudence, son démon Indy et narrer leurs amours et désamour, en jetant un regard noir sur la GPA et ses dérives californiennes, et en observant nos ainés déclinants.

C'est aussi une projection sur la campagne présidentielle 2027, vue depuis les bureaux de Bercy, et sur le fonctionnement du ministère de la culture et la sauvegarde de notre patrimoine ; c'est également une enquête sur nos services de renseignement mais celle ci est tellement enfantine avec ses croquis que le lecteur a l'impression de lire un club des cinq !

C'est enfin une réflexion sur la vie, la maladie et la mort et celle ci est fort émouvante car qui n'est confronté à ces réalités et conduit à s'interroger sur la condition humaine.

Anéantir est donc constitué de plusieurs intrigues imbriquées les unes dans les autres et certaines ne semblent pas achevées au terme de la lecture … mais l'auteur prépare sans doute une suite ?

Véritable page turner, ce livre se lit aisément mais j'avoue ne pas avoir compris ce que les rêves et les cauchemars de Paul apportent à la narration.

Critique acerbe de notre société que les experts et technocrates compliquent un peu plus chaque jour, l'intrigue est portée par un certain optimisme dont la trace était invisible dans les parutions précédentes de Houellebecq. Est ce du au positivisme de Conan Doyle et au réalisme de Sherlock Holmes qui dope le héros ?
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Nous sommes en 2027, quelques mois avant l'élection présidentielle. Paul Raison, inspecteur du Trésor de 47 ans, travaille au Cabinet du ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Juge (clone de Bruno le Maire), dont il est très proche. le père de Paul, Edouard, un ancien de la DGSI, a eu un très grave AVC dont l'issue sera probablement fatale. Avec la femme de Paul, Prudence, il ne se passe plus rien : ce sont deux étrangers qui cohabitent dans un splendide duplex sur le parc de Bercy. Paul a une soeur bigote mais au fond très humaine, Anne-Cécile, qui est mariée à un notaire au chômage, tous deux habitant Arras et votant RN, et un frère, Aurélien, qui travaille comme restaurateur d'oeuvres d'art au Ministère de la Culture et est marié à un dragon, la perfide Indy , personnage le plus négatif du roman (et qui m'a beaucoup fait rire). La campagne présidentielle se déroule sur fond d'attentats terroristes très bizarres, qui, du moins au début, ne font pas de mort ; on ne voit pas très bien qui en est à l'origine ni ce qu'ils revendiquent. ● Je trouve ce roman extrêmement réussi, à tel point que je me demande si le battage médiatique qui est fait autour ne le dessert pas, si l'éditeur n'aurait pas mieux fait de compter davantage sur ses qualités intrinsèques pour obtenir le succès. ● C'est un roman d'une grande richesse, qui entremêle à la fois plusieurs genres et plusieurs thématiques. En effet, on y retrouve, entre autres, le genre de la chronique familiale avec la famille Raison, dont tous les membres ont droit à de superbes portraits, la plupart du temps en action. Houellebecq est un maître dans l'art de caractériser les personnages : une fois croisés dans le roman, on ne risque pas de les oublier. Mais il y a aussi une composante thriller d'espionnage avec les attentats et leur décryptage. Et bien entendu Houellebecq demeure un analyste de la société. Son roman d'anticipation lui permet de porter un jugement sur notre société actuelle, d'autant que ce livre paraît, comme l'histoire qu'il raconte, au début d'une campagne présidentielle. La dimension philosophique est également loin d'être absente de ce roman protéiforme et l'on retrouve le regard désenchanté, mais pas désespéré, sur la vie (et sur la mort) de l'auteur. ● S'agissant des thématiques abordées, on ne peut pas toutes les citer, tant elles foisonnent : la vie politique française, la fin de vie, le déclin (de la personne, de la société), la médecine, le couple, les enfants, l'amour, le sexe, la magie blanche… Par exemple, n'a-t-on pas ici une belle définition de l'amour : « Est il vrai qu'on ne change pas, même physiquement, pour des yeux aimants, que des yeux aimants sont capables d'annihiler les conditions normales de la perception ? Est il vrai que la première image qu'on a laissée dans les yeux de l'aimée se superpose toujours, éternellement, à ce qu'on est devenu ? » Et là, dans le rapprochement des deux citations suivantes, une belle approche de la condition humaine : « [T]oute vie, songeait il, est plus ou moins une fin de vie. » – « Ce qu'il ne supportait pas, il s'en était rendu compte avec inquiétude, c'était l'impermanence en elle-même ; c'était l'idée qu'une chose, quelle qu'elle soit, se termine ; ce qu'il ne supportait pas, ce n'était rien d'autre qu'une des conditions essentielles de la vie. » ● J'ai aussi trouvé que le style de Houellebecq était meilleur que dans les autres livres que j'ai lus de lui ; d'habitude je le trouve un peu plat. Ici il a gagné à la fois en musicalité et en précision. ● J'ai lu et entendu que dans ce livre on trouvait un Houellebecq apaisé, et je suis assez d'accord avec cette affirmation, même si certains passages, par exemple sur la Révolution française, sur Rousseau ou sur Joseph de Maistre, sont concoctés pour faire réagir (ou encore le délicieux passage sur l'émission « C Politique » ! (voir mes citations)). Il n'en reste pas moins que le sentiment que donne l'ensemble du roman est celui d'un désenchantement apaisé, avec lequel une vie est somme toute possible. ● Deux bémols cependant : d'une part les nombreux rêves dont l'auteur parsème son récit. Je n'aime pas du tout lire les rêves des personnages, ils me paraissent toujours ennuyeux car ils nous font sortir de l'histoire ; je n'ai pas trouvé ce qu'en l'occurrence ils apportaient au roman, je n'ai pas non plus cherché à approfondir le lien qu'ils pouvaient avoir avec l'histoire. ● D'autre part, Houellebecq termine son livre en remerciant notamment les médecins qui lui sont venus en aide. Or je trouve que c'est dans ce domaine que la vraisemblance est la plus fragile. En bref (je n'en dis pas plus pour ne pas divulgâcher l'histoire), ça ne se passe pas comme Houellebecq le raconte. ● Il n'en reste pas moins qu'on a affaire ici à un grand roman, qui associe – chose rare – la qualité littéraire au plaisir de lecture qu'on y prend : c'est à la fois une oeuvre magnifique et un page-turner qu'on dévore. Une très grande réussite.
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730 pages de rêves. Un simili thriller politique genre méditation plus métaphysique que transcendantale. Une fois de plus le « génie littéraire français » se joue de nos questions angoissantes d'homme blanc engoncé, qui dans un costume trois pièces Hugo Boss, qui dans un chino soldé chez Bexley, magasin du boulevard Henri IV, qui dans un modèle 501 de Levis, braguette à boutons, moins pratique pour pisser, qui dans un polo Ralph Lauren manches longues. La liste n'est pas exhaustive, j'oubliais les fumeurs de Marlboro, contrebande espagnole remontée par des Fast Tracks, revendue trois fois son prix d'achat sur les boulevards.
Comment ce diable d'auteur sait-il que j'angoisse en 2027, façon 2022, avec un Zemmour tonitruant qui s'invite dans le débat comme un Judas honteux, le Pen qui dévisse façon cruciforme, Pécresse en belle-fille adorée des mères françaises, Macron égal à lui-même et une gauche en capilotade comme le nez et les joues d'Athanase Georgevitch le héros de Gaston Leroux dans Rouletabille chez le tsar, après l'éclatement de la bombe.
Je suis Paul Raison, 47 ans, haut fonctionnaire au ministère de l'économie et des finances, et mon père, Edouard, ancien agent secret est en train de mourir, alors que des attentats se déploient sur le territoire, ceci n'ayant rien à voir avec cela sauf pour l'homme blanc que je décris dans le premier paragraphe de cette chronique…
Ma femme, Prudence, ressemble à s'y tromper à Carrie-Anne Moss, l'actrice qui joue Trinity dans Matrix. Elle pourrait être une mère idéale pour les enfants que je désire mais je ne me résous pas à lui en faire un, non par conviction rousseauiste (je parle de Sandrine, pas de Jean-Jacques, vous l'aurez compris…) mais par simple angoisse plus qu'existentielle.
J'ai tout pour être heureux, Bruno (oui le vrai, mon patron) va se présenter au poste suprême dans la hiérarchie politique française et devrait m'emmener à l'Elysée dans ses valises…
Autrefois, il m'est arrivé de prier en l'église Notre-Dame-de-la-Nativité de Bercy, quai oblige, et je me repais toujours des paysages du Beaujolais et de leur production vieille de décennies sinon de siècles, malgré la farce annuelle du troisième jeudi de novembre qui sacrifie au désir de nouveauté des populations du monde entier.
Si vous êtes en train de lire « Certains lundis de la toute fin novembre, ou du début décembre, surtout lorsqu'on est célibataire, on a la sensation d'être dans le couloir de la mort. » vous n'êtes ni au bout de vos peines, ni au bout de vos surprises, vous avez la chance, heureux élus de l'aristocratie littéraire et journalistique, de commencer à vivre la vie de Paul Raison qui pour les lecteurs plébeïens verra le jour le 7 janvier…

Ajout du 31 janvier 2022 :
Après cette première lecture, j'ai scanné le texte, en reprenant mes notes de lectures, possibilité incomparable offerte par les fonctions de la liseuse.
J'ai retrouvé les nombreuses références aux symboles des années 1970-1980 et j'en ai fait deux quiz que vous pourrez jouer :
https://www.babelio.com/quiz/58162/Aneantir-la-nostalgie-Houellebecq
https://www.babelio.com/quiz/58181/Aneantir-la-nostalgie-Houellebecq-2

Anéantir contient plusieurs romans et plusieurs clefs de lecture :
- le récit des attentats terroristes qui reste inachevé
- le récit de l'élection présidentielle de 2027 à laquelle le Président en exercice ne peut se présenter puisqu'il a été réélu en 2022 (suivez mon regard). On y voit le président pousser la candidature d'un certain Benjamin Sarfati dont le "niveau en économie est celui d'un BAC G"...il est pour cette raison associé à Bruno Juge (avatar de Bruno LeMaire)...La coach Solène Signal, présidente du cabinet de consultant Confluences, se charge de faire monter les deux candidatures en puissance...
- Les rêves de Paul Raison émaillent le récit, et l'on croirait à des exercices imaginés par Sigmund Freud lui-même pour entraîner ses disciples à l'interprétation des rêves...
- Les histoires des différents couples est aussi un fil conducteur qui permet de mettre en perspective l'évolution des relations hommes femmes et de la lancinante question de la place de l'amour et du sexe dans notre société.

De ces différents points de vue, le roman réalise une coupe transversale des raisons qui ont conduit la société française à évoluer des trente glorieuses insouciantes à la société anxiogène que nous connaissons.
On retrouve dans Anéantir, mises en situation, nombre d'analyses proposées par Jérôme Fourquet dans L'archipel français...

C'est un roman à lire que l'on soit houellebecquien ou pas !


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critiques presse (18)
LeSoir
19 mars 2024
Ce roman de la mort et de l'anéantissement est éclairé d'une lumière d'espoir qui donne à l'écrivain désabusé un relief inattendu.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LesInrocks
06 janvier 2023
Il y a exactement un an sortait “Anéantir” de Michel Houellebecq. Un succès critique étonnement général, à de très rares exceptions près comme à L’Obs, Médiapart et aux Inrocks.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LesInrocks
04 mai 2022
Le huitième roman de l'auteur Michel Houellebecq n'est pas le carton annoncé.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
FocusLeVif
03 mai 2022
Mêlant thriller politique et roman intimiste, Michel Houellebecq dresse un constat désabusé du monde. Seules lueurs d'espoir: l'amour et la compassion.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Lexpress
17 janvier 2022
A l'intérieur, un roman qui démarre agréablement, avec un peu de suspense, mais bientôt s'enlise, par paresse du style et de l'intrigue. Houellebecq ne surprend plus et donne l'impression de se citer en permanence avec des phrases d'un pessimisme convenu [...].
Lire la critique sur le site : Lexpress
LesInrocks
13 janvier 2022
Anéantir est le livre le plus politique de Houellebecq, directement situé dans les arcanes du pouvoir. C’est aussi un drôle de livre, sorte de collage hétéroclite de plusieurs textes […]. Le tout sans cesse traversé par la situation politique de la France, du mois de décembre jusqu’à l’élection présidentielle au printemps.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LeDevoir
09 janvier 2022
Une plongée dans les arcanes politiques doublée d'un chassé-croisé familial sur la condition humaine.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeFigaro
08 janvier 2022
L’auteur français le plus lu à l’étranger signe un roman virtuose sur un monde au bord du chaos.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
07 janvier 2022
Ambitieux et complexe, entrecroisant les genres, les styles et les thématiques, le nouveau roman de l’écrivain français propose une expérience immersive dans un monde contemporain confus, éparpillé et creusé d’antagonismes.
Lire la critique sur le site : Telerama
SudOuestPresse
07 janvier 2022
Anéantir est surtout un grand roman sur les questions de santé, de médecine et de fin de vie. Le Covid a-t-il été vaincu en 2027, ou n’est-ce plus qu’un virus dont on ne parle jamais, comme la grippe ? Le mot n’apparaît pas une seule fois. Le narrateur, positionné en surplomb, est travaillé par la question de la mort dans nos sociétés occidentales. Et Houellebecq y plaide une fois de plus contre l’euthanasie.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LesInrocks
07 janvier 2022
Anéantir est le livre le plus politique de Houellebecq, directement situé dans les arcanes du pouvoir. C’est aussi un drôle de livre, sorte de collage hétéroclite de plusieurs textes, qui commence comme un roman d’espionnage, avec une enquête sur de mystérieuses vidéos envahissant le Net dont la dernière montre la décapitation (fictive) de Bruno Juge, puis mute en saga familiale, à travers la famille de Paul réunie autour du père, Édouard, victime d’un AVC.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LesInrocks
07 janvier 2022
Que l’écrivain soit réactionnaire, ce n’est pas nouveau, mais les remarques dont il émaillait jusque-là ses romans étaient désespérées, nihilistes, sombres, souvent justes, et très drôles. Ici, elles sont seulement amères, beaufs, excluantes, voire haineuses.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Culturebox
06 janvier 2022
L'amour est omniprésent dans ce nouveau roman. L'écrivain avait déjà amorcé cette tendance dans Sérotonine, il la creuse, comme si l'âge avançant, il s'était mis à croire en l'amour. Un autre personnage entre en scène dans ce roman : la mort, ce qui paraît plus naturel, l'âge avançant. Ce sujet, dont Michel Houellebecq se saisit sans cynisme, donne à ce nouveau roman parmi ses plus belles et bouleversantes pages, sous l'angle de la fin de vie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeFigaro
06 janvier 2022
L’écrivain français le plus connu dans le monde revient avec un huitième roman, à paraître le 7 janvier. Une somme crépusculaire de plus de 700 pages sur les maux de notre société.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaTribuneDeGeneve
06 janvier 2022
Cette longue fiction ne devrait pas manquer de susciter exégèses et débats politiques.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
RevueTransfuge
06 janvier 2022
Mais Houellebecq répète, provoque, déborde, ratiocine et l’on applaudit. C’est ainsi. Il signe de grands romans souffreteux, mais il les réussit mieux que d’autres, qui font de petits romans bien portants.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Bibliobs
06 janvier 2022
« Anéantir », le roman de Houellebecq, le plus politisé, le plus catholique et... le plus raté.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaCroix
06 janvier 2022
En librairie le 7 janvier, le nouveau roman de Michel Houellebecq dresse le tableau d’une société vide de spiritualité, qui rejette la faiblesse et la vieillesse.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (303) Voir plus Ajouter une citation
C’est au fond tout récemment que les codes de politesse en vigueur dans le milieu de Paul avaient inclus l obligation de dissimuler sa propre agonie. C était d abord la maladie en général qui était devenue obscène, le phénomène s’était répandu en Occident dès les années 1950, d’abord dans les pays anglo-saxons ; toute maladie, en un sens, était maintenant une maladie honteuse, et les maladies mortelles étaient naturellement les plus honteuses de toutes. Quant à la mort elle était l’indécence suprême, on convint vite de la dissimuler autant que possible. Les cérémonies funéraires se raccourcirent - l’’innovation technique de l’incinération permit d’accélérer sensiblement les procédures, et dès les années 1980 les choses étaient à peu près pliées. Beaucoup plus récemment on avait entrepris, dans les couches les plus éclairées et les plus progressistes de la société, d’escamoter également l’agonie. C était devenu inévitable, les mourants avaient déçu l’espoir qu’on plaçait en eux, ils avaient souvent rechigné à envisager leur trépas comme l’occasion d’une méga teuf, des épisodes déplaisants s’étaient produits. Dans ces conditions, les couches les plus éclairées et les plus progressistes de la société étaient convenues de passer l’hospitalisation sous silence, la mission des conjoints ou à défaut des parents les plus proches étant de la présenter comme une période de vacances. Dans le cas où elle se prolongerait, la fiction déjà plus hasardeuse d’une année sabbatique avait parfois été utilisée par certains, mais elle n’était guère crédible en dehors des milieux universitaires, et de toute façon elle n’était plus que rarement nécessaire, les hospitalisations prolongées étaient devenues l’exception, la décision d’euthanasie était généralement prise en quelques semaines, voire en quelques jours. La dispersion des cendres était opérée anonymement, par un membre de la famille quand il s’en trouvait, sinon par un jeune clerc de l’étude notariale. Cette mort solitaire, plus solitaire qu’elle ne l’avait jamais été depuis les débuts de l’histoire humaine, avait récemment été célébrée par les auteurs de différents ouvrages de développement personnel, les mêmes qui encensaient le dalaï-lama il y a quelques années, et qui avaient pris plus récemment le virage de l’écologie fondamentale. Ils y voyaient le retour bienvenu à une certaine forme de sagesse animale. Ce n’étaient pas seulement les oiseaux qui se cachaient pour mourir, selon le titre francisé du célèbre best-seller d’une auteure australienne, qui avait par ailleurs donné lieu à une série télévisée encore plus célèbre et plus rémunératrice ; la grande majorité des animaux, et même lorsqu’ils appartenaient à une espèce au plus haut point sociale, comme les loups ou les éléphants, éprouvaient lorsqu’ils sentaient la mort venir le besoin de s’écarter du groupe ; ainsi parlait la voix de la nature dans sa sagesse immémoriale, soulignaient les auteurs de différents ouvrages de développement personnel.
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« La vraie raison de l’euthanasie, en réalité, c’est que
nous ne supportons plus les vieux, nous ne voulons même
pas savoir qu’ils existent, c’est pour ça que nous les
parquons dans des endroits spécialisés, hors de la vue des
autres humains. La quasi-totalité des gens aujourd’hui
considèrent que la valeur d’un être humain décroît au fur
et à mesure que son âge augmente ; que la vie d’un jeune
homme, et plus encore d’un enfant, a largement plus de
valeur que celle d’une très vieille personne ; je suppose
que vous serez également d’accord avec moi là-dessus ?

— Oui, tout à fait.

— Eh bien ça, c’est un retournement complet, une
mutation anthropologique radicale. Bien sûr, du fait que
le pourcentage de vieillards dans la population ne cesse
d’augmenter, c’est assez malencontreux. Mais il y a autre
chose, de beaucoup plus grave... » Il se tut à nouveau,
réfléchit encore une à deux minutes.

« Dans toutes les civilisations antérieures, dit-il
finalement, ce qui déterminait l’estime, voire l’admiration
qu’on pouvait porter à un homme, ce qui permettait de
juger de sa valeur, c’était la manière dont il s’était effecti-
vement comporté tout au long de sa vie ; même l’honora-
bilité bourgeoise n’était accordée que de confiance, à titre
provisoire ; il fallait ensuite, par toute une vie d’honnê-
teté, la mériter. En accordant plus de valeur à la vie d’un
enfant – alors que nous ne savons nullement ce qu’il va
devenir, s’il sera intelligent ou stupide, un génie, un
criminel ou un saint – nous dénions toute valeur à nos
actions réelles. Nos actes héroïques ou généreux, tout ce
que nous avons réussi à accomplir, nos réalisations, nos
œuvres, rien de tout cela n’a plus le moindre prix aux
yeux du monde – et, très vite, n’en a pas davantage à nos
propres yeux. Nous ôtons ainsi toute motivation et tout
sens à la vie ; c’est, très exactement, ce que l’on appelle le
nihilisme. Dévaluer le passé et le présent au profit du
devenir, dévaluer le réel pour lui préférer une virtualité
située dans un futur vague, ce sont des symptômes du
nihilisme européen bien plus décisifs que tous ceux que
Nietzsche a pu relever – enfin maintenant il faudrait
parler du nihilisme occidental, voire du nihilisme
moderne, je ne suis pas du tout certain que les pays
asiatiques soient épargnés à moyen terme. Il est vrai que
Nietzsche ne pouvait pas repérer le phénomène, il ne s’est
manifesté que largement après sa mort. Alors non, en
effet, je ne suis pas chrétien ; j’ai même tendance à consi-
dérer que c’est avec le christianisme que ça a commencé,
cette tendance à se résigner au monde présent, aussi
insupportable soit-il, dans l’attente d’un sauveur et d’un
avenir hypothétique ; le péché originel du christianisme,
à mes yeux, c’est l’espérance. »


pp. 452-454
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Lorsqu'elle revint, un peu après dix-neuf heures, Paul était à côté de son père, en face de la baie vitrée. Ils contemplaient le paysage qui était à présent, dans les rayons du soleil couchant, d'une beauté surnaturelle ; elle s'immobilisa, saisie. Son intention initiale était d'informer Édouard qu'elle allait emmener Paul, que c'était bientôt l'heure du dîner, et que Madeleine allait venir le chercher aussitôt après ; elle allait le faire, bien sûr, mais pas tout de suite, le dîner attendrait un peu, il lui paraissait impensable d'interrompre leur contemplation de ce coucher de soleil. Claude Gellée, dit « le Lorrain » avait fait parfois aussi bien, ou pire, dans certaines toiles, installant définitivement en l'homme l'enivrante tentation du départ vers un monde plus beau, où nos joies seraient complètes. Ce départ se passait généralement au coucher du soleil, mais ce n'était qu'un symbole, le moment véritable de ce départ était la mort. Ce soleil couchant n'était pas un adieu, la nuit serait brève et conduirait à une aube absolue, à la première aube absolue de l'histoire du monde, voilà ce qu'on pouvait en arriver à s'imaginer, pensait Paul, à force de contempler les tableaux de Claude Gellée, dit « le Lorrain », et aussi de contempler le soleil qui descendait sur les collines du Beaujolais.
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Le mardi 3 août en début d'après-midi, peu après que l'infirmière eut posé sa perfusion, il entama la lecture de Son dernier coup d'archet, plus exactement de la nouvelle éponyme, la dernière du recueil. Immédiatement avant que n'éclate la première guerre mondiale, Sherlock Holmes sortait de sa retraite consacrée à l'apiculture pour servir son pays et mener à bien la capture de l'espion allemand von Bork. Paul médita longuement sur la dernière page, qui ne pouvait pas être considérée comme le testament de Conan Doyle - il avait beaucoup écrit par la suite - mais peut-être comme celui de son personaage le plus illustre.
« Le vent d'Est se lève, Watson !

— Je ne crois pas, Holmes. Il fait très chaud.

— Cher vieux Watson ! Vous êtes le seul point fixe d'une époque changeante. Un vent d'Est se lève néanmoins : un vent comme il n’en a jamais soufflé sur l'Angleterre. Il sera froid et aigre, Watson ; bon nombre d'entre nous n’assisteront pas à son accalmie. Mais c’est toutefois le vent de Dieu ; et une nation plus pure, meilleure, plus forte, surgira à la lumière du soleil quand la tempête aura passé. Mettez en marche, Watson ; il est temps de partir. »

Paul ne croyait nullement que l'Angleterre, pas davantage qu’aucune autre nation européenne, soit sortie renforcée de la première guerre mondiale ; il lui paraissait au contraire évident que cette boucherie stupide était à l'origine de la phase terminale du déclin de l'Europe
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Bruno était en effet rentré découragé. Le président avait rendu son arbitrage en sa défaveur, et choisi de fermer une dizaine de centrales nucléaires, tout cela dans l’espoir de grappiller quelques voix écologistes qui étaient de toute façon acquises à la majorité, aucun écologiste ne voterait jamais pour le Rassemblement national, c'était ontologiquement impossible, tout au plus ces fermetures lui permettraient-elles d'éviter quelques abstentions. Bruno n était pas absolument hostile aux écologistes, il avait par exemple, de sa propre initiative, augmenté les déductions fiscales en faveur des économies d'énergie réalisées par les particuliers sur leur logement, mais il les considérait quand même globalement comme de dangereux imbéciles, et surtout il trouvait absurde de se priver du nucléaire, c'était un point sur lequel il n avait jamais varié. Pouvait-on citer un point sur lequel les convictions du président n’avaient jamais varié ?
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Vidéo de Michel Houellebecq
Guillaume Nicloux et l'éclectisme ne font qu'un, de la quinzaine de films qu'il a réalisé, il a exploré des genres bien différents. Cette fois-ci ci, il nous embarque en Guadeloupe aux côtés de Blanche Gardin et Michel Houellebecq, un duo pour le moins improbable...
À l'occasion de son film "Dans la peau de Blanche Houellebecq", sorti en salle le 18 mars 2024, il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Joel Saget / AFP
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