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Critique de Nastie92


Soumise, moi ? Jamais !
À aucune idéologie, à aucun gourou, à aucune religion.
J'aime trop ma liberté, d'agir et de penser.
Je veux pouvoir manger ce que je veux, quand je veux. Lire ce qu'il me plaît. Dire ce que j'ai envie de dire.
Je veux pouvoir m'habiller comme je l'entends, aller nager à la piscine ou courir en toute liberté.
Soumise, moi ? Jamais !
Cette volonté farouche d'indépendance qui m'habite ne m'autorise pas pour autant à faire et dire n'importe quoi.
J'habite en France et de ce fait, je dois respecter les lois françaises. Si j'allais m'établir dans un autre pays, j'en respecterais les lois. Ce sont les conditions de la vie en société : chaque habitant a l'obligation de vivre selon les lois du pays dans lequel il réside.

L'islam est actuellement un grand sujet de crispation, on marche sur des oeufs lorsqu'on en parle.
L'une des raisons principales est qu'il y a une grande confusion.
Dans l'esprit de beaucoup, tout se mélange : musulmans et islam, musulmans et islamistes.
Or, une religion n'est pas assimilable à ses pratiquants, pas plus que les pratiquants ne le sont aux pratiquants extrémistes.

J'ai grandi à Marseille dans les années soixante. À cette époque-là, en France, on ne parlait pas d'islam ou du moins, on n'en parlait pas différemment des autres religions, contrairement à aujourd'hui.
Pourquoi ? Parce que les musulmans ne se comportaient pas différemment des autres.
Nombre de mes camarades de classe étaient musulmans, et je l'ignorais, tout comme j'ignorais la religion des autres petits copains d'école. Parce que je m'en fichais, et parce que cela ne faisait aucune différence. Aïcha ou Mohamed, tout comme Sylvie ou Frédéric, mangeaient du jambon à la cantine, et leurs mères n'étaient pas voilées. D'ailleurs, à Marseille, seules les vielles femmes du "quartier arabe" portaient le voile ; les jeunes pas du tout, certainement bien heureuses de la liberté qu'elles avaient en France de ne pas le faire.
Comment se fait-il, alors que toute une génération s'intégrait bien ou commençait à bien s'intégrer, que ses descendants se replient sur une pratique plus rigoriste de la religion ?
Pratique, qui, concernant l'islam, me pose un vrai problème en tant que féministe puisque les femmes y sont considérées comme inférieures et impures, le voile en étant la manifestation ostensible.
Petite parenthèse : s'intégrer ne veut pas dire abandonner ses croyances et ses coutumes, mais adopter la façon de vivre de son pays, tout en gardant son identité.
La raison de cette évolution, à première vue paradoxale, est simple. Certains pays dans lesquels un islam "dur" est pratiqué ne voient pas d'un bon oeil le fait que des populations musulmanes puissent s'intégrer dans des pays non musulmans. Cela leur est insupportable. Dès lors, ils mettent tout en oeuvre pour l'empêcher, notamment par l'envoi massif d'imams prêchant la "bonne" parole, chargés de remettre les croyants dans le "droit" chemin.
C'est ainsi qu'une communauté se retrouve instrumentalisée, à son insu, empêchée de s'intégrer, et pire, que des familles déjà bien intégrées font petit à petit marche arrière. le mouvement est insidieux, mais les premiers effets font tâche d'huile et entraînent rapidement une grande partie de nos concitoyens musulmans.
À partir de là, tout s'enchaîne logiquement, et les revendications pleuvent, toujours plus nombreuses, empiétant toujours plus sur le domaine public, dans un pays devenu pourtant laïc après avoir longtemps subi le joug de la religion catholique : repas spéciaux, port de vêtements à caractère religieux, demande de créneaux réservés aux femmes dans les piscines, etc.
Je m'oppose et m'opposerai toujours farouchement à tout cela. Non pas par "islamophobie" (terme stupide s'il en est) mais pour deux raisons.
La première est que nous avons la chance d'être dans un pays laïc et que nous jouissons de fait d'une grande liberté que je tiens à préserver. La seconde est qu'en acceptant ces demandes nous ne rendons pas service aux musulmans... et surtout pas aux musulmanes.

J'ai des amis musulmans, et peux témoigner qu'ils sont les premiers à être vent debout contre tout cela parce qu'ils se rendent bien compte de la manoeuvre et qu'ils ont bien compris qui tirait les ficelles. Ils ne demandent qu'à vivre tranquillement en France, ne veulent pas de cet islam rigoriste, et ne veulent en aucun cas se voir imposer des pratiques religieuses que souvent ils ont fuies.
Pour les protéger, nous devons, collectivement, défendre notre laïcité bec et ongles.
Le résultat d'un récent sondage (février 2020) interpelle : 29% des musulmans de France pensent que la charia est plus importante que la loi de la République.(Référence mise en commentaire)

La liberté que nous avons en France n'a absolument pas cours dans grand nombre de pays dans le monde. Nous sommes privilégiés, mais hélas, beaucoup ne s'en rendent pas compte. Toutes les religions sont acceptées, mais leur pratique doit rester dans le domaine privé. Aucune religion, quelle qu'elle soit, ne doit dicter la conduite à tenir dans l'espace public et encore moins se substituer aux règles et aux lois.

Michel Houellebecq a écrit une fiction.
Son texte est intelligent, bien écrit et bien construit.
Il décrit une société privée de repères et de valeurs communes. Une société pas si fictionnelle que cela quand on pense qu'un Président a proclamé récemment que la culture française n'existait pas...
Dans Soumission, l'élection d'un Président du parti fictif de la "Fraternité Musulmane", loin de provoquer le chaos que l'on pourrait croire, amène plutôt une sorte d'apaisement, de soulagement.
Lui au moins a une vision claire de l'avenir qu'il veut pour le pays, laissons-nous guider ! Glissons-nous dans un certain confort, quitte à nous asseoir sur notre liberté de conscience, quitte à laisser les enfants se faire embrigader par une éducation nationale devenue islamiste et quitte à abandonner les femmes à leur triste sort d'êtres inférieurs.
Une fiction... oui...mais...
Je pense (et ce n'est que ma pensée, mon interprétation du roman) que Michel Houellebecq n'a pas écrit ce livre innocemment.
Son titre et son contenu sont en fait des appels à l'insoumission face à une religion qui grignote de plus en plus l'espace public et les lois de la République.
Une insoumission pour protéger notre société, notre laïcité, nous tous, et en particulier nos concitoyens musulmans.

"La Fraternité musulmane est un parti spécial, vous savez : beaucoup des enjeux politiques habituels les laissent à peu près indifférents ; et, surtout, ils ne placent pas l'économie au centre de tout. Pour eux l'essentiel c'est la démographie, et l'éducation ; la sous-population qui dispose du meilleur taux de reproduction, et qui parvient à imposer ses valeurs, triomphe ; à leurs yeux c'est aussi simple que ça, l'économie, la géopolitique même ne sont que de la poudre aux yeux : celui qui contrôle les enfants contrôle le futur, point final."
Oui, Soumission n'est qu'une fiction... pour l'instant.
Il faut être vigilant et ne rien céder pour que cela ne devienne pas une réalité.
N'oublions pas qu'Erdogan, président de la Turquie, a exhorté ses coreligionnaires en 2017 avec ces mots : «J'en appelle à mes frères et soeurs en Europe. Ne faites pas trois, mais cinq enfants, car vous êtes l'avenir de l'Europe.»
Et ça, ce n'est pas de la fiction.
Insoumission ? J'en suis !
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