C'était uniquement par réflexe qu'il disait encore "Bon dimanche!" en quittant le supermarché. Cela faisait longtemps que les robots-caissiers ne répondaient plus à ce genre de politesse.
Il aurait bien noyé son chagrin dans un bar, au son d'une petite mélodie triste. Mais le pianiste automate n'était programmé qu'avec des musiques joyeuses.
Les robots entendaient et lisaient partout, et à longueur de journée, qu'ils allaient remplacer les humains et prendre leur place sur terre... si bien qu'ils commencèrent eux-mêmes à y croire.
Le télétravail n'était qu'une étape. Dans quelques semaines, il serait remplacé par l'intelligence artificielle qu'il finissait de programmer. Ses collègues ne verraient sans doute pas la différence.
Les inventeurs avaient dressé une très longue liste de ce que leur robot était capable de faire. Mais il leur était impossible de définir clairement à quoi il servait
Un peu partout, de nouvelles langues apparaissaient. Et quand ces langues devenaient populaires, de nouveaux types d’échanges étaient inventés. L’objectif était simple : échapper aux micros présents partout et à la reconnaissance vocale de l’Intelligence Artificielle Centrale
Le robot de la bibliothèque municipale aurait été l’assistant idéal s’il n’avait pas pris l’initiative de censurer certains ouvrages de science-fiction qu’il jugeait offensants
Depuis la pandémie, on avait pris l’habitude d’accrocher un masque au-dessus du berceau des nouveau-nés, comme un talisman ou comme on le faisait autrefois avec les attrape-rêves. On se disait que cela les protégerait contre les futures épidémies
Quand une histoire devait rester secrète, on l’écrivait sur une boite d’allumettes, une serviette en papier, un paquet de gâteau… tout ce qui n’était pas un livre et que les robots ne liraient pas. Des bibliothèques entières virent le jour dans les celliers ou des épiceries
En équipant chaque SDF d'un casque de réalité virtuelle, on leur permettait d'avoir l'illusion qu'ils dormaient dans une chambre d'hôtel. C'était déjà mieux que rien.