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Citations sur Histoire du modernisme catholique (57)

" Je crois à la pluralité des mondes. Je crois que ces mondes s'échelonnent dans l'ordre du bonheur, comme les êtres s'échelonnent dans l'ordre de la perfection. Je crois à la pluralité des mondes par les analogies que me découvre l'astronomie. J'y crois encore par l'idée que je me fais des conceptions infinies de Dieu et de son activité créatrice. Si Dieu a créé notre monde, il y a mille raisons de croire qu'il en a créé d'autres, que parmi eux il y en a probablement d'inférieurs au nôtre et d'autres qui lui sont supérieurs. Ne nous demandons pas alors pourquoi Dieu n'a pas créé de préférence un monde meilleur que celui-ci. Il ne choisit pas entre les mondes qu'il veut créer, il les réalise tous, — simultanément ou successivement, je n'entre pas dans cette considération, — je dis qu'il les réalise tous. En un mot Dieu réalise l'harmonie infinie de sa pensée et notre monde, encore une fois, fait partie de cette harmonie. A nous de faire le bien et de supporter le mal et de nous transformer dans celte épreuve par la vertu, afin de faire de nous des êtres nouveaux et de passer dans un monde meilleur. "

Abbé Cédoz
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Les idées émises ici par M. Guglielminotti sont celles qui sont
soutenues dans son roman, par l'ex-prêtre Fausto Vettori :

« Vous sentez le poids des chaînes que vous portez, vous
n'êtes pas de ceux qui osent vivre libres. Hommes du passé, vous
entendez les soupirs et les plaintes de la jeune génération qui
gémit sous l'oppression des mensonges dont vous avez vous-
mêmes souffert pendant longtemps. Vous voulez élever la jeunesse,
la libérer, lui donner de l'air, laisser libre champ à la force de
son génie ; vous voulez façonner les hommes de l'avenir. Mais ce
que vous possédez de votre passé, ce n'est pas une arme, c'est un
fardeau qui vous pèse sur le dos. Vous êtes de méchants démolis-
seurs. Il vous manque la faculté de reconstruire. L'homme de
l'avenir n'est pas encore apparu. Si la vie moderne est oppri-
mante et stérile, il ne vous est pas donné de la rendre féconde.
Vous êtes rétrogrades et progressistes en même temps. Ce n'est
pas un grand avenir qui vous attend, mais la mort...» (P. 44-45).
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Sur ces entrefaites parut à Rome, le 28 octobre, un livre
intitulé : « Le Programme des Modernistes, Réponse à l'Encyclique de Pie X. »

Le livre réfute d'abord l'assertion fondamentale de l'en-
cyclique, à savoir que le modernisme serait un système
philosophique et que ses méthodes de critique biblique et
historique dépendraient de cette philosophie. Le modernisme ne découle pas de la philosophie, mais de la critique positive. C'est parce que l'enseignement traditionnel est démenti par les faits que les novateurs ont cherché une autre doctrine. Et le livre expose le conflit de la vieille théologie et de la science sur des faits au sujet desquels il est facile de se faire une conviction : l'authenticité du verset des trois témoins célestes, ]a critique littéraire de la Bible, l'histoire de l'évolution du christianisme.
Les auteurs répondent ensuite au reproche d'agnosticisme et d'immanentisme. Le modernisme de Pie X, disent-ils, n'est pas le modernisme des modernistes. Le pape a condamné une doctrine qui n'est point la nôtre. (...)

La publication de ce livre, son contenu, causèrent une
profonde impression. Le lendemain même de sa mise en
vente, Pie X en défendit la lecture sous peine de péché
mortel et il frappa ses auteurs et tous ceux qui avaient pu y coopérer, de quelque manière que ce fût, de la peine d'une excommunication, dont il se réservait à lui seul l'absolution.
Peut-être se flattait-il, en portant ces sanctions, que les
auteurs du livre n'oseraient plus célébrer la messe et que,
par conséquent, ils seraient découverts. Les choses ne se
passèrent point ainsi. Aucun prêtre romain ne changea ses habitudes cultuelles et l'on put croire que les auteurs de la réponse formaient une Société aussi résolue que parfaite-ment organisée. Mais quel que fût le nombre des modernistes, il paraissait certain que les principaux d'entre eux, Tyrrell en Angleterre, les auteurs du Programme en Italie, étaient résolus à résister au pape et, dans tous les pays, la presse libérale leur semblait favorable.

Chapitre douzième. L'encyclique Pascendi

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Et après avoir analysé longuement ces personnages, Pie X
essaie d'indiquer les causes de leurs erreurs, — la curiosité,
l'orgueil, l'ignorance de la philosophie scolastique, — et
de prescrire les remèdes propres à retrancher le mal.

Ces remèdes, qui doivent refaire au clergé contemporain
une mentalité parfaitement orthodoxe, sont au nombre de 7.
En voici le résumé :

I. « Que la philosophie scolastique soit mise à la base des
sciences sacrées ». « Evidemment, il faut donner plus d'importance que par le passé à la théologie positive, mais sans le moindre détriment pour la théologie scolastique. » L'étude des sciences naturelles ne doit pas non plus porter préjudice aux sciences sacrées.

II. Qui, d'une manière ou d'une autre, se montre imbu de
modernisme, ou néglige les sciences sacrées, ou paraît leur préférer les profanes, sera exclu sans merci des chaires des séminaires ou universités catholiques. Loin, bien loin du sacerdoce, l'esprit de nouveauté ! « Que le doctorat en théologie et en droit canonique ne soit plus conféré désormais à quiconque n'aura pas suivi le cours régulier de philosophie scolastique ; conféré, qu'il soit tenu pour nul et de nulle valeur»-... « Défense est faite aux clercs et aux prêtres qui ont pris quelque inscription dans une Université ou Institut catholique de suivre pour les matières qui y sont professées les cours des Universités civiles. »

III. Que tous les livres, journaux, revues entachés de
modernisme ne soient pas laissés aux mains des élèves,
dans les séminaires ou dans les universités : « ils ne sont pas, en effet, moins pernicieux que les écrits contre les bonnes mœurs, ils le sont même davantage, car ils empoisonnent la vie chrétienne dans sa source. Il n'y a pas à juger autrement certains ouvrages publiés par des catholiques, hommes dont on ne peut suspecter l'esprit, mais qui, dépourvus de connaissances théologiques et imbus de philosophie moderne, s'évertuent à concilier celle-ci par la foi, et à l'utiliser, comme ils disent, au profit de la foi . Lus de confiance, à cause du nom et du bon renom des auteurs, ils ont pour effet, et c'est ce qui les rend plus dangereux, de faire glisser lentement vers le modernisme. »

Un évêque doit faire tout au inonde pour bannir de son
diocèse, « tout livre pernicieux, recourant, pour cela, s'il en est besoin, à l'interdiction solennelle ». Que les évêques ne se laissent pas arrêter par le fait qu'un auteur a pu obtenir d'ailleurs l' imprimatur : cet imprimatur peut-être apocryphe, ou il a pu être accordé sur examen inattentif, ou encore par trop de bienveillance ou de confiance à l'égard de l'auteur.

Que si des libraires s'obstinent à trafiquer de produits
délétères, les évêques n'hésitent pas, après monition, à les priver du titre de libraires catholiques ou épiscopaux.

IV. Que les évêques usent de la plus grande sévérité en
accordant la permission d'imprimer des livres. Qu'il y ait,
dans toutes les curies épiscopales, des censeurs d'office,
chargés de l'examen des ouvrages à publier.
Défense aux membres du clergé, tant séculier que régulier, de prendre la direction de journaux ou de revues sans la permission des Ordinaires. « Qu'à chaque journal et revue, il soit assigné, autant que faire se pourra, un censeur, dont ce sera le devoir de parcourir en temps opportun, chaque numéro publié, et s'il y rencontre quelque idée dangereuse, d'en imposer au plus tôt la rétractation. »

V. « Que désormais les évêques ne permettent plus, ou que très rarement, de Congrès sacerdotaux... A ces sortes de Congrès qui ne pourront se tenir que sur autorisation écrite, accordée en temps opportun, et particulière pour chaque cas, les prêtres des diocèses étrangers ne pourront intervenir, sans une permission pareillement écrite de leur Ordinaire. »

VI. Pour assurer l'exécution des mesures précédentes,
chaque évêque devra instituer sans retard, dans son diocèse, un « Conseil de vigilance » qui se réunira tous les deux mois, sous sa présidence et dont les délibérations et décisions seront tenues secrètes. « L'attention de ses membres se fixera très particulièrement sur la nouveauté des mots. » Ils ne permettront pas qu'on parle « d'ordre nouveau de vie chrétienne, de nouvelles doctrines de l'Eglise, de nouveaux besoins de l'âme chrétienne, de nouvelle vocation sociale du clergé, de nouvelle
humanité chrétienne et d'autres choses du même genre. Ils surveilleront pareillement les ouvrages où l'on traite de
pieuses traditions locales et de reliques... Enfin ils doivent
avoir l'œil assidûment et diligemment ouvert sur les institutions sociales et sur tous les écrits qui traitent de questions sociales. »

VII. Et de peur que ces prescriptions tombent dans l'oubli,
dans un an et ensuite tous les trois ans, les évêques et les
supérieurs des ordres religieux devront rendre compte au
Saint-Siège, sous la foi du serment, de la façon dont s'exé-
cutent les règles prescrites par le souverain pontife, dans
leurs diocèses et parmi leurs sujets.

Le pape concluait ainsi :

« Voilà, Vénérables Frères, ce que Nous avons cru devoir vous dire pour le salut de tout croyant. Les adversaires de l'Eglise en abuseront sans doute pour reprendre la vieille calomnie qui la représente comme l'ennemie de la science et du progrès de l'humanité. Afin d'opposer une réponse encore inédite à cette accusation — que d'ailleurs l'histoire de la religion chrétienne, avec ses éternels témoignages, réduit à néant, — Nous avons
conçu le dessein de seconder de tout Notre pouvoir la fondation d'une Institution particulière, qui groupera les plus illustres représentants de la science parmi les catholiques, et qui aura pour but de favoriser, avec la vérité catholique pour lumière et pour guide, le progrès de tout ce que l'on peut désigner sous les noms de science et d'érudition. Plaise à Dieu que nous puissions
réaliser ce dessein avec le concours de tous ceux qui ont l'amour sincère de l'Eglise de Jésus-Christ. »

Chapitre douzième. L'encyclique Pascendi


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Le 16 septembre 1907, les journaux catholiques publiaient une très longue et très solennelle encyclique de Pie X, datée du 8, et commençant par ces mots qui la désignent désormais dans l'histoire : Pascendi Dominici gregis .

La première phrase du document pontifical était celle-ci :

«"A la mission qui Nous a été confiée d'en haut, de paître le troupeau du Seigneur, Jésus-Clirist a assigné, comme premier devoir, de garder avec un soin jaloux le dépôt traditionnel de la foi, à l'encontre des profanes nouveautés de langage, comme des contradictions de la fausse science..."


Ainsi, dès le commencement de sa lettre Pie X aiïirme,
sans prendre l'embarras de le prouver, l'existence d'un dépôt immuable de vérité révélée dont il est le gardien unique et infaillible. Une fois posé ce principe, le pape montre magistralement combien les modernistes, — il leur donne ce nom, — s'écartent du dépôt, dans quelles graves erreurs ils tombent, et, pour le mieux exposer, il présente leurs doctrines dans un tableau d'ensemble, en montrant le lien logique qui les rattache entre elles.

« Pour procéder avec clarté, dit Pie X, dans une matière en vérité fort complexe, il faut noter tout d'abord que les modernistes assemblent et mélangent, pour ainsi dire en eux plusieurs personnages : c'est à savoir le philosophe, le croyant, le théologien, l'historien, le critique, l'apologiste, le réformateur : personnages qu'il importe de bien démêler si l'on veut connaître à fond leur système et se rendre compte des principes, comme des conséquences de leurs doctrines. »

Chapitre douzième. L'encyclique Pascendi
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Enfin dans toute la catholicité, l'on continua d'une manière rigoureuse l'épuration des séminaires que Pie X avait ordonnée en 1904. Vers la fin du pontificat de Léon XIII, le libéralisme s'était infiltré dans ces établissements. Des évêques avaient modifié les programmes d'études, les jeunes professeurs avaient encore élargi les programmes modifiés. Pie X fit rétablir l'ancien enseignement, chasser les jeunes professeurs et les élèves qui se montraient enclins aux nouveautés. Les modernistes purent alors méditer la parole d'un des leurs : « Pie X est l'homme prédestiné par Jésus à l'organisation du séminaire contemporain. »

Chapitre dixième. Les premières batailles
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Le 14 juin, Pie X adressait à un professeur de théologie dogmatique, Mgr Ernest Gommer, un bref de félicitations pour un livre qu'il venait d'écrire contre les idées de son ancien ami Hermann Schell, mort subitement le 31 mai 1906.
L'apôtre allemand du « catholicisme progressiste » avait laissé beaucoup d'amis et d'admirateurs. Orateur éloquent, professeur dévoué, ami fidèle, il n'y avait guère que le zèle théologique qui pût lui susciter des adversaires. L'obscurité de ses écrits et leur caractère romantique permettait
difficilement d'apprécier jusqu'à quel point il s'écartait de l'enseignement officiel de l'Eglise. Mais si son intelligence pouvait sembler aventureuse aux gardiens de l'orthodoxie, personne ne devait douter raisonnablement que son cœur ne fût tendrement catholique et que sa nature sentimentale
n'éprouvât un profond besoin des sacrements. Beaucoup de ses disciples allaient plus loin que lui, mais ils le vénéraient comme un très digne initiateur.

Chapitre dixième. Les premières batailles
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" Après Loisy, après Tyrrell, après Eogazzaro, après tous ces catholiques qui sont l'honneur de leur temps et de l'Eglise, voici Edouard Le Roy qui, à son tour, élève la voix. Le massacre va- t-il continuer ?
La prière que je me permets d'adresser aux personnes sérieuses n'est pas d'être pour ou contre M. Le Roy, c'est de le lire : et si après l'avoir lu, elles trouvent leur foi religieuse approfondie, fortifiée, illuminée, qu'elles le disent !"

Auguste Sabatier

Chapitre dixième. Les premières batailles
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« Les Eminentissimes Pères de cette Congrégation de l'Index, disait Steinhuber, ne peuvent s'abstenir d'exprimer à Votre Eminence Révérendissime le dégoût qu'ils ont éprouvé de voir publier par de soi-disant catholiques une revue notoirement opposée à l'esprit et à l'enseignement catholiques. Ils déplorent notamment le trouble que de tels écrivains apportent dans les consciences, et l'orgueil avec lequel ils se posent en maîtres et comme en docteurs Je l'Eglise. Il est douloureux de voir figurer, parmi ceux qui semblent vouloir s'arroger un magistère dans l'Eglise et faire la leçon même au pape, des noms déjà connus pour d'autres écrits animés du même esprit, comme Fogazzaro, Tyrrell, Von Hûgel, Murri et d'autres.
Et tandis que ces mêmes hommes parlent avec tant d'arrogance dans cette revue, des questions théologiques les plus difficiles et des affaires les plus importantes de l'Eglise, les éditeurs la proclament laïque, non confessionnelle, et font des distinctions entre catholicisme officiel et catholicisme non officiel ; entre les dogmes définis par l'Eglise comme vérités à croire et l'immanence de la religion dans les individus.
En résumé, on ne peut pas douter que cette revue soit fondée dans le but de cultiver un très périlleux esprit d'indépendance à l'égard du magistère ecclésiastique et la prépondérance du jugement privé sur celui de l'Eglise, dans le but de s'ériger en école qui prépare un renouvellement anticatholique des esprits".

Chapitre dixième. Les premières batailles
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Pendant qu'un mathématicien français jetait le trouble chez les théologiens, un romancier italien, Antonio Fogazzaro s'apprêtait à plaider devant les peuples eux-mêmes la cause de la nouvelle théologie et de la réforme catholique.
Esprit délicat, ingénieux, poétique, sans grande force de
pensée, romantique, conservateur, Fogazzaro considérait le catholicisme comme le rêve qui idéalise la vie des peuples latins et comme le cadre de leur civilisation. Qu'il le crût d'institution divine, il semble difficile de le penser, tellement il partageait les idées de son ami le Père Tyrrell, mais il n'entendait pas qu'on discutât la question. Il voulait rajeunir l'Eglise, l'adapter aux temps présents. Le travail de notre génération devait être de lui faire accepter ce principe d'adaptation. Les générations suivantes l'appliqueraient selon les besoins. Ne pas aller trop vite, ne pas manquer de mesure : telle était sa grande règle d'action. Mais surtout il n'admettait pas qu'un catholique latin sortît de l'Eglise romaine : tout en la combattant pour la transformer, on devait, pour lui plaire, s'arranger du moins pour y mourir.

Ce fut dans ces dispositions et ces conjonctures que
Fogazzaro écrivit le touchant roman du Saint,- Il Santo,
personnage très moderne, cousin germain du Père Hecker, qui s'en va naïvement demander au pape la réforme de l'Eglise en lui exposant que quatre grands vices rongent l'institution : l'esprit de mensonge, l'esprit de domination, l'esprit d'avarice, l'esprit d'immobilité. Et le pape lui répond qu'il doit mesurer ses commandements à la capacité de ses fidèles, qu'il est vieux et fatigué ; puis le bénit tendrement.
« Si nous détachons ces discours de la narration du roman, dit un moderniste, nous avons dans nos mains un résumé de ce qu'il y a d'essentiel dans la pensée des Blonde), des Laberthonnière, des Loisy, des Newman, des Tyrrell. »

Chapitre neuvième
Les débuts du pontificat de Pie X
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