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Critique de Luniver


Conan, archétype du héros victime de son succès ? C'est en tout cas ce qui est affirmé dans l'introduction : les films des années 80 ont laissé dans l'imaginaire un homme bodybuildé, vêtu uniquement d'un slip de cuir, poussant des cris gutturaux avant d'attaquer tout ce qui bouge.

La vérité est un peu plus complexe. Certes, Conan préfère souvent trancher le noeud gordien que de passer son temps à essayer de le démêler, et ses coups d'épée ont tendance à déchiqueter armure, muscles et os en un même mouvement. Mais cette attitude est due à l'opposition fondamentale entre la barbarie et la civilisation corrompue : là où les civilisés s'imposent en soudoyant, en corrompant ou en complotant, les barbares règles leurs problèmes à la pointe de l'épée, et chacun a la possibilité de s'élever à la force du poignet ; Si les civilisés se vendent et se trahissent facilement, les barbares ont un sens de l'honneur aigu et ne reprennent jamais la parole donnée. La rencontre entre ces deux visions du monde peut provoquer des étincelles : les gardes des villes, habitués à soumettre les habitants par la crainte de l'autorité, font rarement le poids face à un Conan qui ne juge ses adversaires que sur leur capacité au combat. Et quand un juge refuse de reconnaître la règle implicite qui impose de ne jamais trahir un ami, le héros le croit fou, et, sans aucune forme de procès (c'est le cas de le dire), lui fend le crâne en deux.

Le barbare ne se cantonne cependant pas à un rôle de brute. Au fil des nouvelles, on le retrouve tour à tour mercenaire, chef d'armée, roi avisé, pirate, ou encore voleur discret cherchant à s'emparer d'une merveille bien gardée par des serpents monstrueux, des sorciers aux pouvoirs démoniaques ou d'autres atrocités sorties des cauchemars de Lovecraft.

Conan croise régulièrement la route de demoiselles en détresse, ayant toutes des points communs : jeunes, belles, issues généralement de la noblesse, et partageant un goût pour les tissus de mauvaise qualité qui font que tôt ou tard, leurs robes finissent par se déchirer. En bonnes gourdes, leur rôle consiste principalement à s'accrocher au cou du héros et de le gêner dans tous ses mouvements.

Les nouvelles étant à la base destinées à un magazine mensuel, il est conseillé de ne pas les lire d'un bloc : les répétitions sont nombreuses, ne serait-ce que pour réintroduire le personnage à chaque fois. Comme dans tout recueil, leur qualité est inégale. Dans l'introduction du livre, on mentionne que l'auteur avait parfois du mal à boucler ses fins de mois, et a dû écrire quelques textes « alimentaires » pour s'en sortir, mettant en scène de préférence des femmes peu habillées pour avoir une plus grande chance de faire la couverture du magazine. Je n'ai cependant pas trouvé que ces nouvelles tranchaient avec le reste.

Belle découverte d'un héros, pilier (voire même fondateur ? le débat reste rude) de l'heroic fantasy. N'hésitez pas le redécouvrir à votre tour, mais attention : plus de deux nouvelles par jour risque de déséquilibrer votre taux de testostérone.
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