AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Henri-l-oiseleur


Critérion avait créé, dans le temps (1990), une collection intitulée "Extrême Europe" qui publia en 1991 la traduction de deux récits de Bohumil Hrabal, consacrés au temps d'avant, à la période communiste. Le mince livre bleu, orné d'un détail du "Portement de Croix" de Bosch, a dormi des années à la lettre H de mes rayonnages, entre Houellebecq et Victor Hugo. Il se compose de deux récits à la première personne d'inégale longueur, "Peurs totales" et "Cassius dans l'émigration".

"Peurs totales", comme son titre l'indique, est consacré à la peur, celle qu'éprouve chaque jour le narrateur Hrabal, auteur publié en samizdat, harcelé par la police progressiste de sa patrie. Nous sommes loin de la gravité d'un Soljenitsyne : ce récit bref nous fait voir, de bar en bar, de chopes de bière en chopes de bière, la bizarre cohabitation des policiers et de leur victime, les stratégies perverses des premiers pour semer le doute, l'angoisse, la terreur, dans l'esprit de la seconde. Hrabal ne peut s'empêcher d'écrire et de publier, mais ses propres livres l'épouvantent. Ces brefs mémoires d'un lâche sont très drôles à lire : non qu'on se moque de lHrabal, bien au contraire. Le lecteur sait au contraire que placé dans une situation comparable, il serait très en-dessous de ce narrateur qui, au moins, écrit encore. La drôlerie vient de l'humanité : être humain, c'est tout rater, et l'échec est comique. C'est Kundera qui le dit, et cela s'applique à merveille à Hrabal. Ce comique a fait scandale, dit la quatrième de couverture, dans la Tchécoslovaquie fière et unanimiste de la liberté retrouvée.

"Cassius" (Cassius Clay, c'est le nom du chat préféré de l'auteur) dans l'émigration" est le héros félin du second récit, profondément émouvant, bien qu'il ait parfois des tonalités de fable animalière. Toute la froideur de la fable allégorique a disparu, grâce à la plume truculente et réaliste de Hrabal et à l'histoire de ce pauvre chat, expulsé de la maison par les autres chats, sans que le maître y puisse grand chose, à part l'aimer de loin et lui rendre visite dans son terrain vague.

Ces deux merveilleux récits sont adressés à une certaine Doubenka et je ne ne sais pas qui est cette personne.
Commenter  J’apprécie          132



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}