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Critique de Sokleine


Voici un roman graphique atypique et lumineux que j'ai lu par hasard mais avec beaucoup d'intérêt et de plaisir. Comme souvent, mon oeil a été attiré par la première de couverture, où ici deux personnages se font face : un Grand et bel homme, c'est Monsieur... et en petit, mais vraiment minuscule, sa servante toute dévouée à ses ordres. Voilà qui est explicite et illustre parfaitement les différences de classes.

L'auteur nous entraine en Angleterre, à l'époque victorienne, dans une belle demeure londonienne, où se côtoient, comme dans la société, deux mondes opposés : les nobles, riches et oisifs et les domestiques qui les servent sans avoir aucun droit.

Monsieur s'appelle Edouard. C'est un dandy débauché, blasé et sans affect. Tel un nouveau Valmont, il multiplie les conquêtes féminines et les beuveries. Au petit matin, son personnel, est contraint de le récupérer souvent ivre mort et de le mettre au lit.

De son côté, Lisbeth, une jeune fille de la campagne, discrète et besogneuse mais au physique ingrat, vient d'être embauchée, comme femme de ménage, dans la grande maison. Journées de travail longues et exténuantes sous les ordres tyranniques de la gouvernante. C'est un scandale mais c'est hélas la norme quand on est issu d'une famille pauvre sans espoir d'amélioration. Lisbeth en est consciente.

Et soudain une relation improbable et ambigüe va se nouer entre Edouard et Lisbeth. le maître ne va pas trousser sa servante (même si dans ce monde hypocrite, c'est chose admise), non, avec un malin plaisir, il va lui raconter ses aventures, ses frasques sexuelles, qui étonnamment vont laisser Lisbeth imperturbable. Docile, elle va simplement l'écouter et ainsi devenir sa confidente, un rôle impensable et intolérable pour la famille et la hiérarchie des domestiques.

J'ai beaucoup aimé cet album écrit par Hubert et brillamment illustré par Virginie Augustin. Je ne connaissais ni l'un ni l'autre, et c'est une belle découverte. La narration est subtile, les personnages attachants et les références historiques intéressantes. Les graphismes sont élégants et précis, ils marient astucieusement les contrastes et les couleurs ; vives et lumineuses pour les décors somptueux de la villa et sombres pour les bas fonds où se traine Edouard lors de ses nuits de débauche.

A la fin de l'ouvrage un appendice illustré et très bien conçu, rappelle au lecteur le contexte historique : la suprématie de l'Angleterre à cette époque, son empire colonial immense et son industrialisation florissante, mais aussi la société contrastée, machiste et capitaliste, où richesse et misère se côtoient violemment. A lire impérativement...

Mais j'allais oublier l'ultime dessin, en noir et blanc, en toute dernière page. Comme un épilogue à l'histoire, il nous rassure sur le destin de Lisbeth et cela fait plaisir.

#Challenge illimité des Départements français en lectures (29 - Finistère)
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