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Critique de Nastasia-B


On a tout dit, écrit ou filmé sur ce livre, mais le mieux, c'est encore de le lire car notre vieux Victor est plus que jamais l'immense écrivain que nous connaissons. C'est toujours un plaisir de lire une telle langue, à la fois sophistiquée et abordable.

Dès l'abord du roman, on fait la connaissance de l'incontournable Jean Valjean. D'abord vaurien puis, écoeuré par sa propre noirceur, initié à la générosité par un évêque sans prétention, et qui deviendra le bienfaiteur de certaines âmes sans titre ni fortune (le père Fauchelevent et quelques autres dont je préfère vous taire les noms au cas où vous n'auriez pas connaissance de l'histoire).

Victor Hugo nous fait aussi de temps en temps quelques digressions sur des sujets qui l'intéressent, notamment la bataille de Waterloo. Bien que n'ayant qu'un vague rapport avec le fil de la narration, on ne s'ennuie pas de ces méandres dans le panier ventripotent de notre histoire de France (Du moins y ai-je pris plus de plaisir qu'à la lourde digression sur le couvent du Petit Picpus).

Outre Jean Valjean, nous suivons les mésaventures de la pauvre Fantine, où l'on se heurte à l'une des scènes les plus horribles jamais écrites : la séance chez le dentiste. Je ne vous en dit pas plus, mais ce passage remue bien les entrailles ! Les " méchants " sont sublimes de méchanceté : Javert, le flic zélé et obtus, les Thénardiers, veules et cupides à souhaits, sont tous aux petits oignons...

Après l'épisode du couvent, on fait la connaissance du dernier personnage central du roman en la personne de Marius. C'est le fils d'un vaillant soldat de la grande armée, " volé " (sous peine de se faire déshériter) à son père par le grand-père maternel, vestige vivant de l'époque Louis XV et fervent royaliste.

Le petit Marius grandit donc dans cette schizophrénie des origines et se retrouve un peu déboussolé à la mort de son père, qui lui est quasi inconnu, lorsqu'il prend conscience que celui-ci fut un héros sous Napoléon, traité comme le dernier des gueux par son vieux royaliste de grand-père. En somme, tempête sous un crâne, quête identitaire, et tous les assauts de la misère jusqu'à ce que son oeil croise celui d'une belle jeune fille...

Marius fait ensuite la connaissance de son voisin, qui s'avère être également une vieille connaissance du lecteur et dont je vous laisse découvrir l'identité. Une embuscade gigantesque attend l'infortuné Jean Valjean, et toutes les vipères sont prête à lui sauter sur le dos. Marius assiste impuissant à l'exécution d'un traquenard diabolique. Il apprend à craindre ce voisin et décide de quitter son voisinage. le dépit le gagne car sa belle inconnue lui a glissé entre les doigts.

Ses amis républicains suivent attentivement la montée de la pression sociale et sauront prendre les armes et monter des barricades en temps voulu. Victor Hugo nous fait alors entrer de plain-pied dans une des multiples insurrections qui ont émaillé la période de la restauration.

Il nous fait monter sur les barricades et comprendre pourquoi, quelques années plus tard, Napoléon III a tant tenu à faire redessiner Paris par Haussmann, vu la facilité avec laquelle une guerre de rue pouvait voir le jour dans le Paris d'alors.

L'émeute en question est celle du 5 juin 1832, c'est-à-dire l'une de celles qui ont avorté, à la différence de leurs glorieuses consoeurs de 1830 et 1848.
Marius se joindra-t-il a eux lors de l'insurrection ? Retrouvera-t-il son aimée ? Jean Valjean parviendra-t-il à s'extirper de l'étau et de la malédiction qui le pressent toujours un peu plus ? le père Gillenormand pardonnera-t-il à son petit-fils et le petit-fils au grand-père dans ce gigantesque malentendu ?

Victor Hugo saura-t-il nous faire haleter jusqu'au bout ? La réponse à cette dernière question est oui. Et pour conclure, si papy Hugo ne vous arrache pas une petite larme avec son final, allez d'urgence consulter un cardiologue car vous avez sûrement un petit problème de myocarde.

Bref, lisez, relisez, re-relisez, délectez-vous de notre vieux Victor. Un style qui allie la grandiloquence et la simplicité, le tout appuyé sur un excellent scénario, donc, tous les ingrédients pour façonner un roman qui tient toutes ses promesses. Chapeau bas MONSIEUR Hugo, même si ce n'est qu'un misérable avis et qu'il ne signifie pas grand-chose sur une barricade.

P. S. : COMMENTAIRE CONCERNANT L'ÉDITION DE LA PLÉIADE
Il est à noter que ce volume pléiade est d'assez mauvaise qualité selon moi pour au moins deux raisons : d'une part, lorsqu'on achète un volume de ce prix, on espère qu'il y ait un vrai travail de relecture, or, il y a beaucoup de coquilles disséminées dans l'ouvrage.

Deuxièmement, les commentaires sont presque systématiquement inutiles ou inintéressants, car Maurice Allem, fait toute une comparaison avec la première version de l'oeuvre intitulée Les Misères et l'essentiel des notes consiste à dire « cette phrase manque dans Les Misères », « tel mot est différent dans Les Misères », etc. En somme, on s'en fiche, à moins de faire une thèse sur les différentes versions du manuscrit d'Hugo avant publication définitive.

On aurait espéré des vrais commentaires éclairants, utiles ou des explications ciblées, pas cette glose de spécialiste sans intérêt. À la fin, j'ai carrément arrêté de regarder les notes tellement c'était barbant. Cependant, le fait de tenir l'intégralité de l'histoire dans un seul volume, pas trop encombrant, est assez agréable, et en cela le format pléiade est intéressant.

P. S. 2 (du 27/04/2018) : il semble que les gens de Gallimard aient également constaté cette carence car ils vont lancer une toute nouvelle édition pléiade qui, je l'espère, gommera les lacunes de la précédente.
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