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Critique de Denis_76


Je vous ai présenté, dans l'ordre chronologique d'écriture, mes critiques de sept romans de Victor Hugo ( il en a écrit neuf ).
Ce dernier roman est fabuleux !
Le thème du roman est la résistance chouane de Lantenac, La Rochejaquelin, Jean Chouan, et le général Charette, aux Républicains incarnés par Gauvin et Cimourdin.
Nous sommes en 1793, en Bretagne du nord. Pas de grâce ! Pas de prisonnier ! Après une défense valeureuse du Claymore contre l'escadre républicaine, le capitaine sauve le marquis de Lantenac, royaliste, qui débarque à l'embouchure du Coueson pour rassembler les 500.000 Chouans et Vendéens qui luttent âprement contre les sans culottes...
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"Il y avait une fois un roi et une reine. le roi c'était le roi, et la reine, c'était la France. On a tranché la tête au roi, et marié la reine à Robespierre ; ce monsieur et cette dame ont eu une fille qu'on nomme la guillotine, et avec laquelle il paraît que je ferai connaissance demain matin." , dit Lantenac.
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Mais alors !
Victor Hugo a inventé, en 1874 le thriller !
On angoisse devant les situations improbables …
Les marins arrêteront-ils ce canon désentravé qui, au gré des heurts des vagues, court comme un taureau furieux sur le pont ?
Le Claymore sortira-t-il de cette situation improbable ?
La Flécharde, les pieds en sang, retrouvera-t-elle ses enfants ?
Le vieux marquis, tellement brave et chevaleresque, survivra-t-il ?
Pris en étau entre la loi et la raison, que décideront Tellmarch, Gauvin, Cimourdain ?
Devant le choix cornélien entre la liberté et le coeur, que fera le marquis ?
Etc...
Plus fort que Jean Christophe Grangé par les situations angoissantes et les rebondissements, plus fort même que Ken Follett par les mises en situation historique !
Et avec une qualité d'écriture supérieure, très actuelle, à plus d'un siècle de distance, avec des vérités courtes et tranchantes ; par exemple :
La Vieuville :
« Ah ! cette république ! que de dégâts pour peu de choses ! »
Plus loin, Tellmarch :
« Suis-je hors la loi ? Je n'en sais rien. Mourir de faim, est-ce être dans la loi ? »
Le même :
« Les pauvres, les riches, c'est une terrible affaire. C'est ce qui produit les catastrophes. »
Hugo :
« On sort de Louis XIV comme on sort de Robespierre avec un grand besoin de respirer. »
Sur Cimourdain :
« La science avait démoli sa foi. »
Sur Gauvain :
« C'était son fils ; le fils, non de sa chair, mais de son esprit. »
Etc ...
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La plus belle phrase, pour moi, est la réponse de Gauvain, le soldat philosophe à la question de son maître :
-- Qu'y a-t-il au-dessus de la justice ?
-- L'équité. »
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Victor Hugo est profondément républicain. Dans ce livre, il analyse la création de la première République, et met en scène Robespierre et Danton. Par la voix du républicain-philosophe Gauvain, neveu de Lantenac qui traque ce dernier, il analyse les outrances du système des sans-culottes, notamment incarné par Cimourdain, une sorte de Javert de ce roman.
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Hugo Boss bien, et même très bien ! Ce dernier roman fut son le meilleur pour moi ! Je sais, je l'ai déjà dit avec « Notre-Dame », mais celui-ci le surpasse, et égale « Les Misérables ».
A la fin de l'écriture de « Les Misérables », Victor Hugo fait des recherches approfondies sur la Révolution, envisageant d'écrire son prochain roman là-dessus. Il sortira d'abord « Les Travailleurs de la Mer » en hommage à l'île qui l'a accueilli durant son exil.
Dans « Les Misérables », les amis de l'ABC, Républicains sous Louis-Philippe, font de nombreuses références à la Révolution Française, mère de la Première République. Victor était un peu Combeferre, il sera un peu Gauvin dans « Quatrevingt-treize ».
Le seul défaut sont les logorrhées, manie habituelle de l'auteur. Mais il n'y en a que deux, sur Paris et sur la Convention, et elles sont assez courtes.
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La loi, la justice : c'est l'éternel combat de Victor Hugo, que
l'on retrouve dans tous ses romans :
la justice est mal faite !
L'auteur met en exergue l'absurdité de certaines décisions judiciaires. Je pense que malgré leurs différents littéraires, il aurait rejoint Emile Zola sur l'affaire Dreyfus.
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A la fin du livre, par la voix de Gauvain, c'est un peu un testament politique qu'Hugo nous délivre, et je le trouve extrêmement moderne et écologique : )
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Je dois ajouter, pour modérer mon enthousiasme pour ce roman, et pour être impartial que les Vendéens furent vraiment génocidés par les Bleus ; ce qui n'enlève rien à la qualité d'écriture de Victor Hugo.
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