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Critique de Thrinecis


Cet été, en villégiature dans la campagne limousine, je fis la connaissance d'Amédée. Je traversais le pré pour aller cueillir des mûres dans le roncier qui borde la lisière du bois quand je le rencontrais cheminant tranquillement - en plein jour ! - dans l'herbe fauchée quelques semaines auparavant. Grosse pelote d'aiguilles au museau fin, petits yeux, Amédée n'eut point peur et poursuivit son chemin vers le gros figuier qui laissait tomber d'énormes figues noires déjà mangées par les guêpes.

Le lendemain, après une forte pluie durant la nuit, je cherchais cèpes et girolles dans le bois quand je croisais Samson (petit clin d'oeil à Antoon Krings et ses drôles de petites bêtes), d'un format plus réduit qu'Amédée – sans doute sa progéniture -, qui trottinait avec une surprenante vélocité. Il était trois heures de l'après midi ! de plus en plus étonnant ! Je me souvenais que La Hulotte présentait le hérisson comme un animal plutôt nocturne... Plus effarouché qu'Amédée, Samson pila dès qu'il nous sentit, et dressa ses aiguilles à la verticale en une seconde, abritant ses petits yeux sous une piquante coiffe à la iroquoise. Après plusieurs minutes d'immobilité totale de sa part et de la nôtre, Samson se détendit, abaissa son armure de piquants et se dirigea vers le talus qui séparait le bois de chênes de celui de sapins.

Durant plusieurs jours, nous menâmes quelques expériences qui ne connurent pas trop de succès : nous lui offrîmes une belle limace orange, une figue bien mûre... Il ne voulut ni de l'une ni de l'autre. Pendant la canicule, nous lui installâmes une petite soucoupe pleine d'eau mais vers minuit, quand nous l'éclairâmes avec la lampe torche du smartphone, nous eûmes la surprise d'y découvrir une petite rainette confortablement installée pour un bain de minuit !

Puis un soir, nous aperçûmes un bout de paillasson brun sur la départementale... Après une rencontre fatale avec une voiture, Amédée - à moins que ce ne fût Samson - avait rejoint le paradis des hérissons.

De retour en ville à la fin des vacances, je fouillais dans mes numéros de la Hulotte pour trouver celui consacré au hérisson. Et oui, il y était confirmé qu'il s'agit d'un animal quasi nocturne et que seuls les animaux malades ou les très jeunes en quête de nourriture se promènent de jour. Samson et Amédée ne semblaient pourtant pas mal en point ni affamés... Mystère !

Moins "écrit" que d'autres numéros et au style résolument BD avec quantité de petits dessins sur chaque page, ce numéro de 52 pages regorge d'informations scientifiques, détaillées et pratiques. La Hulotte me confirma ainsi qu'un hérisson peut faire du 7 km/heure ! Je compris aussi que notre Amédée était plus friand des guêpes qui se gorgeaient du miel de nos figues que du fruit lui-même, et qu'il n'avait pas avalé la belle limace que nous lui avions proposée tout simplement car elle était trop grosse : en effet, même s'il adore les limaces et les escargots, un hérisson ne peut avaler des proies d'un diamètre supérieur à 18 millimètres.

Cette relecture du numéro 77 me remit en mémoire son mode d'hibernation : le hérisson stocke de la graisse durant l'été afin de passer l'hiver en dormant et en faisant considérablement chuter sa température, passant de 35°c à 15°c ou moins encore ! Mais il entrecoupe cette hibernation d'au moins un réveil par semaine pour éliminer l'acidose qui s'installe pendant cette hypothermie et lui serait fatale à terme.

La Hulotte me livra aussi cette statistique effrayante que j'avais malheureusement pu vérifier : saviez-vous que 2 hérissons sur 10 finissent en carpette sur l'asphalte ?

Plus sympathiques, des petits schémas montrent aussi comment et où il construit des nids un peu partout sur son territoire : oui, oui, plusieurs nids, le hérisson aime en avoir plusieurs à sa disposition ! Toujours prévenante, La Hulotte nous explique même comment lui en construire.

Rassérénée, je refermais le numéro en songeant que le petit bois de chênes et son pré attenant recelaient de belles cachettes où nos hérissons pourraient hiberner cet hiver : tas de feuilles mortes et de branchages, pile de bûches, haies... Soudain une inquiétude me saisit... Il ne faudrait pas oublier de vérifier s'il y'avait un nid de hérisson sous le tas de vieilles branches avant de le faire brûler à la Toussaint...
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