« Les trottoirs et les bâtiments de Westminster exsudaient de la chaleur , régurgitant le soleil absorbé de longues et brûlantes heures durant ; séchée jusqu’à ses racines jaunes , l’herbe craquait sous les pieds . Un chemin dallé de grès mena Esther jusqu’à la grille de Black Rod’ s Garden qui claqua derrière elle . Le passage de la fraîcheur de la bibliothèque à la rue lui faisait voir des points lumineux » ….
Churchill avait conscience de sa présence. Il n'avait pas besoin de la voir ou de l'entendre pour savoir qu'elle était là : il en était prévenu par une sorte d'instinct infaillible. De son regard brûlant, la chose l'implorait de se réveiller. De toute sa volonté, elle voulait qu'il remue. Depuis le temps qu'elle attendait, elle n'en pouvait plus du désir de bondir pour le secouer.
Churchill s'exprima dans un murmure à peine audible. Non que cela eût la moindre importance : il savait que la chose écouterait.
«Fous-moi le camp.»
Il y eut un long silence tandis que la chose s'affairait à reprendre contenance. Churchill la sentit qui déployait un sourire répugnant dans le noir, avant qu'elle ne réponde avec une délectation affichée : «Non.»
Depuis longtemps les semaines de sa vie glissaient comme des spectres. Il y avait bien de temps à autre un petit sursaut de plaisir, un repas peut-être ou une séance de cinéma, mais ce fragile relief était bien vite écrasé sous la monotonie solitaire des jours vides.