Comment qualifier ce premier roman ?
Très difficile, une énigme …..
En juillet 1964 ,
Winston Churchill s'apprête à prendre sa retraite : cela le mortifie , il lui est très difficile de penser à son départ du parlement après une carrière politique longue de soixante - quatre ans .
Il a quatre - vingt - neuf ans .
Il faut dire que la dépression « ce chien noir sur mon épaule » comme il,se plaisait à la nommer est là , qui rôde, sans cesse, le chagrine…..
La magie de ce roman construit autour de cette idée intéressante lui donne même corps et vie sous les traits d'un molosse, incarnée par ce gros chien noir , massif, puant, bavant , drôle , insupportable , hideux ,malappris , charismatique , dérangeant mais attachant , sans gêne ,en un mot terriblement machiavélique , ce dénommé Mr Chartwell parle et se tient debout comme un homme …
Son métier est de déprimer les gens . notamment
Winston Churchill mais aussi la jeune bibliothécaire au palais de Westminster Esther , chez qui Mr Chartwell installe ses quartiers , dans la ferme intention de rogner la moindre joie de son existence ….
Winston-Churchill et Esther se rencontrent pour mettre au point le discours d'adieu du grand homme au parlement , ils se découvrent liés par le même trouble - fête pour le moins encombrant .
Parviendront - ils à se débarrasser du « garrot de barbelés qui enserre leurs crânes ? .
C'est un premier roman drôle , à l'écriture enlevée , pétrie d'un humour très britannique …… et de dérision.
L'auteure aborde ce problème de la « dépression « d'une façon très originale , déroutante , à la fois légère et grave « personnifiée » par ce gros chien noir puant qui prend de plus en plus de place , salit tout, détruit tout , une présence toxique , empoissonnée contre laquelle il est très difficile de lutter .
Esther comme
Churchill préfère s'amuser avec ce qui la tourmente et l'empêche de se sentir légère .
L'auteure dépeint avec fraîcheur , drôlerie , tendresse et un humour qui nous fait sourire les cauchemars et angoisses d'Esther , bibliothécaire réservée et attachante , comme un doigt posé là sur une étagère .
C'est une réflexion subtile , savoureuse sur la perte de soi, l'humour anglais se développe entre le personnage principal et le chien .
Ça commence lentement pour finir dans une ampleur souhaitée ,une espèce de parabole osée qui nous fait passer un bon moment de détente .
« Ces représailles , pensa
Winston-Churchill , ont autant de punch qu'une serpillière anémique » ..
«
Winston-Churchill savait que son fils souffrait comme lui de phases dépressives , il reconnaissait chez Randolph les mêmes réservoirs d'ombre que ceux que le chien exploitait en lui » …
« Une grande partie de ma vie s'est déroulée dans ce bâtiment , dit - il au chien . Mon passé est inscrit dans ces murs , dans ces pièces .J'entends le murmure des années qui succèdent aux années , inéluctable marée de mon existence . Les décennies ont laissé leurs dessins d'écume sur le grès » .
J'ai failli abandonner ce livre …..à plusieurs reprises …