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Critique de Pois0n


« Est-ce une romance orientale ou non ? » En lisant le résumé, je n'ai pas réussi à trancher. Dans le doute, et surtout à 4€50 (coucou, petite augmentation de début d'année), je me suis laissé tenter. Finalement, à l'issue de ma lecture, je ne suis pas plus avancé sur ce point qu'au départ. Certains éléments le laissent penser, d'autres infirment cette théorie... Ce qui est sûr, c'est que la romance royale concoctée par Kelly Hunter sort clairement des sentiers battus.

Comme toute romance royale qui se respecte, celle-ci prend place dans un royaume fictif. Mais l'autrice ne s'est pas contentée d'en inventer un seul : en plus d'Arun, il y a donc le Haut-Pays où a grandi Sera, mais aussi leurs voisins Byzenmaach et Liesendaach. Heureusement que l'on nous parle un peu d'hélicoptères, de téléphone, d'ordinateur et que l'on nous précise que Sera a étudié à Oxford, car sinon, on aurait pu aisément croire avoir affaire à de la fantasy. Quant à placer tout ça sur une carte, mystère. Tout au plus faudra-t-il se contenter de savoir qu'il y a des montagnes, le reste des indices faisant supposer quelque part entre la Méditerranée et l'Asie mineure.

Non qu'il y ait beaucoup de décor dans ce court roman de 148 pages, celui-ci se déroulant presque entièrement en huis-clos. Et du palais, l'on ne verra que trois pièces... mais l'une d'entre elles, présentée dès le prologue, vaut à elle seule le détour. Kelly Hunter a surtout mis l'accent sur les traditions de ses pays imaginaires, via des traités immémoriaux ou des rituels d'un autre temps, mention spéciale à une certaine tapisserie. Dès les premières pages, le plaisir d'un roi accroche et dépayse. Des contrées réelles, il ne sera jamais fait mention ou presque. Et du coup, on y croit. Privés de tout repères, on se laisse d'autant plus facilement embarquer aux côtés d'Augustus et Sera.

De ce côté-là, le résumé est, une fois de plus, complètement à côté de la plaque. Sera n'est en effet pas la promise d'Augustus, mais courtisane, comprenez « conseillère » et non « intrigante », envoyée auprès de lui pour le servir et non comme simple concubine. Elle s'y connaît en politique, maîtrise les arts martiaux, la gestion, bref, Sera est un véritable couteau suisse et elle passera une bonne partie du livre à s'occuper d'organiser des réceptions, des expositions ou des programmes humanitaires. Certes, tout ça ne nous est que rapidement décrit, reste que ça prend au moins autant de place que la romance. Sans oublier le mystère autour de l'identité du père de Sera, évoqué dès le prologue, intrigue certes très secondaire mais néanmoins utilisée à bon escient au sein du récit.

Finalement, c'est peut-être la romance qui constitue le point faible de l'histoire. Si l'on appréciera d'échapper à tous les clichés du coup de foudre instantané, bien qu'une certaine tension soit palpable entre les deux héros, ainsi que le développement lent de leur histoire commune, force est d'avouer que voir Augustus se retenir pendant les deux tiers du livre en invoquant le self-control exigé d'un roi finit par agacer, en plus de lui donner un certain côté girouette. Certes, on obtient l'explication sur la fin, mais l'avoir plus tôt aurait peut-être aidé à digérer tout ça. de même qu'un certain rabâchage autour de la virginité de Sera, dont elle-même ne fait pourtant pas tout un fromage !

Ça fait partie des petits détails assez sympa qui parsèment le bouquin. Sera a beau être vierge au début de l'histoire, elle est tout sauf ingénue et même plutôt libérée question sexe. On appréciera aussi parmi les personnages secondaires la présence d'un prince de tout évidence bi ou pan – et haut en couleur – , intégré à l'histoire avec beaucoup de naturel. Ou cette prétendante « rivale » échappant au cliché de la méchante.

Bref, malgré quelques petits couacs, le plaisir d'un roi était une très chouette lecture pour finir l'année, avec son ambiance un peu hors du monde et hors du temps ainsi qu'une culture à laquelle l'on a envie de croire. Clairement l'un des meilleurs Azur que j'ai pu lire !
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