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Critique de loreleirocks


Quel bonheur de découvrir l'enfance, l'adolescence, les trois mariages de l'héroïne de Their Eyes Were Watching God... sa persévérance à rechercher une vie conforme à l'idée qu'elle s'en fait.

Un roman sans conteste féministe, présentant l''alignement du comportement de l'homme noir, post abolition de l'esclavage, sur l'homme blanc. Ses manières, vêtements, principes, ambition, matérialisme dévorant, volonté de dominer, de posséder d'abord tout ce qui compose son foyer puis sa communauté, et toutes les justifications improbables qui vont avec.
Pourtant, c'est un féminisme sans violence sans rejet, ni jugement de vies qui ne s'accordent pas à la vision de l'héroïne/l'auteur. La prise de conscience d'une femme noire, la construction et la préservation d'un monde intérieur dans lequel elle se tient droite, digne et souriant au monde, prête à voir sa vie éclore. Dès le départ, la métaphore du poirier en fleur et des abeilles est superbement peinte, cette vision centrale au monde intérieur de Janie, représentant sa conception de la vie, une sexualité certaine, mais, me semble-t-il, une idée d'harmonie et de naturel...

Le refus de Janie de se conformer à une vision de la vie imposée et de se laisser enfermer dans une vie qui ne correspond pas à ce qu'elle souhaite pour elle-même, sa lente émancipation d'une vision du monde qui n'est pas la sienne, sont simplement magiques.

Une femme qui trouve sa voix, entre l'anglais conventionnel de la voix de narration et l'anglais idiomatique africain américain du sud des États Unis. L'utilisation de cet anglais idiomatique source de conflits et controverse avec les autres grands auteurs africains américains des années 1930-40, Ellison et Wright entre autres, jugeant l'effet rétrograde et caricatural.
L'effet est loin d'être aussi réducteur. Une fois que l'on s'est adapté à la graphie particulière de l'anglais idiomatique, une petite voix lente et musicale vient se caler au creux de votre oreille de lecteur et vous accompagne de son rythme enchanteur et de son langage particulièrement imagé :

"Dat's all right, Pheoby, tell 'em. Dey gointuh make 'miration cause mah love didn't work lak they love, if dey ever had any. Then you must tell 'em dat love ain't somethin' lak uh grindstone dat's de same thing everywhere and do de same thing to everthing it touch. Love is lak de sea. It's a movin' thing, but still and all, it takes its shape from de shore it meets, and it's different with every shore."

Le résultat en est un instant de bonheur, de plaisir et gaieté infectieuse face à la persistance de Janie, l'héroïne de Zora Neale Hurston. Une magie qui me met, curieuse et enchantée, sur la piste des ses autres oeuvres, qu'elles soient fiction, autobiographiques ou écrits anthropologiques.
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