Le genre : cet obscur objet du désordre

Dans ce pays [la Pologne], il est maintenant question de criminaliser l'éducation sexuelle. Les enseignant.es qui évoquent la sexualité pourraient encourir jusqu'à 3 ans de prison. Le projet de loi est baptisé "¨Pédophilie STOP". Evoquer la sexualité à l'école ferait de ces profs des militant.es LGBT... et des pédophiles.

Si genre et sexualité sont étroitement liés, il n'empêche que ce sont deux concepts distincts. Pourtant, dans les discours antigenre, ils sont souvent mélangés.

Dans notre société hétérocentrée, tout le monde est présumé hétérosexuel par défaut. Une présomption qu'un "coming out" peut venir corriger. Sans "coming-out", on conçoit implicitement les femmes comme attirées par les hommes et vice-versa car l'hétérosexualité reste la norme. Autrement dit, on a tendance à extrapoler l'attirance sexuelle à partir du genre.

Insister sur la complémentarité des sexes nécessite de privilégier les différences plutôt que les ressemblances.

Le genre ne crée pas seulement de la différence, il crée des rapports de pouvoir.

 Le concept de construction permet de s’éloigner d’une vision fataliste des inégalités entre les sexes.
Le genre n’est ni immuable, ni naturel, mais ancré dans l’histoire, la culture, l’idéologie d’une société donnée.
Derrière ce concept en apparence abstrait, ce qui est en jeu, c’est la possibilité même de lutter pour l’égalité.
Et donc de bouleverser un ordre qu’on avait cru naturel et immuable.

On constate que le mouvement antigenre est particulièrement fort dans certains pays à tradition catholique, qui restreignent déjà l'éducation sexuelle.

Le but est de questionner la norme afin d'arriver à plus d'égalité et d'acceptation des différences.

Le concept de construction est aujourd’hui central dans les sciences humaines et sociales et permet d’expliquer un grand nombre de phénomènes.
Mais face à l’apparente évidence des discours faisant appel à la « nature », il est souvent difficile d’introduire le concept de construction.
Il est généralement accepté que les discours scientifiques doivent s’éloigner du sens commun.
Mais quand il s’agit du sexe ou d’autres sujets controversés mêlant biologie et social, comme le genre et la « race », cela semble plus compliqué.

Le genre est construit par la société.