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Critique de ATOS


ATOS
11 février 2018
A quoi ça ressemble un arbre généalogique ? Un arbre, qu'un nom gravé sur un tronc devrait faire tenir droit ? Un arbre qui a la tête en bas ? Qui plie et ne rompt pas ? Des copeaux, un roseau, des échardes, un repère planté au plein visage ?...
C'est étrange les idées qu'on se fait des choses qui nous représentent qui devraient représenter un monde qui pour finir ne nous appartient pas. D'un tas de choses qui voudrait nous faire une idée et qui pour finir ne connaît pas nos pensées.
C'est étrange un arbre généalogique. Un passé dressé vers le ciel, des racines qui sortent d'un tronc, et puis le résultat qui devrait supporter tout ça.
Un monde inversé. L'avenir qui nourrit le passé. Qui a décidé de ça ? Poussé ici ou là ? Plein sud, plein nord, qui devient commode , qui sera bûche de bois ? Manche de pioche, barreau de bois, petit coffret ou chandelier sculpté du fond des bois ?
C'est en refermant les lignes de faille que je me suis demandé ça.
Parce que les morts devraient toujours toucher le ciel et que les vivants n'ont qu'à bien se tenir droit ? Sur la terre, comme au ciel, est ce qu'on voit les choses la tête en bas ?  
Le présent qui sort de ses racines, et l'avenir qui doit se charger de porter les fruits du passé ?
Un monde inversé. Un symbole inversé. le roi des Aulnes as tu emporté avec toi le passé ?
Quatre générations, quatre enfants. L'enfance..le présent et l'avenir.
On ne remonte pas le temps. On le prend par les racines de chacun. On peut l'arracher ou le replanter. En faire une soupe, ou bien le laisser au bord du chemin. le greffer, le cultiver. A chacun ses idées.
On ne partage pas ses racines mais on partage un présent : le. temps qu'il fait, le désordre du monde, des bombes qui tombent comme de la nuit, un jour qui se lève comme dans un rêve , une chanson comme de la neige, ou un secret qui en sommeil vous appelle.
« Le grand-père – le faux «  a-t-il raison de dire que ce qui pousse c'est ce qui est mort ?
Les cheveux , les ongles...Ce qui est vivant c'est ce qui pousse en dedans. Et l'enfant le sait bien, le devine, le vit, le sens : ce qui est vivant rejette ce qui est mort.
Je ne fais jamais de résumé des livres que j'ai rencontrés. Je n'arrive jamais à résumer un monde, comme je n'arriverai jamais à résumer les gens. Ce n'est pas à ma mesure, c'est trop grand.
Je donne parfois des pistes, je pose mes questions, je garde le goût, le souvenir, une émotion, un sentiment, une couleurs ,un parfum. Un album de souvenirs en somme. Une foule de souvenirs.
Les lignes de failles de Nancy Huston occuperont bien souvent la pensée de certaines de mes pages.
La généalogie...un arbre généalogique ...c'est un arbre sans tête, ou bien sans tronc ? ..Ce n'est pas humain en fait. Un avatar, une silhouette, un épouvantail, un pardessus accroché..
L'enfant dessine des bonhommes sans tronc, des têtes, des membres mais pas de tronc…Pourtant c'est sur les troncs que l'on grave les noms. Des noms qu'on enferme dans des coeurs. Et que la mousse des saisons recouvre parfois plus que de raison.
J'ai adoré la construction de ce roman, j'ai aimé la solitude de ces enfants. Leur intelligence, leurs dons, leur clairvoyance, leur force, leur regard. J'ai entendu leur silence, leur mots, leurs douleurs, les élans de leur choeur. Toutes ces failles que j'ai lu du bout des cils de lignes en lignes à fleur de mots. Tout ce qu'en quoi ils se ressemblent tellement, qu'ils se ressemblent si fort, comme les notes d'un même sang. Les lignes de failles ce sont les lignes de la vie, celle qui vous font signes dedans la peau. Des cicatrices qui signent là d'une très belle écriture.

Astrid Shriqui Garain
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