AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de CDemassieux


Un si grand texte écrit par un si petit homme !
Je déteste en effet les lâchetés de Sartre, devenu le mètre étalon des intellectuels bon teint, si « courageux » après la tempête ! Mais Sartre, lorsqu'il oublie d'être bête, peut être prodigieux et écrire, par exemple, Huis Clos. Et si certains, en lisant ces lignes, éructent, eh bien qu'ils le fassent en toute connaissance de cause et plongent, avant de me condamner au bûcher, dans la biographie de ce révolté de salon !
Revenant à Huis Clos, cette pièce, née sous l'Occupation et jouée pour la première fois en 1944, est un déshabillage de l'âme humaine acculée dans ses derniers retranchements. Ici, on ne fuit pas : il n'y a aucune issue.
Trois personnages se retrouvent un à un enfermés dans une même pièce. Ils viennent de mourir et sont en enfer car ils ont fauté.
Mais là, on connaît tous la réplique, « l'enfer, c'est les autres ». Phrase que l'auteur, dans un enregistrement, expliquera plus tard ainsi: « Mais "l'enfer, c'est les autres" a toujours été mal compris. On a cru que je voulais dire par là que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés, que c'étaient toujours des rapports infernaux. Or, c'est autre chose que je veux dire. Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l'autre ne peut-être que l'enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont au fond ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes pour notre propre connaissance de nous-mêmes. » (source : www.alalettre.com)
Ces trois-là vont devoir, chacun, s'expliquer et révéler leurs crimes, les mesurer à l'aune de ceux de leurs « compagnons de cellule ». Leur châtiment sera le suivant : demeurer pour l'éternité entre eux, avec le poids des tourments qu'ils s'infligent intérieurement et mutuellement. Il ne se passera rien de plus.
Huis Clos tombe les masques avec génie, comme tout le théâtre de Sartre, qui se sert de la scène pour nous confronter à nos maladies humaines honteuses, serais-je tenté d'écrire. Par ailleurs, loin des circonvolutions pesantes de certains dramaturges de la modernité, les répliques sont extraordinairement fluides et donc : pénétrantes.
On ne lit ou ne voit pas Huis Clos : on le reçoit en pleine face.
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}