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Critique de Annette55


Ce roman décrit le quotidien vraiment peu enviable de deux mille foyers qui travaillaient au tri des ordures dans l'immense décharge à ciel ouvert à l'ouest de Séoul pendant quinze ans de 1978 à 1993, date de sa fermeture.

C'est là que la Mégapole déversait la quasi totalité de ce qu'elle rejetait chaque jour :—- ferraille, ordures ménagères, plastiques, vêtements , cartons de toute taille, bouteilles, déchets industriels érigeant sur près de quatre kilomètres , une Montagne d'Ordures de cent mètres de hauteur.

Gros - Yeux a quatorze ans lorsqu'il y arrive avec sa mère : cet endroit appelé « l'Ile aux fleurs » autrefois connu pour sa beauté , prisé des peintres , des poètes et des oiseaux migrateurs.
L'auteur y allait jouer dans son enfance ....avant de devenir un Dépotoir ...

Gros - Yeux et sa mère vont travailler douze heures par jour...

Chaussés de bottes, ils portent ——des casques de chantier avec une lampe frontale —-semblables à ceux des mineurs, ainsi que d'énormes gants de caoutchouc et un large masque devant la bouche.
Gros - Yeux se lie d'amitié avec un garçon disgracié , qui lui fait découvrir les anciens habitants du site , ou plutôt leurs esprits bienveillants lorsque l'Ile était encore vouée aux cultures agricoles(dont les habitants ont été chassés par le « développement ») et aux cultes chamaniques : les fameuses lueurs bleues ....que ne voient que les êtres au coeur pur , ( cultes chamaniques déjà évoqués dans « Princesse Barri » ), autre roman de l'auteur ...

L'écrivain dresse une peinture incroyablement réaliste, angoissante, effrayante , de la dure vie de ceux qui ont usé leur santé sur le chantier, l'organisation du travail, la « hiérarchie »qui s'instaure au sein des équipes et entre les équipes , leur existence dans des «  cahutes » , ces cabanes accrochées au flanc de la montagne d'ordures, en Plexiglas carton, linoléum ,contreplaqué , assemblage d'anciennes enseignes de magasins : tous matériaux extraits des rebuts du monde extérieur....la nourriture aussi, sauce de soja mijotée ou brûlée, nourriture avariée recyclée, bouillie , ou en soupe ....

Puanteur infecte, remugles nauséabonds , essaims de mouches , conflits, salaires de misère, hiérarchisation, pestilence, violence et entraide, bagarres , couples formés dans l'urgence sous les yeux des enfants, ivresse , peur, marginaux, l'auteur ne juge pas.

Il donne à voir la pauvreté et la misère de ces laissés-pour-compte du développement industriel et économique , conduit à marche forcée le long des routes du capitalisme —- une violence d'Etat exercée à l'encontre de toute une frange de la société ——
Roman de la mémoire—-l'histoire d'une époque —-
Roman Politique, en ce sens qu'il fait revivre un chapitre douloureux de son pays .
Roman Écologique car l'écrivain y affiche le lourd tribut imposé à nos sociétés par « Le développement » .
Un livre fort doté d'une très belle écriture imagée et visuelle, puissante dont «  les odeurs » les couleurs, les lueurs ....nous enveloppent, nous interpellent , nous font réfléchir à la manière de consommer .....nous poursuivent à la manière d'un long travelling cinématographique ....
Des images difficiles à oublier ....
Mais ce n'est que mon avis bien sûr , tout relatif ...
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