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Critique de raton-liseur


Sous ce titre énigmatique, se cache un roman choral situé dans le royaume de Silla, dans l'actuelle Corée du Sud, au VIIIème siècle. Les pagodes de pierre Dabotap et Seokgatap, du temple de Bulguksa, en sont le théâtre, théâtre qui met en scène un triangle amoureux, ou plutôt un carré, ou non, même un hexagone amoureux (même si certains amours s'apparentent plutôt à du désir). Asadal est le tailleur de pierre responsable de l'élaboration de ces pagodes. Cela fait bientôt trois ans qu'il s'y consacre, nuit et jour, guidé par sa seule fièvre créatrice. Mais le monde continue de tourner autour de lui : sa belle et jeune femme restée au village et qui, sans soutien masculin, est l'objet de nombreuses convoitises ; une jeune noble exaltée qui tombe amoureuse de cet artisan si solitaire ; un père qui veut la marier ; et surtout un pays qui est en train de perdre son âme. Car ce roman a été écrit alors que la Corée était alors occupé par le Japon. Elle y perdait son indépendance et sa culture, chose contre laquelle Hyun Jin-Geon souhaitait lutter. Avec ce livre, il s'empare d'une légende coréenne connue (d'après ce qu'en dit l'éditeur sur la quatrième de couverture, sans hélas donner de détails, et je n'en ai pas trouvé trace lors de mes rapides recherches sur internet) et il situe l'intrigue à un moment de l'histoire où la Corée était sous l'influence de la dynastie chinoise des Tang et, selon Hyun Jin-Geon perdait son âme et sa grandeur (les moines ne sont plus guère de saints hommes, les guerriers ne sont plus bien valeureux…). Seule une poignée d'hommes tentent de résister et d'affirmer l'indépendance politique et culturelle de leur pays. le parallèle avec la situation de la Corée au début du XXème siècle est assez évident.
Si j'avais beaucoup aimé les nouvelles de Hyun Jin-Geon que j'avais découvertes un peu par hasard grâce à un envoi de l'éditeur, j'ai un peu moins aimé ce texte, plus classique et faisant preuve de moins de tendresse envers ses personnages. Mais j'ai tout de même trouvé cette lecture très intéressante pour la fenêtre qu'elle ouvre sur une période historique dont je ne connaissais rien et sur une culture dont on perçoit très vite que l'on n'a pas tous les codes. La fin du roman, et là où il se rapproche probablement le plus de la légende est à ce titre très troublant, célébrant un amour que l'on ne trouve pas dans nos mythes occidentaux.
Un livre que je ne recommanderais probablement pour ses qualités littéraires et stylistiques, il est peut-être un peu trop classique et un peu trop didactique pour cela, mais il s'agit d'une belle découverte, dépaysante et instructive (mes incursions récentes et répétées dans la littérature coréenne au cours de ces dernières semaines vont d'ailleurs assez unanimement dans ce sens), mais aussi un moment de lecture plaisant, dans un livre édité avec soin par les Ateliers du Cahier, avec une belle couverture épaisse dans un papier beige aux allures de vieux papier agréable autant à la vie qu'au toucher. Un bel écrin pour un classique contemporain de la littérature coréenne, dont nous avons la chance qu'il ait été traduit en français.
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