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Critique de Badquilla


Alex et Meg-John sont également les auteur·ices de Vous n'êtes pas binaire (personne ne l'est !) ; les deux auteur·ices queer n'en sont pas à leur première collaboration (ni à leur dernière ; le site de Alex Iantaffi affiche un riche catalogue d'oeuvres rédigées à quatre mains, sur les identités de genre, sur la sexualité. Et il y a également des zines en libre-accès pour cell·eux qui sont friand·es de ce type de média).

Leur complicité se ressent énormément dans UemG, ponctué d'interludes intimistes au cours desquels iels prennent la parole pour raconter leur rapport au genre. Iels utilisent les connaissances acquises au fil de leurs questionnements pour sensibiliser, rassurer, éduquer et, surtout, prôner la bienveillance. UemG a été écrit pour les personnes concernées et non-concernées.
Sans oublier les professionel·les de santé qui, souvent, n'y connaissent pas grand chose (clin d'oeil à mon psychiatre qui a été whitelisté comme professionnel bienveillant envers les questionnements de genre et qui était tout gêné parce qu'il ne se sentait pas légitime. Une lecture de ce type lui ferait sans doute du bien).

Le glissement entre les deux oeuvres du tandem se fait subtilement dans les titres : là où le premier s'adressait à des néophytes avec un vous qui englobe la majorité, le second aide davantage à définir ce qui nous échappe avec une adresse personnelle (mon), un accent mis sur ce que la démarche a d'unique et d'imprévisible.

Parce que les exercices proposés à chaque chapitre - sept au total, définissant en premier lieu le genre et s'intéressant ensuite à des sujets vastes, comme l'intimité, le coming-out - abordent des choses différentes qui peuvent aider une personne en questionnement à mettre le doigt sur ce qui est nouveau, imprécis pour iel, j'ai trouvé que cet ouvrage était très complet.

Les auteur·ices n'oublient pas de rappeler à lea lecteur·ice d'y aller à son rythme et de prendre soin d'iel avec des petits encarts offrant un temps de méditation entre chaque chapitre. Les possibles incompréhensions, les émotions conflictuelles sont considérées avec une grande bienveillance.

Personnellement, je n'ai pas appris grand chose (je me considère comme bien stable au niveau de mon genre, qui est définitivement celui d'un mec trans) mais j'ai apprécié les informations apportées par Alex et Meg-John, agrémentées de témoignages anonymes (et j'ai appris d'où venait le pronom they anglais. Spoiler alert : il est assez ancien). Je me suis reconnu dans beaucoup de récits personnels ; pour quelqu'un qui se cherche, il est souvent important qu'iel puisse se sentir proche de personnes qui ont fait le même cheminement.

Alex et Meg-John créent un sentiment de connivence avec leur lectorat, une ambiance cosy où l'expression personnelle est libre de se déployer.

La plus grande qualité d'Unique en mon genre est la grande fluidité de sa prose informative : les auteur·ices vont au rythme des néophytes, distillant des éléments importants de la communauté queer au compte-goutte et mettant l'emphase sur la réflexion personnelle.

En cela, il complète très bien la lecture de Vous n'êtes pas binaire, parce qu'il va plus loin. Je le mettrai sans hésiter entre les mains d'un·e adolescent·e qui se pose des questions, d'un parent inquiet, d'un·e professionnel·le de santé se demandant comment mieux aider ses patient·es. Il s'agit clairement d'une lecture déculpabilisante et douce, qui prend saon lecteur·ice par la main pour lea mener dans les vastes contrées du genre, tout en rappelant que sa vision n'est pas à prendre comme parole d'évangile.

S. Bear Bergman, qui a écrit la préface, rappelle à juste titre que la transidentité a toujours existé, que les informations à son sujet ont "systématiquement et volontairement été censurées de manière assez violente".
Un tel rappel était nécessaire en début d'ouvrage, vu les questionnements que suscitent la "soudain" apparition de ces thématiques (et le ridicule "effet de mode" qui y est associé, synonyme d'embrigadement et de stupidité).

Mais comme Lou Lubie l'a si bien montré dans Et à la fin, ils meurent, avec le conte du chien dans la mer (ou même, encore plus simplement, la traduction française de 1951 de Fifi Brindacier qui a coupé de nombreux passages où l'enfant s'affirme comme un personnage féministe. La faute en incombe à une loi française qui exigeait que la littérature jeunesse ne pousse pas son lectorat au crime ou aux idées hors-normes), les contenus et les personnalités queer ont toujours existé, mais ils sont souvent tombés sous la coupe de censureurs zélés. D'où l'importance de se réapproprier cette histoire longtemps dénigrée et oubliée.

Alex et Meg-John ont donc fait un travail essentiel pour la communauté. Et encore une fois, en fournissant suffisamment d'informations pour faire taire les mauvaises langues.

Et j'ai déjà décidé de la direction que prendrait mon exemplaire lorsqu'il quittera mon foyer pour semer davantage de graines : vers les mains de l'adelphe de mon amoureuse, un·e adolescent·e qui commence tout juste son cheminement vers iel-même.

[Livre découvert grâce à l'envoi d'un service presse des Editions Améthystes. Merci beaucoup ~]




Lien : https://www.instagram.com/qu..
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