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Critique de Tachan


J'ai depuis longtemps des envies de découvertes de la littérature japonaise. J'ai découvert quelques auteurs classiques bien sûr, mais je me frotte aussi depuis quelques temps à des auteurs plus contemporains. Et avec son succès retentissant et récurrent, Takuji Ichikawa fait partie de ceux dont je voulais découvrir la plume.

Premier roman de l'auteur, Je reviendrai sous la pluie est le genre de récit semi-autobiographique qui m'attire, surtout avec un titre et une promesse pareille, car l'amoureuse du folklore japonais que je suis y a vu une de ces figures qu'on retrouve dans leurs récits fantastiques. C'est donc avec curiosité que je suis allée vers lui.

La plume est assez singulière avec sa narration à la première personne et sa manière d'interpeler le lecteur à l'aide de ces « tu » qui nous mettent à la place de la personne disparue qu'il recherche. Cela interpelle. Les phrases, tout comme les chapitres, sont également très courts. Des instantanés de vie, de brefs souvenirs, rapidement mis en lumière sous une plume où les mots semblent se bousculer pour vite sortir avant d'être oubliés. C'est tantôt plein d'émotion, tantôt un peu trop froid et factuel, mais surtout avec un phrasé et un rythmé qui m'ont interrogée et interpelée. Est-ce une volonté de l'auteur ? Un rappel aux chers haikus dont ils sont friands dans son pays ? Ou est-ce la traduction de Mathilde Bouhon ?

J'ai aimé suivre en tout cas le récit de cet homme, veuf, qui souffre encore de la perte de son femme et tente vaille que vaille d'élever son petit garçon, leur petit prince anglais, seul élément tangible qui semble lui rester au début. Les premières pages sont très émotionnelles en cela. Puis le récit bascule et l'auteur se met à se rappeler leur passé commun, leur rencontre, leur réparation, leurs retrouvailles, leur couple, l'arrivée de leur petit garçon. Pourquoi ? Parce qu'avec la pluie, le fantôme de sa femme est revenu vers lui.

C'est un récit qui se veut très sensible, très humain, avec cet homme qui tante vaille que vaille de faire son deuil. C'est également un récit qui flirte avec les frontières du réel grâce à cette présence dont on ne sait dire la tangibilité pour lui. Mais c'est elle qui le motive, par ses réminiscences, à ne pas oublier mais à avancer également et c'est touchant. Alors oui, c'est parfois un peu long, un peu redondant. J'aurais aimé une plume plus poétique et moins terre à terre pour évoquer ces souvenirs et cette transition, mais je me suis mise aussi à la place de cet homme qui n'en est pas à sa première perte et qui subit là, un peu, celle de trop.

L'auteur s'attarde énormément sur la relation passé de Takumi et sa femme. J'y ai retrouvé beaucoup d'éléments de la façon dont les auteurs japonais, notamment dans les mangas, écrivent et décrivent une relation de couples avec des passages obligés de ce quotidien qui nous semble si dépaysant à nous occidentaux. Ce n'est pas le même rythme, pas les mêmes lieux communs. Cependant cela a quelque chose d'universel et j'ai aimé retrouver cette ambiance que j'aimais déjà dans les mangas.

Je reviendrai sous la pluie fut donc une lecture émouvante où la plume avait parfois du mal à suivre, pour moi, les intention délicate et intime de l'auteur pour aider son personnage à faire son deuil. Cette plongée dans le quotidien d'un couple disparu fut douce et touchante, mais la plume un peu trop concise et froide pour moi. Ça a manqué de poésie derrière même si je sais que l'intention était ailleurs dans ce fantastique cherchant à aider un homme maladroit et endeuillé à reprendre pied et avancer. Je suis cependant très tentée d'en voir l'adaptation filmesque car elle semble apporter ce qu'il me manque d'après la bande-annonce. En revanche, on me dit qu'un manga existe : quelqu'un est-il tombé dessus ? Car je n'ai pas le souvenir de l'avoir vu passer en français…
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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