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Critique de l-ourse-bibliophile


La Maison des Épines nous propulse dans l'univers mystérieux des marcheurs de rêves, nous faisant retrouver un personnage fugitivement croisé dans Érèbe : le mime Sonho.

La Maison des Épines propose une tragédie sublime, une histoire captivante de mystères, de malédiction et de responsabilités familiales, une intrigue entre présent et passé parfaitement construite, pendant – in-dé-pen-dant ! – d'Érèbe.
Rien à redire sur la construction, la narration est menée d'une main de maître. Rozenn Illiano, au fil de son oeuvre, virevolte entre les genres et les ambiances et nous propose ici un roman gothique, entre, comme il se doit, l'Angleterre de l'époque victorienne et un vieux manoir rempli de secrets pour le décor ; elle s'approprie les codes, les mixe avec ceux de son univers et lie le tout avec une écriture fluide et travaillée qui rappellera la poésie ciselée d'Érèbe ou de Midnight City.
C'est aussi un ballet de nombreux personnages et, même si leurs interactions et leurs liens sont parfaitement retranscrits, je reconnais que, à ce niveau-là, certains, certaines, ne me laisseront pas un souvenir aussi fort que d'autres (indice : je peine déjà à me rappeler certains prénoms), que ce soit la faute à leur caractérisation, à leur rôle dans l'histoire ou à une occultation par le charisme d'autres personnages. À l'inverse, d'autres ont été des rencontres foudroyantes, de ses personnages qui s'impriment sur la rétine à travers les mots, à l'instar de Sonho, Augusta ou Ariane, mais aussi de Reine, personnage mutique mais absolument magnétique.
D'ailleurs, la force visuelle du récit ne concerne pas uniquement les personnages : Rozenn Illiano pose des scènes, des lieux, des objets avec une plume qui stimule l'imagination. Quelques mots évocateurs et précis suffisent parfois à donner vie au récit et à faire naître la fascination, face à certains numéros du cirque Beaumont, le manoir avec sa cave, son cimetière et ses prunelliers – motif récurrent dans son oeuvre car manifestations physiques du rêve –, certains épisodes finaux…

Ainsi, plus que son intrigue et ses rebondissements, c'est un roman qui me marquera avant tout pour son atmosphère onirique, emplie de beauté et de tristesse entremêlées. Il y a l'émerveillement face aux superbes numéros des circassiens qui semblent aller au-delà de ce qu'il est possible d'accomplir en vrai, et il y a le deuil, la douleur de la perte, la nostalgie, les regrets qui imprègnent les mots et le coeur d'une marée insidieuse, puis s'y joignent la peur, la menace d'un danger impalpable...
Sans parler du mythe du Minotaure, avec son labyrinthe, Ariane et ses fils, ses jeunes gens sacrifiés, qui apparaît en filigrane tout au long du récit, j'y ai trouvé des échos à d'autres oeuvres (dont certaines chères à l'autrice). le Cirque des rêves, évidemment, avec ce cirque entre rêve et réalité, ses représentations exceptionnelles, cette plongée dans une ambiance unique au cirque sitôt le portail franchi… La série Dark dont j'ai retrouvé l'ambiance sombre, les boyaux souterrains et l'idée des voyages dans le temps avec les conséquences possibles sur le présent. Mais aussi Shining : la maison (ou ce qu'elle cache) influençant ses habitants, amplifiant leurs émotions, exacerbant leurs traits de caractère, les scènes du passé et l'inconnu derrière chaque porte, un homme braillant et arpentant les couloirs d'un pas furieux comme Torrance à travers l'Overlook…

Une excellente lecture portée par un univers puissant, aussi doux et poétique qu'empreint de désespoir ; une histoire envoûtante que ce soit quand elle prend le temps de poser son cadre, ses protagonistes, de laisser grandir ses mystères, ou quand elle se déploie dans une seconde partie beaucoup plus effrénée.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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