La phrase s'organise avec ses mots de lune de courbure et d'espace. Elle s'écoule infinie dans un berceau géant.
C'est parce que passent les nuages que le temps n'est pas gris partout.
c'est parce que passent les nuages
que le temps n'est pas gris partout
c'est parce qu'ici pleuvent les phrases
que la pluie froide lave
qu'emmitouflées sous trop de couches
les mots en camisoles sombres nourrissent des appétits d'orage
Rappelle-toi l'orage et le craquement sourd du squelette de l'âge.
Que je sois là ou ailleurs
que faire ailleurs
que voir ailleurs
que donner ailleurs
aller voir ailleurs si j'y suis
j'y suis
qui suis-je ailleurs
qui suis-je ici
d'ailleurs je ne suis pas
je suis d'ici
je vis ici
sans ailleurs
sans être ailleurs
je n'y suis pas
je ne vous suis pas
êtes-vous ailleurs
êtes-vous ici
suivez-moi
allons ailleurs.
de mon écriture couchée j'allonge un peu les verticales
mais je n'utilise pas de rimes
et si j'en vois je les corrige en admettant jusqu'à leurs opposées
alitée verticale
pendant que dorment les rêveuses
pendant que ronflent les vieillards
pendant que la meuse file
l'ombre dessine
Tout ce qu'on dit qu'on a écrit
tout ce qu'on n'a jamais dit
ce qu'on n'a jamais écrit
à l'autre.
Tout ce qu'on ne dit qu'à l'autre
tout ce qu'on écrit pour l'autre
tout ce qui ne s'écrit pas
tout ce qui ne se dit pas.
Là où il n'y a plus d'herbes c'est l'endroit où se couchent les chats.