AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Movie52


Voilà un roman qui vous permettra de découvrir Joseph Incardona sous une autre facette littéraire que ses séries noires habituelles. Mélangeant les genres autobiographique et fiction, il nous entraîne dans l'année 1978 où la diaspora Italienne en Suisse vivait ses derniers moment.

Il y relate les difficultés que subissent les immigrants pour s'établir dans un pays, trouver du travail, être acceptés par la communauté. Les dommages collatéraux sur l'harmonie familiale, la scolarité des enfants, la violence raciale transforment leur vie en survie constante dans un milieu parfois hostile et indomptable.

L'histoire est celle d'un jeune Italo-Suisse, André Pastrela, alter ego de l'auteur. Fils d'un immigrant sicilien et d'une mère suisse, il n'a alors que 12 ans. Son père ayant perdu à nouveau son emploi, la famille doit derechef ! déménager, pour la Xème fois.

Alors que ses parents tentent de maintenir un certain équilibre dans une instabilité quotidienne, pour André, partir c'est synonyme de tout recommencer. Nouvelle école, nouveaux copains, nouvelles bagarres, insultes, et cetera. Un circuit fermé, gaspilleur perpétuel d'énergie dans l'espoir de s'intégrer. Toutefois, cette année a du bon. La coupe du monde en Argentine permet l'effervescence dans les quartiers pour les fans de football. Les débordements entraînés par les moeurs sportives donnent l'occasion à ses parents de faire de nouvelles rencontres, de passer du temps en famille afin de sauver ce qu'il peut encore l'être.

La coupure annuelle des vacances scolaires offre un moment de répit, un retour au pays pour se ressourcer, lieu de paix et d'expériences coquines pour notre jeune protagoniste. Il n'en reste pas moins que le passé ne se laisse pas oublier si facilement. A son retour, la dégringolade. Déchiré à la maison, déchiré dans la cité, pour André, être rital et bâtard à la fois est un poids dont il se délesterait sans contestations. Mais la réalité ne lui en offrira pas l'occasion, au contraire, cette année semble de mauvais augure et marquera au fer rouge sa vie de jeune adulte.



Extrait

« C'était l'heure de rentrer à la maison (l'heure de qui ? Pour quoi faire ? Où était ma mère, où était mon père, bordel ?). On a rangé nos affaires dans le sac de sport d'Etienne. On a décidé de revenir en patinant au lieu de marcher comme on le faisait d'habitude. La nuit était tombée, les enseignes au centre commercial fauchaient de rouge et d'or les zones d'ombres des terrains en friche. ... Tout en patinant, j'inspectais les environs, je me demandais où était la bande, ... »



J'ai choisi de citer ce passage car il démontre sans équivoque l'issue de l'errance d'un adolescent livré à lui-même par l'absence d'un entourage familiale, d'une scolarité difficile et par l'obligation d'être aux aguets sans discontinuer, près à rendre oeil pour oeil et dent pour dent à qui viendra se frotter à lui.

Alors que l'auteur traite dans son nouveau roman de sujets actuels, intéressants et qui me touchent particulièrement, l'attrait que je leur porte contraste avec l'absence de plaisir que j'ai eu en le lisant. Je trouve le style narratif peu entraînant, rendant l'histoire creuse et ordinaire pour des sujets aussi capitaux. Peut-être qu'Incardona me surprendra plus dans son roman « Derrières les panneaux il y a des hommes » sorti en 2015, mais en attendant, je maintiens mes préférences fidèles à la noirceur de sa plume.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}