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Critique de florigny


La question posée par l'un des personnages au cours de l'intrigue, est : est-ce que cette histoire aurait pu se passer ailleurs qu'en Islande, ce lopin océanique ignifugé et surgelé, de moins de 400 000 habitants, ou peut-être dans La pierre du remords conviendrait-il mieux de parler de 400 000 âmes ? Quoiqu'il en soit, à défaut de pouvoir créer, faute de crédibilité sociologique et géographique, des enquêtes criminelles de grande envergure sur cette terre modeste en superficie et en population, Arnaldur Indridason privilégie sa richesse météorologique et mémorielle en prêtant vie à des limiers dont les affaires qui leur sont confiées sont davantage des quêtes que des enquêtes. Konrad, flic retraité et veuf peu loquace, n'échappe pas à cette introspection récurrente dans l'oeuvre de l'auteur. Dans cet opus, torturé par sa mauvaise conscience et le remords, Konrad effectue en marge de la police officielle représentée par Marta, ses propres recherches après l'assassinat d'une femme à qui il a, peu avant sa mort, refusé son aide pour retrouver son enfant mis au monde et abandonné un demi-siècle plus tôt. En parallèle, Konrad – en compagnie de son amie Eyglo – se sent désormais prêt à affronter son passé familial personnel marqué dans sa jeunesse par la mort de son père, mystérieusement poignardé.


La pierre du remords est un roman d'une beauté à couper le souffle, porté comme d'habitude par le style à la fois épuré et imagé d'Arnaldur Indridason qui est ici – c'est mon avis – au sommet de son art. Une fois encore, il entraîne ses héros dans leur passé collectif ou individuel, cherchant sans relâche à rendre justice à des victimes injustement ou inexplicablement disparues. le temps est dilaté, sans aucune prise sur l'enquêteur pour qui trente années ou cinquante, écoulées depuis les faits ne signifient en rien leur prescription, ni leur effacement de la mémoire. Ce roman est tout entier dédié aux questions que tout humain devrait se poser à propos de sa finitude inéluctablement programmée parmi lesquelles l'auteur n'hésite pas à aborder par petites touches pointillistes, celle de l'au-delà. Pour évoquer ce thème délicat, il a créé le beau personnage d'Eyglo, fille de medium, émouvante dans ses doutes et sa prudence pour interpréter de menus coïncidences, bruits, odeurs ou événements du quotidien restés sans explication rationnelle, et qui n'hésite pas à se remettre en cause face à la réalité d'une vaste arnaque au spiritisme. Mais quelles que soient les intimes convictions de la croyante Eyglo et de l'agnostique Konrad, la question est bien là, lancinante, impossible à oublier : Après, qu'y a-t-il après ?


J'ai passionnément aimé l'histoire de Valborg, femme discrète dont la vie humble, s'est à son corps défendant transformée en tragédie grecque, et qui avec vaillance a enduré le poids de son secret jusqu'à son dernier souffle : une histoire ordinaire à l'extraordinaire portée !

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