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Critique de Anaisseriallectrice


Opération Napoléon est le troisième livre écrit par l'auteur islandais Arnaldur Indridason, il est paru en Islande en 1999 et vient seulement d'être édité en France, en 2015, par les éditions Métailié. Je ne sais pas pourquoi, mais j'étais persuadée que je n'allais pas accrocher à ce livre parce qu'il était ancré dans des faits historiques et que je trouve ça barbant en temps normal. J'ai donc attendu sa sortie en poche aux Editions Point la semaine dernière pour l'acheter et cloturer ainsi ma bibliographie d'Indridason. Grand bien m'a fait de l'avoir lu (mais pas de l'avoir attendu)… Je l'ai commencé hier vers 16h, je l'ai terminé dans la nuit…

L'histoire
1945 : la fin de Seconde Guerre Mondiale est proche, deux fermiers islandais voient passer au-dessus de leur ferme un avion militaire à très basse altitude, en direction des Hautes Terres islandaises, alors que se prépare une énorme tempête hivernale comme seule l'Islande en a le secret. Les frères contacteront les secouristes, car il était clair pour eux qu'au regard de l'altitude de vol, l'avion allait clairement se crasher sur le plus grand glacier d'Europe, le célèbre Vatnajökull. La tempête fait rage durant plusieurs jours, les recherches commencent et il semblerait que la neige et la glace aient complètement recouvert la carcasse de l'avion, comme s'il avait été complètement absorbé par l'immensité du glacier.
Nous voici maintenant en 1999, Kristin, une islandaise fraîchement divorcée, reçoit un appel d'Elias, son jeune frère secouriste à Reykjavik, qui l'informe qu'il part en exercices avec d'autres collègues, en plein hiver, sur le glacier du Vatnajökull. Kristin est inquiète, surtout lorsque le jeune homme lui dit qu'avec un de ses amis, ils ont décidé d'aller seuls, sans le reste du groupe, explorer le glacier avec leur nouvelle motoneige. Elias aperçoit alors au loin une carcasse d'avion, encore prise dans la glace, que le glacier en perpétuel mouvement semble avoir recraché des entrailles de la glace. Et puis des militaires, des dizaines de militaires américains qui s'approchent d'eux. Leur mission est ultra secrètre : ils doivent dégager la carlingue des glaces, héliporter les restes jusqu'à leur base à Keflavik pour faire disparaître les preuves d'un terrible secret. Quelques heures plus tard, Kristin est attaquée par deux hommes armés chez elle en plein centre de Reykjavik, l'obligeant à fuir et à se cacher pendant 4 jours. Elle apprendra qu'il est arrivé quelque chose de très grave à Elias, et se mettra en quête pour découvrir ce qu'il s'est passé, par une sombre nuit hivernale, en plein coeur de la nature hostile islandaise.

Un page-turner diabolique
Quand j'ai vu la phrase d'accroche sur le bandeau publicitaire entourant le livre « À un rythme presque digne de la série 24 Heures chrono, l'intrigue se déroule sur quatre jours seulement, Indridason multiplie les rebondissements et nous tient en haleine jusqu'à l'ultime page. » tirée du journal le Parisien, je me suis dit « ouais ouais, cause toujours tu m'intéresses le journaliste! Parce qu'on ne me l'a fait pas à moi qui ai lu toute la bibliographie de l'auteur… » Et bien force est de constater et d'avouer je me suis complètement plantée, s'il y a bien une chose à laquelle je ne m'attendais pas en commençant ce livre, c'est le rythme étouffant dans lequel Arnaldur Indridason allait me balader à travers ses 440 pages.
J'ai l'habitude de lire beaucoup de thrillers islandais, peu d'auteurs traduits en français ont échappé à mes yeux de lectrice et amoureuse de l'Islande, et c'est bien la première fois que je lis un livre islandais aussi haletant. Je vous l'avais déjà dit dans mes précédents chroniques sur Indridason, Sigurdardottir ou encore Ragnar Jonasson, que les thrillers islandais avaient une ambiance et une intrigue lente, à l'image du calme et de la quiétude qui règnent dans ce pays. Opération Napoléon déroge à cette règle, et bouscule nos certitudes de lecteurs, non seulement l'écriture est accrocheuse et on tourne avec acharnement les pages jusqu'à la dernière, mais en plus l'action est incessante, ininterrompue, on a l'impression que les personnages ne dorment pas, qu'ils sont continuellement en train de fuir les ennemis ou de poursuivre leur quête de vérité. De rebondissements en courses poursuites, nous sommes pris entre les lignes d'un style nerveux, vif, auquel on n'est peu habitués dans les polars nordiques.
Certaines scènes sont d'une violence et d'une brutalité que je ne connaissais pas à la plume d'Indridason, ce qui n'est clairement pas pour me déplaire. La mélancolie à laquelle il nous avait habitués est absente ici, il n'y a pas de moment qui nous permettrait de reprendre notre souffle dans cette intrigue époumonant.


Le pays du feu et de la glace
L'Islande, ses paysages et la rudesse de son climat, y sont décrits de manière consciencieuse par l'auteur, comme à chaque fois. J'ai retrouvé le talent qu'il a à parler de ce petit bout de caillou, aucun autre auteur islandais n'est capable de décrire aussi bien l'atmosphère de cette île et c'est ça qui m'a donné envie de la découvrir il y a 3 ans quand j'ai découvert cet auteur.
La nuit est quasi perpétuelle à la période à laquelle se déroule l'intrigue, le jour ne fait que de rares apparitions, le froid est mordant dans ce secteur inhabité de l'île, le tout crée un climat angoissant, comme si on était pris au piège nous aussi, au même titre que l'avion greffé dans la glace depuis près de cinquante ans. On imagine ce qu'endurent les personnages, on se dit que le secret doit être sacrément explosif pour que des dizaines d'hommes s'acharnent à braver les éléments cataclysmiques pour le protéger.
 
L'Histoire, avec un grand H !
N'ayez crainte, je ne dévoilerai pas ici de quoi il est question dans ce livre! de nombreuses énigmes jalonnent l'Histoire mondiale. Durant ma lecture j'ai émis bien des hypothèses, et une de celles que j'avais en tête s'est révélée être la bonne. L'ouvrage est largement documenté, on y retrouve de nombreux détails en lien avec la Seconde Guerre Mondiale, sans jamais alourdir le récit et nous ennuyer. Je n'aime vraiment pas (du tout) les thrillers historiques, parce que l'Histoire et moi, ça a toujours fait deux, et parce que j'aime les livres qui se passent à notre époque, mais Indridason a le don de ne pas rendre ça pénible ou ennuyeux à lire.
L'auteur reviendra longuement sur le fait que l'armée américaine avait installé durant la guerre, une base dans le pays, histoire d'avoir un oeil sur les sous-marins potentiellement ennemis et les pays alentours. Il y décrit le climat hostile qui s'est installé entre ceux qu'il appelle les Yankees, qui ne sont à ses yeux que des envahisseurs venus perturber la quiétude de ce petit pays sans armée, et la population islandaise pacifique et isolée du reste de l'Europe. C'est un thème qui est souvent abordé par l'auteur, lui qui aime ancrer dans ses fictions dans un contexte social et historique.

Le mot de la fin
On ne va pas dire que j'ai accroché à ce livre, non… J'ai été complètement aimantée! Et n'allez pas me dire que je ne suis pas objective car c'est islandais et que j'aime tout ce qui est en lien avec ce pays (ah ah ), j'ai déjà détesté certains thrillers venus de la terre de feu et de glace et les deux derniers livres d'Indridason m'ont laissée un peu sur ma faim.
Lien : https://anaisseriallectrice...
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