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Critique de Pando


Pando
17 septembre 2022
La Cantatrice chauve est la première vraie pièce de théâtre à succès d'Eugène Ionesco, maître de l'absurde, écrite en 1950.

Pour mieux comprendre le contexte de cette pièce, il faut d'abord savoir que pour l'écrire, Ionesco s'est inspiré de l'Anglais sans peine, le manuel qu'il utilisait pour apprendre l'anglais avec la méthode Assimil.

En effet, il trouvait fort amusant le fait que le livre mette en scène un couple de personnages récurrents, les Smith, leur bonne Mary ainsi que leurs amis, tout en leur faisant dire des phrases servant d'exercices grammaticaux, mais qui n'auraient aucun sens dans une vraie conversation.

C'est ainsi que Ionesco construisit ce qu'il appelait une "anti-pièce", souhaitant prendre à contre-pied toutes les règles du théâtre classique et ouvrant la voie, ce faisant, au théâtre de l'absurde qui fera son succès : lorsque l'horloge sonne dix-sept (!) coups, M. Smith s'exclame "Ah! Il est neuf heures !" ; on sonne plusieurs fois à la porte, mais à chaque fois il n'y a personne ! Lorsque le capitaine des pompiers prend congé des autres convives, il s'excuse en prédisant un incendie qui n'est pas encore arrivé...

Pièce chaotique dans laquelle il règne un non-sens permanent, il faut aussi savoir que celle-ci fut construite en partie "ad hoc" en  collaboration avec la troupe de Nicolas Bataille, qui fut le premier à accepter de la mettre en scène. Si bien que dans la version originale, l'auteur devait apparaître sur scène et crier "Tas de coquins, j'aurai vous peaux !" avant que le rideau ne se baisse !

La pièce changea de fin à plusieurs reprises, et même son titre final ne serait que le fruit d'une pure coïncidence : un acteur en répétition s'étant trompé aurait prononcé "cantatrice chauve" plutôt qu' "institutrice blonde". L'auteur aurait alors sauté sur le terme, réjoui de trouver un titre qui n'a pas plus de sens que le reste de la pièce.

Par tout un jeu de langage déformé et d'évènements qui n'ont ni queue ni tête, ce qui a valu à cette pièce de devenir un classique, c'est la capacité de l'auteur à jouer avec les répétitions, les allitérations, et le non-sens, afin de créer du comique de l'absurde.

Si elle n'est pas aussi politique ou poétique que les pièces suivantes d'Ionesco - ce dernier l'a même qualifiée de "jeu gratuit", sans enjeu ni réel propos - La cantatrice chauve reste un grand classique dont le succès sur scène ne s'est jamais démenti et qui reste une très bonne porte d'entrée vers l'univers du théâtre de l'absurde grâce à son humour décapant.
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