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Critique de bdelhausse


A titre personnel, j'adore les polars US où on est à l'os... le genre de roman ("de gare", disait-on avant, quand on lisait dans les gares...) où on ne se focalise que sur le nécessaire et où on se débarrasse du superflu. Oust la littérature au kilo... pas de ça chez William Irish.

Un jour le monde d'Alberta Murray bascule... Elle découvre que son mari est infidèle, qu'il projette de partir avec sa maîtresse, Mia Mercer une sorte d'allumeuse à la cuisse soyeuse et accueillante, avec en prime le fait qu'elle est assassinée et que son mari Kirk est le principal suspect. Pire... il est condamné à la chaise électrique. Alberta, en femme amoureuse, déterminée, forte et opiniâtre dispose de 2 mois pour prouver l'innocence de son mari, à laquelle elle croit fermement. Pour tous indices, elle dispose d'une pochette d'alumettes monogrammées d'un M, et du carnet d'adresses de Mia Mercer. Outre son mari, Alberta y trouve 4 autres "M"... Elle va donc incarner 4 femmes différentes afin de se rapprocher de ces 4 hommes et de trouver le coupable.

On le voit, on trace, c'est du William Irish... Soit dit en passant, on a un peu la même mécanique que dans La mariée était en noir, publié trois ans avant L'ange noir. On note aussi qu'Iris n'évoque à aucun moment la guerre dans ce roman.

Alberta se livre à un périlleux exercice d'infiltration auprès des 4 hommes, coupables potentiels. Elle va donc devoir s'adapter à 4 univers distincts... tout commeIrish va -avec sa plume ou sa machine à écrire- décrire 4 mondes distincts. Exercice de style pour l'auteur, dont il se tire avec brio.

On aura tour à tour un dépressif amoureux, un médecin dealer, un dandy séduisant et un mafieux méfiant... le premier épisode est expédié rapidement. le deuxième exige d'Alberta qu'elle se transforme en ramasseuse d'argent. Elle tombe amoureuse du troisième. Et le quatrième va tout faire pour l'épouser. A cette galerie de portraits s'ajoute l'inspecteur Flood toujours là quand il le faut. Irish semble avoir une faible opinion de la justice, mais une bonne opinion de la police.

Irish nous dresse surtout un portrait de femme. Irish aime son héroïne. Il dépeint une femme déterminée, blessée mais combative. Une femme amoureuse, qui pardonne, et qui peut avoir l'air d'une cruche si on s'en tient au fait qu'elle est enamourée au point d'en oublier l'infidélité de son mari... Il faut aller au-delà des apparences et Irish réserve aux lecteurs qui pensent cela un final très particulier où on voit apparaître un bleu à l'âme d'Alberta. C'est très intelligemment amené. Je n'en dis pas davantage.

On est dans un roman très représentatif du polar US des années 40-50. D'ailleurs, il a été adapté à l'écran en 1946, avec quelques modifications majeures. A part Peter Lorre, aucun nom particulièrement retentissant au menu.

Donc, le style Irish, comme celui D Hammett, de Goodis, de Thompson, est de supprimer le superflu. Pas de latte machiato au parfum de noisettes... pas de vie sociale en dehors du seul récit. On est à l'os. Ce n'est pas la veine scandinave de thrillers sociaux. Au final, on a un polar (pas vraiment un roman noir, en ce qui me concerne) tout à fait correct, avec un final très rythmé et dynamique.
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