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Critique de gabb


Il était un petit homme (♪ pirouette-cacahuète ♫) qui s'apppelait Owen Meany.
1,52 mètre, une petite voix nasale identifiable entre toutes, aussi fluette que dérangeante, l'air à 11 ans de n'en avoir que 6, une foi solidement chevillée au corps et un destin hors du commun.
Il était un autre garçon, John Wheelwright, qui grandit aux côtés d'Owen dans la Nouvelle-Angleterre des années 50, qui fit avec lui son catéchisme, et qui se trouva si profondément marqué par cette relation qu'il nous livre ici - sous la plume d'Irving - un récit dense et foisonnant de plus de 700 pages sur leur longue amitié, en forme d'hommage posthume à cette demi-portion "beaucoup trop bien pour ce monde pourri."

Nous sommes en 1987 quand John - exilé au Canada depuis la guerre du Vietnam pour échapper à la boucherie et désormais professeur de lettres à Toronto - entame son témoignage. Il y mêle souvenirs d'enfance cocasses, épisodes d'adolescence tragi-comiques, questions religieuses sur les différentes églises et les subtilités de chaque culte, ou encore réflexions politiques sur le gouvernement Reagan des années 80, et plus globalement sur la politique étrangère des Etats-Unis depuis le terrible conflit vietnamien.
En ce qui me concerne, j'ai préféré les récits de jeunesse, pleins de drôlerie (voir entre autres l'évocation de la crèche vivante du Noël 1953 !) et de nostalgie, aux observations plus "contemporaines" sur les maux de la société américaine.
Au final, je reste une fois encore admiratif devant John Irving, qui bâtit là un univers aux mille facettes, à la fois très ancré dans la réalité historique de son pays ... et dans le même temps subtilement décalé, fantasmé et rocambolesque, qui bien souvent flirte avec la plus jouissive invraissemblance.

Et puis quel incroyable personnage que cet Owen Meany ! Quel aplomb, quel caractère, quelle aura pour un être d'une si extraordinaire petitesse, quel magistral écho pour cette "voix de fausset étranglée" et quelle détermination pour mener à bien la mission quasi-christique qu'il est sûr de s'être vu attribuée par le Tout Puissant !
Rien d'étonnant à ce que notre narrateur soit tombé sous le charme de ce poids plume ébouriffant, et qu'il endosse finalement le rôle de l'apôtre (épiscopalien, anglican, congrégationiste ou catholique ? qu'importe !) chargé de répandre la bonne parole d'Owen Meany.
"L'être le plus petit qu'il n'ait jamais connu" fut paradoxalement celui qui compta le plus.

Avec son style toujours original et joyeusement délié, John Irving nous propose donc là une bien belle prière, qui certes s'éloigne parfois un peu des canons théologiques traditionnels, mais qui m'a amplement régalé et qui nous rappelle, si besoin était, qu'on a toujours besoin d'un plus petit que soi !
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