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Critique de domi_troizarsouilles


Un petit livre dans la plus pure lignée de la « Guerre des clans », d'ailleurs il est indiqué d'emblée (sur le 4e de couverture) que l'autrice fait partie du groupe de co-auteurs Erin Hunter, qui a créé ladite Guerre. Mais ici, au lieu d'être au milieu de chats sauvages (les seuls que j'aie lus d'Erin Hunter, et uniquement le 1er cycle), ici on se retrouve au milieu de renards, qui sont aussi, plus encore que les chats de la Guerre des clans, pourvus de vagues pouvoirs fantastiques, qui sont restés « Foxcraft » en français aussi - c'est clair que « la ruse (ou l'art) des renards », ça faisait tout de suite moins ésotérique !

Ces pouvoirs sont évoqués, quelques-uns sont peu à peu montrés au lecteur, mais comme dans tout bon tome 1, on ne va guère en profondeur, on les présente en les effleurant à peine, pour mieux laisser entendre qu'ils seront développés « plus tard »… comme tout le reste de l'intrigue d'ailleurs : qui est exactement Siffrin qui va tant aider Isla malgré un passé trouble dont il ne veut rien dire ? Que va devenir le grand loup Farraclaw qui intervient relativement peu mais qu'on devine avoir une importance qui n'est pas encore dite ? Et surtout, qu'en est-il du frère d'Isla, le fameux Pirie que tout le monde semble chercher plus ou moins désespérément pour des motifs divers ? Toutes ces questions sont posées, et pour toutes on trouve peu à peu quelques indices, mais bien entendu rien n'est résolu en aucune façon !

A part ça, le point de vue d'une jeune renarde est intéressant et bien rendu, de façon très réaliste et facilement identifiable, entre sa peur des fameux « peaux-nues » (que le synopsis présente assez bizarrement comme des « sans-fourrures », nom qui, sauf erreur de ma part, n'apparaît pas une seule fois dans le livre même, on y parle bien – et uniquement - de « peaux-nues » !) ou de leurs « broyeurs » aux yeux aveuglants qui parcourent inlassablement les routes appelées, sans surprise, « rivières ». Car cette jeune renarde vit bel et bien en ville, ou du moins à la lisière des faubourgs, mais n'est plus tout à fait sauvage. Ainsi, elle vit en marge de cette société humaine, se mettant plus qu'à son tour dans des situations dangereuses, comme on peut les imaginer ! Je me les représente plus que jamais, à vrai dire, car bien que j'habite en pleine ville, capitale même ; or, le confinement de l'année passée a rendu plusieurs animaux sauvages plus téméraires, et nous avons croisé à plusieurs reprises… un (magnifique) renard ! en plein milieu du jardin partagé de l'immeuble !

Bref, c'est un livre agréable, qui présente des personnages sympathique même s'ils sont relativement peu analysés. Clairement, on est dans un livre jeunesse, et pour de grands enfants ou jeunes préados pas trop regardants à une analyse fine des personnages (Isla est d'emblée une héroïne un brin colérique, mais ça ne va jamais beaucoup plus loin) et qui se laisseront emporter par une succession de rebondissements assez soutenue : comme Isla, le lecteur n'a pas trop le temps de souffler, et enchaîne les pages avec une certaine impatience.

En revanche, pour un adulte plus difficile, une éventuelle lecture à un 2nd niveau (comme c'est parfois le cas dans ce type de littérature) est plus ambiguë, et pour moi assez peu convaincante. On peut y voir une certaine critique de notre façon de nous comporter envers la vie sauvage : il y a une indéniable dénonciation des zoos, ou comment nous, ces fameux peaux-nues, pouvons nous amuser à aller regarder des animaux sauvages enfermés ? éternel débat dans lequel les partisans de la liberté à tout prix s'opposent systématiquement à ceux qui y voient davantage une préservation ultime de tant d'espèces menacées. Et bien sûr, pour en revenir aux renards, on dénonce également les campagnes systématiques de ramassage de la « vermine » et leur euthanasie au fur et à mesure. Pour ce qui est de la dernière, je ne suis pas certaine que de telles campagnes existent encore par chez moi, je me suis sentie bien peu interpelée… Quant aux zoos, je fais indéniablement partie de ceux qui se réjouissent des multiples naissances de bébés pandas enregistrées à Pairi Daïza (« zoo » que j'adore ! d'ailleurs je suis abonnée…), assurant ainsi une reproduction, autrement très compliquée à l'état sauvage, et avec la promesse d'une réintroduction dans leur habitat naturel ! même s'il est clair que, malgré l'espace et la qualité des soins qui sont donnés à ces « prisonniers », rien ne vaut la liberté, du moins quand elle est possible avec suffisamment de pérennité.

Quoi qu'il en soit, l'impression générale laissée par ce livre est qu'on reste constamment dans une certaine superficialité : l'évocation des pouvoirs réels de cette fameuse « foxcraft » est trop vague, le personnage de Siffrin est trop équivoque pour qu'on sache si on peut s'y attacher ou s'il est vraiment détestable, le caractère d'Isla n'est pas assez approfondi… C'est l'action qui est primordiale et qui fait tourner les pages, mais ce n'est pas tout à fait suffisant, et j'hésite à entamer le tome 2 – que j'ai acheté mais, même si j'ai envie d'en savoir plus, je crains tout autant qu'on reste dans ce ton qui en dit un peu mais pas assez ! Or, si c'est tout juste acceptable pour un tome 1, ça risque de devenir frustrant si ça perdure !
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