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Critique de Arakasi


Dans un village médiéval de grottes et de tunnels, vivent deux vieillards bretons. Malgré leur misère et le mépris des autres villageois, Axl et Béatrice sont heureux ou presque : depuis des décennies, ils s'adorent d'un amour profond et ne pourraient imaginer une existence séparés. Pourtant, si on leur demandait les origines de leur amour, leur première rencontre, leur premier baiser, ils seraient incapable de répondre. Les prémices et le déroulement de leur histoire se perdent dans la brume de l'oubli, comme c'est le cas pour chacun des habitants du village. Un jour, Axl se réveille avec une certitude : ils ont eu un fils. Mais où est cet enfant ? Il est parti surement, mais quand est-il parti et pourquoi ? Lourds de ces questions, Axl et Béatrice quittent le village et prennent la route pour retrouver leur fils et finir tranquillement leurs vies à ses côtés. Dans leur périple, ils croiseront quelques voyageurs : le guerrier saxon Wistan, Edwin un enfant marqué par les fées, le chevalier Gauvain qui fut jadis le neveu du grand roi Arthur… Tous semblent désireux de dénicher le repère de la dragonne Querig. Mais est-ce pour la tuer ou lui porter secours ?

Au premier abord, c'est la séduction de la légende arthurienne qui m'a attirée vers “Le géant enfoui” de Kazuo Ishiguro. La présence de cette légende reste pourtant discrète, sans être anecdotique pour autant. Elle sert de cadre à un récit très contemplatif, vaste métaphore filée sur les thèmes de la vieillesse, de l'amour, de la haine et de la mémoire. Les amateurs de fantasy pure et dure pourront donc être déçus et déroutés, mais les autres se laisseront peut-être fasciner par le rythme lent, presque hypnotique, de ce curieux conte de fée, moitié conte philosophique, moitié récit fantastique. L'idée de l'amnésie collective, s'étendant à l'échelle de tout un pays, est fascinante et son explication - qui surviendra, rassurez-vous, avant la fin du récit - est extrêmement bien trouvée. J'aime aussi les personnages, leur caractérisation nuancée et toute en ombres et lumières, et la poésie mélancolique de l'écriture d'Ishiguro. La toute fin, d'une tristesse infinie, laisse une marque durable à l'esprit. C'est le second roman d'Ishiguro que je lis cette année et je constate que cet auteur respire décidément la joie de vivre...
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