AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Perlaa


« Habiter son rôle » tel est le devoir de Stevens, le majordome de Lord Darlington.
Lors d'un voyage pour retrouver Miss Kenton, autrefois gouvernante du château, au détour des chemins, Steven déroule le fil de sa vie. Tout le roman est construit sur ce procédé de retours en arrière depuis l'entre-deux-guerres jusqu'aux simples anecdotes survenues la veille. Une mise à distance qui colle en tout point aux choix personnels de Stevens. le roman baigne totalement dans ce retrait tant dans la vision du monde de Stevens que sur le plan formel. L'instant ne vaut que par la maîtrise et le recul que l'on a pu acquérir sur soi.
La responsabilité dirait-on aujourd'hui, le sens du devoir, donne sens à la vie de Stevens. Et pourtant elle irrite autant qu'elle force l'admiration. Elle s'accompagne d'un aveuglement volontaire et de lâcheté. Il aura négligé son père en fin de vie, ignoré les avances de Miss Kenton, accepté le renvoi des 2 femmes de chambre juives, fermé les yeux et justifié les dérives de Lord Darlington.
Le majordome est un homme qui aura toujours fait passer la loyauté avant sa propre vie. Un enfermement dans un carcan, un renoncement de soi que l'on ne peut comprendre.
La Seconde Guerre mondiale, les changements sociaux induits vont percuter les anciennes valeurs de dignité. Les idéaux de son pays corseté dans ses traditions sont ébranlés par la brutalité des nouveaux rapports de force.
Après le départ de Lord Darlington, au tournant de sa vie, lors de ce voyage rédempteur, Stevens ressent un malaise. Il entrevoit la nécessité d'une certaine légèreté, d'un lâcher-prise salutaire.
Rédigé à la première personne l'honnêteté de cette confession, l'art de la rédaction, la subtilité de l'introspection, la qualité des émotions nous emportent du début à la fin.
Un beau roman nostalgique et douloureux sur un personnage passé à côté de sa vie.

Commenter  J’apprécie          301



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}